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samedi 22 septembre 2012

L'école marocaine est nulle selon Tel Quel, l'alphabétisation progresse, selon la MAP


Education. Pourquoi l’école marocaine est nulle

  • Par : Jules Crétois, Tel Quel, 20/9/2012
Education. Pourquoi l’école marocaine est nulle
(Aicpress)
Le roi l’a reconnu himself : l’enseignement est en faillite. Programmes, méthodes pédagogiques, infrastructures… rien ne va dans le système scolaire marocain. État des lieux.
Difficile de comprendre “ce qui cloche” en matière d’éducation nationale. Du côté des moyens matériels, le secteur engloutit beaucoup d’argent : environ 6% du PIB et plus de 27% du budget de l’Etat. Mais malgré ces larges concessions, le Maroc reste bien en dessous des pays voisins : les Tunisiens déboursent 76 500 dirhams par élève et par an, alors que chez nous, l’État ne mise pas plus de 46 750 dirhams. Et bien que de nettes progressions aient été enregistrées ces dernières années, notamment dans la lutte contre l’analphabétisme et pour la scolarisation des filles, les rapports internationaux —tels que ceux de la Banque Mondiale ou de l’Unesco— restent systématiquement alarmistes. Chaque année, près de 300 000 enfants quittent l’école avant l’heure, sans avoir eu le temps d’assimiler les acquis fondamentaux. D’ailleurs, certains citoyens ignorent même que l’école est obligatoire jusqu’à l’âge de 15 ans (depuis 2002). Devant ce désastre, de plus en plus, les critiques à l’encontre du système éducatif ne concernent plus les moyens seulement, mais plutôt les approches, les réflexions et la pédagogie.

Bonnet d’âne
“Qualité” : ce mot est revenu plusieurs fois dans le discours de Mohammed VI le 20 août dernier. Il semble qu’au-delà de la chiffraille, c’est le contenu même de l’enseignement qui pose problème. “De nombreux enseignants des grandes écoles étrangères comme Sciences Po ou HEC nous rapportent que les élèves marocains issus de l’enseignement public manquent parfois de sens critique et d’ouverture d’esprit, bien qu’ils aient par ailleurs d’excellents résultats et de grosses capacités d’apprentissage”, confie une source au ministère de l’Education nationale. Qui ajoute : “La plupart de ceux qui se présentent aux concours pour devenir enseignants sont issus d’universités où ils ont étudié le droit islamique, une matière rigide, sévère, dont la caractéristique principale n’est pas vraiment l’ouverture d’esprit. Ils reproduisent donc des logiques qui consistent à apprendre sans réfléchir, à absorber et mémoriser sans jamais mettre en relief, ni comparer ou remettre en question.” Résultat, selon Moulay Ismaïl Alaoui, ancien ministre de l’Education et figure du PPS, “on fabrique des têtes bien remplies à défaut de produire des têtes bien faites.” Ce qui souligne qu’il y a de grosses lacunes au niveau de la formation des enseignants. Cette institutrice de Rabat se montre d’ailleurs très claire à ce propos : “J’enseigne depuis 1987 et je n’ai jamais eu accès à la formation permanente. Honnêtement, je sais très bien que je ne suis plus à la page en matière de pédagogie.” De son côté, un fonctionnaire du ministère de l’Education, qui tient à rester anonyme, concède : “Nous sommes sur tous les fronts, nous gérons trop de dossiers et nous n’avons pas le temps de prendre du recul. Il faudrait, par exemple, externaliser la gestion des cantines ou du transport pour pouvoir se pencher plus en avant sur les programmes et la pédagogie.” Et les manuels, eux aussi, sont sous le feu de la critique : “Les livres sont vieillots, tristes, parfois rétrogrades, et ne correspondent sûrement pas à des enfants nés au 21ème siècle. Même moi, ils m’effraient !”, assène notre institutrice rbatie.

Aïe ma langue
Autre problème auquel se heurte l’école marocaine, la langue d’apprentissage. Certains des étudiants et lycéens qui ont manifesté durant le mois d’août 2012 ont soulevé cette question. Ils se sont également plaints du décalage constant entre le français et l’arabe, l’un étant plus valorisé que l’autre, et des difficultés pour changer de langue d’apprentissage en fonction des niveaux et des voies choisies une fois arrivés aux études supérieures. Sans oublier, selon certains spécialistes, que même l’apprentissage de la langue nationale n’est pas idoine dans les étblissements publics. Selon eux, pour une meilleure assimilation de l’arabe littéraire, il faudrait plutôt avoir recours à des manuels et des cours en dialecte marocain. “J’utilise de moins en moins les manuels d’arabe et je parle avec mes élèves en darija, pour leur apprendre le littéraire. Sinon, ça ne rentre pas. L’arabe littéraire reste tout bonnement une langue étrangère pour eux”, nous raconte cette enseignante d’arabe en primaire. Moulay Ismaïl Alaoui, lui, soutient que si les enfants étaient bien entourés, ils n’auraient aucun mal à apprendre l’arabe littéraire, l’amazigh et une langue en plus, l’espagnol ou le français par exemple. Pour lui, tout est question de méthode.

