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mercredi 2 novembre 2011

Interprétation tendancieuse du rapport de la FIDH sur la situation au Maroc

Par M-J F, Solidmar, 1/11/2011

Libération (Maroc) a une curieuse manière de résumer les pages du long rapport de la FIDH sur la situation au Maroc. 

Partie de Libération consacrée à la situation au Maroc:

« Afrique du Nord : La Fédération internationale des droits de l'Homme globalement satisfaite des avancées du Maroc – (…)
Par Larbi Bouhamida, Libération (Casablanca) 27/10/2011

Comme à son habitude, la Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH) n'avait pas manqué d'épingler bon nombre de pays, 70 plus précisément.

Dans son rapport de 2011 qui vient d'être rendu public, elle a dans ce cadre reproché au Maroc d'avoir réprimé quelques rassemblements pacifiques et les manifestations du 20 Février et d'avoir procédé à des arrestations ou à un harcèlement judiciaire de journalistes pour avoir dénoncé des violations des droits de l'Homme ou la corruption. Mais globalement, la FIDH s'est montrée suffisamment satisfaite des avancées réalisées par le Royaume qui s'est engagé, depuis fort longtemps, sur la voie des réformes.»

Lire le texte complet sur le Maghreb :fr.allafrica.com/stories/201110271283.html

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J’ai alors parcouru le rapport annuel 2011 de la FIDH pour trouver les motifs de « satisfaction globale » ou « suffisante » sur les « avancées » du Maroc...

MAROC /SAHARA OCCIDENTAL
observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l'homme

Contexte politique
Seule avancée mentionnée relevée: « Le 14 avril, il a accordé une amnistie à près de 190 détenus dont de nombreux prisonniers politiques qui ont vu leurs peines commuées ou réduites ».

Quelques extraits de la suite du rapport:

Des réformes institutionnelles attendues depuis la publication en 2005 du rapport final de l’Instance équité et réconciliation (IER) ,cinq ans plus tard, peu d’avancée notable a été enregistrée en matière de mise en œuvre de ces recommandations.

Une annonce en décembre 2008 devait lever les réserves émises en 1993 lors de la ratification de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes n’a pas non plus été suivie d’effet.

- En 2010, la liberté de la presse est restreinte : la critique à l’égard du pouvoir n’est pas acceptée : le Journal hebdomadaire et l’hebdomadaire arabophone Nichane ferment, victimes d’un étouffement financier.
- Le 29 octobre 2010, fermeture du bureau de la chaîne al-Jazeera et retrait des accréditations de ses journalistes pour avoir “altéré sérieusement l’image du Maroc” et “porté manifestement préjudice à ses intérêts supérieurs, à leur tête la question de l’intégrité territoriale”
- Le projet de réforme du Code de la presse initié en 2007, est  resté dans l’impasse , des délits sont punis de peines de prison, ou d' amendes importantes contre les journalistes qui dénoncent les violations des droits de l’Homme

La situation des droits de l’Homme au Sahara occidental n’a pas connu d’amélioration en 2010-2011. Le Conseil de sécurité n’a pas étendu le mandat de la MINURSO à la question des droits de l’Homme.
La ville de Laâyoune a  été secouée en novembre 2010 par de violents affrontements entre les forces de l’ordre et des habitants sahraouis.

Poursuite des entraves aux libertés d’association et de réunion pacifique
- Plusieurs associations restent privées d’un statut légal tels que l’Association nationale des diplômés hômeurs au Maroc (ANDCM), le Groupe antiraciste d’accompagnement et de défense des étrangers et des migrants (GADEM), l’association Ennassir pour le soutien des détenus islamistes, le Réseau amazigh pour la citoyenneté ou encore l’Association sahraouie des victimes de violations graves commises par l’Etat marocain (ASVDH) n’ont toujours pas réussi à obtenir d’existence légale.
- Les autorités ont continué de réprimer des rassemblements pacifiques organisés en faveur de la défense des droits de l’Homme.

Quelques exemples :
- Les sit-in et rassemblements organisés par l’ANDCM à travers tout le Maroc ont continué d’être régulièrement réprimés par les autorités.
- Les 21 et 22 février 2011, des membres des forces auxiliaires marocaines (FAM) et du Corps mobile d’intervention (CMI) ont brutalement dispersé des manifestants rassemblés pacifiquement sur la place Bab el-Had. Plusieurs personnes ont été blessées et douze manifestants ont dû être hospitalisés, dont Mme Khadija Riyadi, présidente de l’Association marocaine des droits humains (AMDH), et MM. Abdel-ilah Benabdesselam, vice-président de l’AMDH et membre de l’Assemblée générale de l’OMCT, bdelkhalek Benzekri et Mohamed Amri, membres du bureau central de l’AMDH
- Onze étudiants membres de l’Union nationale des étudiants marocains (UNEM), ont été condamnés à des peines allant de deux à quatre ans de prison ferme.

