Monsieur le Sénateur,
Mercredi à midi, nous avons suivi avec intérêt l’émission sur la peine de mort, discussion passionnée et passionnante entre Jean-Pierre Elkabbach, Maître Paul Lombard et vous-même. Hier nous avons regardé et écouté votre intervention à l’Assemblée Nationale. Et il nous revient en mémoire ce jour de 1981 où nous étions vraiment fiers d’être Français. Cette décision historique d’abolir la peine de mort donne toujours à notre pays une respectabilité par ailleurs bien malmenée.
Vous citez la Chine, les États-Unis et d’autres pays peu démocratiques qui n’ont pas aboli la peine de mort. Mais vous ne citez pas le Maroc qui refuse encore de faire ce pas vers la démocratie, tout en s’autoproclamant champion des droits de l’Homme…
Les autorités marocaines ne respectent même pas leur engagement quant à l’adoption d’un moratoire sur la peine de mort alors que c’était l’une des recommandations principales de l’ancienne Instance Équité et Réconciliation qui a rendu son rapport au chef de l’État fin 2005. Le roi en a pourtant approuvé les recommandations. Un collectif d’ONG appelait en mai 2011 le gouvernement à enfin inscrire cette mesure dans la constitution. Une des revendications du mouvement du 20 février est également que ce moratoire soit enfin appliqué. Tous les militants de défense des droits de l’homme demandent que le Conseil National des Droits de l’Homme agisse dans ce sens. Pourtant l’abolition de la peine de mort était à l’ordre du jour d’un Conseil du gouvernement du mois dernier, suscitant l’espoir parmi les abolitionnistes marocains … Déception : Le sujet a été déprogrammé…
Il est vrai que depuis 1993 aucune exécution n’a eu lieu au Maroc. Pourtant en 2011, encore 140 condamnés attendent dans les couloirs de la mort. Ils seront probablement graciés, mais pourquoi le supplice de cette attente…
Aucune exécution officielle n’a eu lieu depuis 18 ans, c’est vrai, ni par injection, pendaison ou décapitation. Mais au Maroc, au nom de la monarchie, on tabasse et on torture de manière ignoble parfois jusqu’à la mort. Dans les centres secrets de torture tel Temara, dans les commissariats… Dans la rue, à coup de pieds, de bâtons et de barres de fer. Le pouvoir s’acharne contre les militants des droits de l’Homme, en particulier contre les militants du mouvement du 20 février dont le crime est d’organiser des marches pacifiques pour demander la dignité, la liberté, la démocratie. Contre les militants sahraouis qui demandent pacifiquement le droit de choisir leur avenir. Toutes ces nobles convictions se paient très cher…
Le pouvoir marocain ne supporte pas les défenseurs des droits de l’homme.
Monsieur Badinter, vous allez beaucoup parler, ces prochains jours, de l’abolition de la peine de mort. Lorsque vous citerez les pays non abolitionnistes parce que pas encore démocratiques, merci de citer le Maroc. Votre voix est écoutée à travers le monde. Les défenseurs marocains des droits de l’homme vous en seront reconnaissants. Et si ce pas indispensable pour avancer vers la vraie démocratie interpelle le pouvoir marocain, on peut souhaiter que la torture sera, elle aussi, abolie dans les faits. Dans les textes elle l’est déjà, mais il suffit de lire les rapports d’Amnesty International et de Human Rights Watch pour comprendre qu’elle ne l’est pas.
Depuis des années les associations Solidarité Maroc 05 et Amis du Peuple du Sahara Occidental dénoncent les violations des droits de l’homme au Maroc et au Sahara Occidental, et, malheureusement nous constatons qu’il n’y a pas de progrès dans ce sens. Et que la propagande et le mensonge ne suffisent pas à construire un Etat démocratique.
Veuillez agréer, Monsieur le Sénateur, l’expression de notre profond respect
Marie-José Fressard
Présidente de Solidarité Maroc 05
solidmar05[at]gmail[dot]com http://solidmar.blogspot.com
E’changeons le Monde, 17, Rue J. Eymar, 05000 GAP France
Marie Frison
Présidente de Amis du Peuple du Sahara Occidental
APSOlument[at]yahoo[dot]fr http://ap-so.blogspot.com
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