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mardi 14 août 2012

Le journaliste marocain Ali Lmrabet a été agressé ce soir à Tetouan

 
Communiqué numéro 5 du "Mouvement du 20 février pour la Suisse"
par Salah Elayoubi, Lausanne, 13/8/2012
Monsieur Ali Lmrabet a été victime d'une agression ignoble dans la nuit du samedi à dimanche à Tétouan, cette ville située dans le nord du Maroc et où il réside.
Le journaliste a, sans aucune raison, été proprement rossé, puis jeté à terre par des policiers avant que ceux-ci ne le délestent de son argent et de sa carte d'identité nationale, brisant au passage son téléphone portable. La scène qui s'est déroulée devant des dizaines de témoins, sans que quiconque n'ait osé intervenir, compte tenu du fait qu'il s'agissait de policiers, dans l'exercice de leurs fonctions.
cet incident trouve sans doute son origine la nuit précédente, lorsque Monsieur Lmrabet qui avait fait l'objet d'un harcèlement à son domicile, jusqu'à une heure fort avancée de la nuit, de la part d'un inconnu sous un prétexte futile, s'était rendu au commissariat,où les policiers ont feint des problèmes d'imprimante,  pour ne pas avoir à exciper d'une copie du procès-verbal de la plainte pour agression, qu'il venait de déposer devant eux.
Après avoir jeté Monsieur Lmrabet en prison pour délit d'opinion et privé celui-ci de son gagne-pain en le condamnant à une interdiction de l'exercice de son métier,  pendant dix ans, le régime qui ne supporte pas de le voir continuer à informer ses semblables et dénoncer ses errements, par le moyen de la presse électronique, s'en prend, à présent, à lui physiquement, afin de l'intimider.
"Le mouvement du 20 février pour la Suisse" dénonce vivement le procédé et exprime son entière solidarité, son amitié et son admiration pour le courageux combat que mène ce journaliste pour un Maroc démocratique.
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Par Jamila Waadalla, 11/8/2012
Le journaliste marocain Ali Lmrabet a été agressé ce soir à Tetouan par trois policiers alors qu’il faisait ses courses dans les rues de la ville. Le journaliste, que nous avons joint par téléphone, nous a confia les propos suivants :
" Je ne suis pas en état d’arrestation. J’ai l’habitude de sortir la nuit durant le ramadan marcher dans les rues de la ville. Alors que j’achetais des pommes chez un marchand ambulant, trois policiers m’ont attaqué et roué de coup. Ils m’ont traîné par terre et m’ont insulté." 
 Le journaliste, qui est en ce moment dans un commissariat de police à Tetouan ou il compte porter plainte pour coups et blessures dit ne pas comprendre les motifs de cette attaques : "Je ne comprends pas pourquoi ils m’ont agressé. Ils n’ont pas manqué non plus de me voler 200 dh ainsi
que ma carte nationale. Le plus surprenant peut être c’est le fait qu’ils ne m’aient pas arrêté ni accusé de quoi que ce soit. C’est une agression gratuite. Quand j’ai demandé qu’on me rende ma carte nationale les policiers m’ont insulté, me traitant de tous les noms. « Tu peux aller chercher ta carte chez Benkirane… » me dit l’un d’eux.
Ali Lmrabet nous explique qu’il s’agit de la deuxième agression sur sa personne en moins de 48h : "Hier encore, quelqu’un m’a attaqué avec un tesson de bouteille. La police n’est pas intervenue malgré mes appels répétés."
Pour rappel, Ali Lmrabet est journaliste au quotidien espagnol El Mundo. Il est le fondateur du défunt journal Demain. En 2003 il est condamné pour crime de lèse-majesté et ses publications bannies des kiosques. Il est, depuis 2004, interdit de pratiquer sa profession de journaliste au Maroc.

