Par El Watan, 31/12/2011
Le camp de Gdeim Izik, installé par les Sahraouis à quelques kilomètres d’Al Ayoun.
Les questions liées aux violations des droits de l’homme et au pillage des ressources naturelles au Sahara occidental ont marqué le débat autour du conflit
Année qui s’achève, selon l’APS, avec des conquêtes sur le front diplomatique pour le peuple sahraoui.
L’onde de choc de la répression marocaine du camp de Gdeim Izik, installé par les Sahraouis à quelques kilomètres d’Al Ayoun, capitale sahraouie occupée, en novembre 2010, qui a suscité l’indignation de la communauté internationale, et les atteintes incessantes aux droits de l’homme ont fait réagir le Congrès américain. Ainsi, la récente décision du Congrès américain conditionnant l’aide militaire au Maroc au préalable du respect des droits de l’homme, de la libre circulation des journalistes et des représentants des organisations humanitaires au Sahara occidental, est qualifiée d’«historique» par le président sahraoui, Mohamed Abdelaziz, et de nombreux observateurs, d’autant plus qu’elle a coïncidé avec la tenue du 13e congrès du Front Polisario.
Avant que cette loi ne soit votée au Congrès américain, la question des droits de l’homme dans les territoires sahraouis occupés constitue une question importante dans les débats suscités aux Etats-Unis vu la répression qui s’est abattue sur la résistance populaire pacifique des villes sahraouies.
L’organisation américaine, Human Rights Watch, a publié à New York, vers la fin de l’année 2010, un rapport accablant sur l’attaque des forces marocaines contre le camp sahraoui de Gdeim Izik, à l’issue d’une enquête menée sur les violations des droits de l’homme lors et après le démantèlement de ce camp. Ce rapport fut suivi d’un autre plus accablant, publié le 16 mars 2011, par le Centre de recherche du Congrès américain, dénonçant la violation des droits de l’homme des Sahraouis par le Maroc et évoquant des mesures prises par les deux institutions parlementaires américaines pour contraindre ce pays à respecter ces droits dans les territoires occupés du Sahara occidental.
Cet organisme du Parlement américain a rapporté, dans son document, destiné aux membres de la Chambre des représentants et du Sénat, les exactions commises contre les Sahraouis ainsi que les mesures coercitives à l’endroit des organisations internationales des droits de l’homme et les médias qui traitent de cette question.
Le département d’Etat américain a confirmé, le 10 avril 2011, les violations des droits de l’homme commises par le Maroc au Sahara occidental, tout en relevant que le mandat de la Mission des Nations unies pour l’organisation du référendum d’autodétermination (Minurso) demeure privé du mécanisme de surveillance de ces droits.
Le Parlement européen a affiché une attitude similaire en adoptant, vers la fin de l’année 2010 à Strasbourg, une résolution condamnant, pour la première fois, les violences dans les territoires occupés du Sahara occidental. Ces revers à la politique d’occupation marocaine au Sahara occidental ont eu des répercussions sur le cours des événements. Ainsi, pour la première fois, des militants sahraouis des territoires occupés ont participé au congrès du Front Polisario à Tifariti, une localité située dans les territoires sahraouis libérés.
Autres revers pour l’occupant marocain
Durant ce mois de décembre, le Parlement européen a refusé de prolonger l’accord de pêche avec le Maroc, du fait qu’il englobe les eaux territoriales du Sahara occidental.Par ailleurs, la question du Sahara occidental a été au centre des préoccupations de la communauté internationale en recevant, encore une fois, l’appui de l’Assemblée générale de l’ONU et du Conseil de sécurité qui ont réaffirmé, au cours de cette année, la solution permettant l’autodétermination du peuple sahraoui. Dans sa dernière résolution sur cette question, l’Assemblée générale de l’ONU a soutenu le processus de négociation initié par le du Conseil de sécurité en 2007 afin de parvenir à «une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permet l’autodétermination du peuple du Sahara occidental».
Dans cet esprit, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a relevé que le peuple sahraoui doit être consulté sur toute solution liée à son avenir. Sinon, «on risque de créer de nouvelles tensions au Sahara occidental et dans la région». Le Conseil de sécurité a avalisé, de son côté, une résolution à travers laquelle il a réitéré son engagement à aider les deux parties en conflit, le Front Polisario et le Maroc, à parvenir à une solution qui permet l’autodétermination du peuple sahraoui. Mais la victoire particulière obtenue par le Front Polisario dans cette dernière résolution du Conseil de sécurité est que pour la première fois ledit Conseil a, sans équivoque, appelé le Maroc, en tant que force occupante, à respecter les droits de l’homme du peuple sahraoui, et ce, après des années de silence sur cette question en raison de l’opposition d’un membre du Conseil de sécurité, à l’exemple de la France.
L’évolution affichée par le Parti populaire espagnol (PP) au pouvoir envers la question sahraouie va dans le sens de la vision des Sahraouis. Ces derniers n’ont pas cessé d’interpeller Madrid sur sa responsabilité historique en tant qu’ancienne puissance coloniale au Sahara occidental. De son côté, le PP a annoncé dans son programme politique son soutien au processus de négociations entre le Maroc et le Front Polisario en vue de parvenir à une solution conforme aux résolutions du Conseil de sécurité garantissant le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination. C’est dans ce contexte, marqué par de francs succès sur les plans des droits de l’homme et de la diplomatie, que le Front Polisario a tenu à Tifariti, du 15 au 23 décembre, un congrès qui a vu la réélection de Mohamed Abdelaziz à la tête du front.
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