Fracture socio-spatiale
C’est la raison pour laquelle de nombreux parents choisissent de fuir le système public, aux méthodes “désuètes”, et inscrivent leurs bambins dans des écoles privées. Pour faire face à cette demande grandissante, de nombreux établissements privés sont créés chaque année : on compte à présent quelque 1800 institutions, encadrant près de 500 000 enfants. Ce qui fait de ce secteur une véritable mine d’or. D’ailleurs, des milliers de profs du public n’hésitent pas à enseigner en parallèle dans le privé. Cette pratique est si répandue que le ministre de l’Education nationale, Mohamed El Ouafa, a menacé récemment d’interdire aux enseignants fonctionnaires d’effectuer des heures supplémentaires dans le privé. Car, aux yeux des administrateurs et des spécialistes, ce cumul d’heures se fait forcément au détriment des élèves du public, qui reçoivent alors un enseignement de moins bonne qualité. Cette institutrice dans une école primaire publique, très militante, accuse : “Nombreux sont mes collègues à travailler en parallèle dans le privé, et comme les parents y sont forcément plus exigeants, ils passent bien plus de temps à préparer les cours destinés aux élèves du privé”. D’autre part, malgré lui, le privé accentue cette fracture que Moulay Ismaïl Alaoui qualifie de “socio-spatiale”, puisque tout le monde n’a pas les moyens de mettre ses enfants dans une école privée. D’autant que la qualité de l’enseignement délivré est très différente d’un quartier à un autre. Une étude récente a souligné ces décalages. Moulay Ismaïl Alaoui, encore sidéré par sa lecture, relève : “Des écoles du quartier Agdal de Rabat sont au même niveau que des écoles japonaises, tandis que d’autres du quartier Yakoub El Mansour équivalaient à des écoles yéménites.” Une enseignante se plaint : “Je travaille dans un quartier populaire de Casablanca et j’ai jusqu’à 48 élèves par classe. Des collègues qui sont dans des quartiers plus huppés ne vivent pas ces conditions de travail.” Une carte scolaire inégale, un manque de structures dans certaines zones très habitées créent un système scolaire “à deux vitesses”, où tous les enfants ne partent pas sur un pied d’égalité…

Monde rural. Le parent pauvre de l’éducation
En plus de souffrir de manques de structures et d’équipements au niveau (en 2008, 80% des écoles rurales ne disposaient toujours pas de sanitaires et 75% n’avaient pas d’eau potable selon le rapport du Conseil supérieur de l’enseignement), les écoles du monde rural pâtissent de décisions prises par des administrations qui ne tiennent pas compte des réalités du terrain. Le phénomène grave de l’abandon scolaire s’explique bien souvent parce que les enfants participent à la vie économique (travail aux champs ou encore cueillette). Pour Moulay Ismaïl Alaoui, c’est aux institutions de prendre en compte cette donne et d’adapter les horaires et les dates de vacances pour qu’elles répondent à celles de l’économie locale. Il précise : “Pourquoi maintenir le jour de relâche le dimanche dans des villages où la vie s’organise autour du souk hebdomadaire qui a parfois lieu en semaine ?” Idem pour la prise en compte des trajets des enfants : “Comment exiger à un bambin de marcher une heure à pieds, à sept heures du matin en plein hiver pour assister au cours de huit heures ?”, questionne Alaoui. Le constat est clair : ce qui peut fonctionner en zone urbaine ne s’applique pas forcément en zone rurale.

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Prix UNESCO au Maroc pour l’alphabétisation

Une reconnaissance de la justesse de la vision royale

Le Prix UNESCO d’alphabétisation décerné au Maroc jeudi à Paris est «une reconnaissance internationale de la justesse de la vision royale» en matière d’éducation, a affirmé l’ambassadrice déléguée permanente du Royaume auprès de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), Zohour Alaoui.
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Zohour Alaoui.
Ce Prix est un événement important, car il signifie une reconnaissance internationale de la justesse de la vision royale pour ce qui concerne l’éducation, notamment la lutte contre l’analphabétisme dans notre pays, a-t-elle souligné dans une déclaration à la MAP en marge de la cérémonie de remise de ce Prix annuel de l’UNESCO, attribué à l’occasion de la journée internationale de l’alphabétisation (8 septembre). L’organisation a attribué une mention honorable du Prix Confucius-UNESCO d’alphabétisation au titre de l’année 2012 à la Direction de la lutte contre l’analphabétisme (ministère de l’Éducation nationale) pour son programme d’alphabétisation et de post-alphabétisation et sa contribution à l’autonomisation des femmes au Maroc.
Cette récompense «représente également une reconnaissance de la volonté royale d’améliorer la condition des femmes au Maroc qui ne saurait être possible sans l’accès à l’éducation et à l’enseignement», a relevé la diplomate marocaine qui se félicite que le Royaume soit le seul pays arabe à être distingué cette année par l’UNESCO, grâce aux efforts et aux progrès réalisés en la matière, sous la conduite de S.M. le Roi Mohammed VI.
D’ailleurs, rappelle-t-elle, «c’est à juste titre que S.M. le Roi
Mohammed VI a consacré l’essentiel de Son Discours du 20 août à la question de l’éducation et de l’enseignement».