Par Jamila Waadalla, 11/8/2012
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 Samedi dernier, Ali Lmrabet a tenté en vain à faire appel à la police :

"Ramadan, l’ivrogne, le chat et moi

Opinion. Dans ce beau pays qui est le nôtre, si vous n’êtes pas une personne bien en vue et si on ne vous aime pas trop en haut lieu, il vaudrait mieux ne pas avoir affaire à la police marocaine. Si vous êtes cambriolé, agressé, ou si quelqu’un essaye de pénétrer de force dans votre maison il faudrait se barricader, garder son sang froid et ne pas demander aux forces de l’ordre d’intervenir. Cela ne sert à rien.
Au pays du ministère de la Justice et des libertés, il y a beaucoup d’injustices et pas de libertés du tout. Même pas celle de demander à la police de venir protéger votre intégrité physique et vos biens.
Mais attention, comme nous vivons sous un régime qui a réponse à tout, avant de dénoncer les faits, il faut être précis, aller aux faits et s’appuyer sur des preuves. Sinon, on vous traitera de parano ou de provocateur
Samedi 1h00 : Ancienne médina de Tétouan. Un homme du nom de Hassan, visiblement dans un état second frappe violemment la porte de ma maison. Il est ivre, il tient une bouteille de vin à la main droite et un sebsi de kif à la maison gauche. Que cherche-t-il ? Est-ce un baltagi ? Un shabiha marocain ? J’ouvre la porte. Ch’heb el khatar ? (Traduction non-officielle : Je peux vous être utile ?)
L’ivrogne : Il y a un chat qui m’emmerde et qui vit chez vous.
Mais, je n’ai pas de chat.
Pourtant, il est bien chez vous.
Je vous dis que je n’ai pas de chat, ni de chien. Aucun animal.
Ah bon… J’ai été mal renseigné alors. Au revoir.
Au revoir.
Quelques minutes plus tard, les mêmes coups qui défoncent ma porte résonnent. J’ouvre la porte.
Qu’est-ce qui se passe encore ?
On m’a dit que le chat est bien chez vous.
Je vous répète que je n’ai pas de chat. Vous l’avez vu où ? Qui vous a dit ça ?
Euh… je ne sais pas.
Je ferme la porte. Les coups sur la porte retentissent avec plus de vigueur. Des insultes fusent. Des menaces de mort aussi. J’appelle un copain avocat qui m’explique clairement la situation. « Ecoute. Tu devrais déposer plainte, mais ce sera ta parole contre la sienne. Va immédiatement au commissariat de police le plus proche et demande-leur de venir constater l’infraction ou l’agression, ainsi que l’état d’ébriété de cette personne ».
Je sors par une autre porte et je me rends au nouveau commissariat de la place Ouessaâ, en plein centre de la médina. Ouvert en grandes pompes il y a seulement quelques semaines ce poste de police est censé lutter contre le crime et l’insécurité dans notre bonne vieille ville de Tétouan
Je trouve deux jeunes policiers attablés. Ils sont en train de manger. Je leur explique la situation. « Nous ne pourrons rien faire. Il faut appeler la permanence de police qui enverra tout de suite une équipe », répond l’un d’eux. La permanence de police se trouve à l’autre bout de la ville, alors que le commissariat de Ousseaâ se trouve à 200 mètres de ma maison…
J’appelle la permanence au 0539702961.
Allô, la police ? Voilà, il y a un monsieur complètement ivre qui casse ma porte.
Ivre ? C’est pas possible. On est en plein mois de Ramadan. Vous êtes sûr ?
Venez constater vous-même ! C’est au …
Non, non, non… Pour qu’on puisse vous accompagner, il faudrait que vous vous présentiez à la permanence de police.
Et ça ne marche pas au téléphone ?
Non, non, non…
Je prends un taxi et je me rends à la permanence de police située à la sortie de la ville.
Il est 2h00 du matin et j’explique la situation au policier de garde. Il prend mon nom, celui de mon père, ma mère, mon adresse, le numéro de ma CIN, etc…
Profession ?