Harcèlement judiciaire à l’encontre de défenseurs qui luttent contre la corruption
- Le 8 mars 2010, M. Mohamed Attaoui, dénonçait la contrebande du bois de cèdre par des responsables des communes rurales de la région de Midelt, avec la complicité de la gendarmerie et de l’Office national des eaux et forêts.
-Le 14 avril 2011, M. Chakib el-Khayari, président de l’Association du Rif des droits de l’Homme (ARDH) et membre du Conseil fédéral du Congrès mondial amazigh (CMA) avait été condamné en appel en novembre 2009 par le Tribunal de Casablanca à une peine de trois ans de prison et à une amende de 750 000 dirhams (environ 68 500 euros) pour “outrage à corps constitué”, après avoir révélé à des sources étrangères des informations visant des hauts fonctionnaires de l’Etat impliqués dans des affaires de corruption et dans un réseau de trafic de drogue dans la région du Rif.
- Les autorités ont interdit à quatre reprises entre le 9 décembre 2010 et le 6 janvier 2011 à l’Association Transparency-Maroc de tenir une cérémonie pour lui décerner le “prix de l’intégrité” ainsi qu’à Abderrehim Berrada, avocat membre fondateur de Transparency Maroc, en raison de leur lutte contre la corruption

Entraves à la liberté de mouvement d’un défenseur des droits de l’Homme
En 2010, un défenseur tunisien , M Kamel Jendoubi, président du REMDH qui devait se rendre au Maroc a été empêché de rentrer sur le territoire. M. Kamel Jendoubi se rendait à Rabat pour recevoir un hommage à son action en faveur des droits de l’Homme lors d’une cérémonie organisée par l’Organisation marocaine des droits de l’Homme (OMDH).

Poursuite du harcèlement des défenseurs qui dénoncent les violations des droits de l’Homme au Sahara occidental
Quelques exemples:
-Le 7 février 2010, dix agents de la police marocaine se sont introduits dans la chambre d’hôtel de M. Hassan Duihi, membre de l’ASVDH, pour l’emmener au commissariat de police. M. Duihi se trouvait dans la ville de Tiznit, où il accompagnait, en tant que traducteur, deux observateurs internationaux de nationalité espagnole délégués par le Conseil général des avocats espagnols au procès de dix jeunes militants pacifiques sahraouis pour l’autodétermination, qui avait lieu le 8 février 2010. Il a été libéré sans charge le 9 février 2010
- Deux policiers marocains en civil se sont également introduits le 12 décembre 2010 au domicile de Mme Djimi el-Ghalia, vice-présidente de l’ASVDH, afin de l’empêcher de s’entretenir avec deux militants espagnols venus de Madrid pour la rencontrer.
- Le procès de sept défenseurs des droits de l’Homme originaires du Sahara occidental a débuté en octobre 2010 devant le Tribunal de Casablanca. Ils avaient été arrêtés le 8 octobre 2009 à l’aéroport Mohamed V de Casablanca alors qu’ils revenaient d’une visite de camps de réfugiés sahraouis situés dans le sud-ouest de l’Algérie. Fin avril 2011, les charges exactes à l’encontre de ces sept défenseurs étaient toujours inconnues et aucune audience n’avait eu lieu.
- M. Yahya Mohamed al-Hafed Aaza, membre du CODESA, toujours détenu à fin avril 2011 à la prison d’Aït Melloul, près d’Agadir. Son état de santé est très préoccupant et a dû nécessiter une hospitalisation de plusieurs jours en décembre 2010.
- Les rassemblements ont souvent été réprimés par les autorités marocaines. A titre d’exemple, le 2 mars 2011, les forces de l’ordre ont brutalement dispersé un rassemblement organisé par des militants sahraouis dans la ville de Laâyoune afin de revendiquer le respect de leurs droits économiques et sociaux et pour dénoncer l’accord de pêche maritime conclu entre le Maroc et l’Union européenne. Sans notice préalable, les policiers ont attaqué et frappé les manifestants, faisant 25 blessés.

Interventions urgentes diffusées par l’Observatoire de janvier 2010 à avril 2011
concernant M. Hassan Duihi et. Kamel Jendoubi : Entraves à la liberté de Mouvement


... mais je n'ai pas trouvé les motifs de « satisfaction globale » ou « suffisante » sur les « avancées » du Maroc !!

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