Reconnaissance
De son côté, le directeur de la lutte contre l’analphabétisme, El Habib Nadir, s’est félicité de la reconnaissance par les membres du Jury des résultats obtenus, aussi bien sur le plan quantitatif que qualitatif, dans le cadre du programme d’alphabétisation et de post-alphabétisation supervisé par sa direction. «Ceci ne peut que nous réconforter dans notre action quotidienne et nous encourager à davantage d’efforts pour relever les défis qui restent encore dans le domaine de l’alphabétisation», a-t-il affirmé, ému après avoir reçu le Prix des mains de la directrice générale de l’UNESCO, Irina Bokova.
Présidé par l’universitaire burkinabé, Norbert Nikièma, le jury international de l’édition 2012 du Prix Confucius-UNESCO a vivement reconnu le programme pour son impact fort sur la réduction des taux d’analphabétisme dans le pays et pour sa contribution à l’intégration socio-économique des femmes. Ces résultats, salués ainsi par la communauté internationale, sont également le fruit d’un fructueux appui de partenaires techniques et financiers, notamment l’aide financière fournie par l’Union européenne depuis 2008 et l’accompagnement technique assuré par l’UNESCO par le biais de son Bureau Multipays à Rabat, dans le cadre de l’Initiative LIFE. Grâce aux efforts déployés par les différents intervenants dans ce domaine (ONG, ministères, privé...), le taux d’analphabétisme de la population âgée de plus de 10 ans a été ramené de 43% en 2004 à près de 30% en 2011, selon la Direction de la lutte contre l’analphabétisme.

Encouragement
De même, le nombre de bénéficiaires augmente année après année pour atteindre 732 000 personnes au titre de 2011-2012, un chiffre record jamais atteint, portant ainsi le cumul des bénéficiaires des programmes d’alphabétisation pendant les 10 dernières années à plus de 6 millions de personnes. En outre, sur les 732 000 bénéficiaires des programmes d’alphabétisation, près de 380 000 (52%) l’ont été grâce à l’effort de plus d’un millier d’ONG et associations.
Les ministères et établissements publics tels que les Habous et affaires islamiques, l’Éducation nationale, l’Entraide nationale, l’Agence de partenariat pour le progrès, la Jeunesse, l’Agriculture, la pêche maritime, l’Artisanat, les collectivités locales et l’INDH, ont totalisé plus de 350 000 bénéficiaires (48%). Les femmes représentent plus de 80% des bénéficiaires et 49% des bénéficiaires sont issus du milieu rural. Les cours d’alphabétisation ont été encadrés par près de 18 000 formateurs/alphabétiseurs dans plus de 16 700 centres d’alphabétisation, dont plus de 8 700 en milieu rural.


Appel à déployer davantage d’efforts

Créé en 2005 à la faveur d’un financement de la République populaire de Chine, le Prix Confucius UNESCO d’alphabétisation récompense les projets particulièrement remarquables réalisés à l’initiative de personnes, de gouvernements ou d’institutions gouvernementales et d’organisations non gouvernementales (ONG) dans le domaine de l’alphabétisation des adultes et des jeunes déscolarisés en milieu rural. Il valorise en particulier les projets ciblant les femmes et les filles. Chaque année, à l’occasion de la Journée internationale de l’alphabétisation (8 septembre), l’UNESCO attribue des Prix internationaux d’alphabétisation à des établissements, organisations et personnes qui, par leurs efforts, contribuent à la promotion de sociétés alphabétisées et dynamiques.
Soucieuse de soutenir des politiques et des programmes d’alphabétisation «efficaces», l’Organisation onusienne rend hommage, à travers cette initiative, à «l’excellence et à l’innovation à travers le monde dans le domaine de l’alphabétisation».
«L’éducation apporte la durabilité à tous les objectifs de développement et l’alphabétisation est le fondement de tout apprentissage. Elle fournit aux individus les compétences nécessaires pour mieux comprendre et former le monde. Elle permet également aux individus de participer au processus démocratique, leur donne une voix et renforce leur identité culturelle», a souligné la DG de l’UNESCO dans son message à cette occasion.
Alors que cette année marque la fin de la décennie des Nations unies pour l’alphabétisation, proclamée en 2002 afin de mobiliser les gouvernements du monde entier dans la lutte contre l’analphabétisme, Mme Bokova déplore qu’«au cours de la décennie, et en dépit des efforts considérables et quelques grandes réalisations, 775 millions de personnes sont toujours considérées comme analphabètes et 85% d’entre elles vivent dans 41 pays».
«Ces chiffres sont bien en deçà des objectifs de l’Éducation pour tous (EPT) établis en 2000, qui visaient une amélioration de 50% des niveaux d’alphabétisation dans le monde d’ici 2015», constate-t-elle, en encourageant les gouvernements à déployer davantage d’efforts.

Publié le : 7 Septembre 2012 - MAP


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