Journaliste.
Dans quel journal ?
Dans aucun. Interdit d’écriture.
Comment ? C’est une blague ?
Ben non… Dans ce beau pays c’est tout à fait normal.
Le policier me regarde bizarrement. Il utilise un talkie-walkie pour parler avec ses collègues, puis il sort dans la rue. Il me demande l’adresse exacte. Je la lui donne encore une fois, avec des détails, des précisions.
Retournez chez vous et attendez la police. Elle arrive tout de suite, me dit-il.
Il est 2h30. Je rentre chez moi. L’ivrogne est toujours là. Il continue de casser ma porte. Des voisins contemplent la scène depuis leurs fenêtres, mais n’osent sortir. Je préviens Hassan que la police arrive. « Elle ne viendra pas », répond-il, sourire aux lèvres. Un voisin s’exclame du haut de sa terrasse : « Mais cela fait plus de vingt ans que nous prévenons la police »
Je me dis qu’au pays du « commandeur des croyants », avec un musulman éméché, en plein mois de Ramadan, qui agresse d’autres musulmans qui ne le sont pas, la police devrait tout de même intervenir. Et puis, nous ne sommes pas en Somalie ni au Mali, il y a un Etat ici.
Je reprends le téléphone et je rappelle la permanence de police. Je le fais à plusieurs reprises. « Mais je suis un citoyen comme tout le monde, vous devez venir quand même », leur dis-je. A chaque fois c’est une réponse différente. « Les policiers vont venir », « Les policiers sont partis », « Ils sont en route ».
La réponse la plus marrante est celle-ci : « Les policiers sont en train de prendre leur s’hour. Ils doivent bien manger. Ils partiront chez vous tout de suite après ». Il est 3h45.
Criminels du monde entier si vous ne voulez pas être chopé venez au Maroc et commettez votre crime durant le f’tour ou le s’hour ! Personne ne viendra vous déranger !
Avec ces centaines de estafettes de police qui sillonnent la ville, avec une véritable armée de flics, en civil et en uniforme, ramenés d’un peu partout du Maroc pour veiller à la sécurité du roi qui vient d’arriver à Tétouan, il n’y a donc pas un seul policier pour venir constater une agression caractérisée contre le domicile d’un citoyen ?
A 5h45, je rappelle pour la dernière fois la permanence de police. L’ivrogne frappe toujours la porte de ma maison. L’esclandre dure depuis 1h00 du matin. « Il faudrait que vous guidiez la police vers votre maison. Vous pouvez revenir à la permanence ? », me répond le policier. Je me rends compte que les policiers se moquent de moi.
A 5h51 : Je rappelle l’avocat. Je lui raconte en détail tout ce qui s’est passé depuis qu’il m’a conseillé d’appeler la police.
L’avocat : Mais tu as bien donné ton adresse, non ?
Oui. 6 ou 7 fois, avec des précisions.
L’avocat : Alors là je n’ai pas de réponse. C’est tout de même trop gros. Je pense que ton affaire va au-delà d’un fait divers. Fais gaffe à toi ! Il raccroche.
A 6h00 du matin, l’ivrogne Hassan est toujours là. Il a dû vider au moins trois bouteilles de vin et fumer une douzaine de calumets. Mais point de police.
Voilà les faits tels qu’ils se sont déroulés. Ni plus ni moins. Pas de spéculation et je ne fais même pas d’interprétation.
Je me dis que si j’avais été un ambassadeur d’Israël, ou une personnalité marocaine la police serait venue sur le champ et elle aurait pris en flagrant délit l’agresseur. Mais, la police avait des raisons de ne pas intervenir que je n’arrive pas à cerner.
La semaine prochaine, je raconterai d’autres histoires bizarres qui me sont arrivées à Tétouan depuis quelques mois. Vous jugerez vous-mêmes de leur degré de bizarrerie.
Si vous voulez faire des interprétations, elles sont permises."
Ali Lmrabet

URL Source : http://www.demainonline.com/?p=20028

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