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samedi 27 août 2011

LE CHANGEMENT DANS LE SENS DE LA MARCHE DE L'HISTOIRE EST CONDITIONNÉ PAR LA PARTICIPATION ACTIVE DE LA FEMME

Par Ali Fkir, 27/8/2011

Dans la pure tradition "arabo-musulmane" misogyne, la "rébellion", /a "révolution" (????!!!) libyenne, a pu remettre la femme dans son "milieu naturel", le foyer: s'occuper de la cuisine, procréer (surtout les garçons) pour garantir la continuité de la famille PATERNELLE, et surtout surtout se faire belle pour assouvir les désirs sexuels du "combattant". D'ailleurs dans l'histoire des conquêtes arabes la femme faisait partie du butin du guerrier. La position vis à vis de la femme est l'un des principaux critères du progressisme d'un bouleversement social: on avance ou on recule ? Dans les révolutions politico- sociales qui vont dans le sens de l'Histoire de l'humanité, on voit la femme agissante (souvent l'arme à la main) au même titre que son camarade. Ce qui se passe en Libye n'a rien avoir avec une révolution au sens positif de l'Histoire de l'humanité. On essaie de remplacer la dictature d'un individu/farfelu par une dictature sanguinaire, misogyne, dictature au service de l'impérialisme et au service des monarques/émirs, les pires ennemis du progrès.
En se "libérant" de l'influence du nationalisme petit bourgeois arabe qui a introduit malgré tout un certain progrès socio-culturel et avait contribué activement au mouvement international de libération des peuples du joug du colonialisme direct.

A un moment de leur histoire, et sous la direction politique du courant "panarabisme", les peuples du Moyen Orient et de l'Afrique du Nord ont pu relever avec dignité la tête face à l'impérialisme, au sionisme et face aux régimes monarchiques).
Aujourd'hui, le "tsunami arabe" permettra à certain peuples d'avancer, mais d'autres ( le peuple libyen en tête) se retrouveront jetés dans les ténèbres du moyen âge. La femme et l'enfant seront (ils le sont déjà) les principales victimes de ce drame historique. C'est la revanche de l’obscurantisme le plus abject sur la pénombre " bourgeoise". Le monde arabe n'a jamais connu le PLEIN JOUR.
Ce n'est pas du pessimisme. Solution? les communistes marocains ne se sont jamais fait d'illusions sur les régimes enfantés par des coups d'Etat, ni sur leurs projets "libérateurs". Depuis sa création, ILAL AMAM, (aujourd'hui ANNAHJ ADDIMOCRATI), n'a jamais cessé de critiquer ces régimes, y compris le régime du farfelu Khadafi.

La solution? se mobiliser, s'engager activement dans les luttes des peuples en général et dans celles des travailleurs en particulier pour garantir la continuité du mouvement pour le changement, son caractère de masses, sa radicalisation, son PROGRESSISME.

Dans le cas du Maroc, gare ! à :
- Côté droite: à la récupération makhzenienne, à la domination du conservatisme dans le mouvement du changement...
- Côté gauche: aux tentations électoralistes (au sein du mouvement) , à l'impatience petite-bourgeoise gauchiste, qui, dans leur incapacité de mobiliser les masses, ses adeptes recourent à des slogans a-historiques, à faire des forces militantes leur principale cible politique...ce qui les isole plus.
A mon humble avis, la stratégie à suivre (je l'avais dit il y a plus de 10 ans), c'est la stratégie du harcèlement de la tyrannie. C'est une stratégie qui demande de la patience. Il faut s'attaquer à la tyrannie sur tous, TOUS les fronts: politique, idéologique, syndical, social, front des droits, droits de femmes, des enfants...
Il faut isoler le régime, l'affaiblir et cela n'est possible que par la mobilisation des classes sociales objectivement révolutionnaires (en tête la classe ouvrière), la neutralisation des classes moyennes (les couches supérieures de la petite bourgeoise, et la moyenne bourgeoisie). Après le renversement de la tyrannie , le changement sera certainement radical, car il sera populaire surtout si les travailleurs arrivent à prendre politiquement le commandement du changement.
Les forces de changement se doivent: gagner les classes des déshérités, des exploités, neutraliser les classes moyennes, isoler pour la battre la tyrannie
Ce mouvement ne sera progressiste sans la participation effective de la femme et du prolétaire. Attention au conservatisme qui commence à s'installer au sein du mouvement actuel. Les "mecs" commencent à s'imposer en maîtres au sein des luttes actuelles. Il faut reconnaître que les associations des femmes bourgeoises qui siègent dans les palaces à 5 étoiles, en prêtant allégeance à la tyrannie, ne facilitent pas les choses.

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A la suite de cet article, un témoignage a été envoyé à Ali Fkir  relatant un congrès de femmes en Libye, datant de 1996 (extraits) 
Ginette SKANDRANI France, écologiste, Femme pour la Paix et Réseau de Solidarité avec le Peuple Palestinien est intervenue sur le rôle de la femme en politique et dans le mouvement social en Europe et particulièrement en France.

J’ai assisté, animé ou présidé de nombreux congrès, colloque ou réunion publique, en Europe ou dans le reste du monde Arabe, mais je n’ai jamais rencontré cette capacité d’écoute, d’échange, de débat y compris contradictoire ailleurs qu’en Libye.
Je garde surtout un souvenir inoubliable de ce congrès de femmes , où 18 femmes venant de toutes les contrées de la planète , d’une quinzaine de nationalité différentes, femmes du Sud et du Nord, de différentes cultures et religions, pratiquantes ou non, de gauche, de droite, politique ou associatives ont débattu ensemble sur le statut et les acquis du combat des femmes et comparé ces acquis d'un pays à l'autre.
Quinze ans plus tard, nous nous apercevons que peu de choses ont changé. La condition des femmes s'est largement dégradée en Irak occupé, en Palestine de plus en plus colonisée, ainsi que dans certaines autres régions du monde, par contre en Libye, les femmes sont largement présentes dans les postes de responsabilité, y compris dans l'armée.
Le compte-rendu de cette rencontre a été diffusé en Libye mais n’a jamais trouvé preneur ailleurs, tous ceux qui voulaient le publier ont exigé que je fasse d'abord une critique de Kadhafi, ce que j'ai toujours refusé.

"Congrès de Femmes à Tripoli
. Malgré les inconvénients et les désagréments causés par l'embargo aérien imposé à la Jamahirya libyenne, malgré les difficultés du voyage, entre plusieurs avions et le bateau Malte-Tripoli, des femmes, venant souvent de contrées très lointaines, se sont déplacées pour cette cinquième table-ronde sur le statut de la femme dans le monde, sur les acquis et sur ce qu'il reste à conquérir ici ou ailleurs.
Nous remercions surtout deux femmes âgées de soixante-quinze ans, l'une Italienne, l'autre Néo-zélandaise, qui ont voulu apporter leurs témoignages sur leurs traversées de ce siècle que certains appellent les lumières, d'autres les ténèbres, tout dépendant de quel côté du colonialisme on se place.
La majorité des femmes étaient âgées de quarante à soixante ans, deux Allemandes qui avaient la trentaine et une Canadienne de vingt-cinq ans. Les différentes oratrices sont intervenues sur des sujets assez variés : la femme et l'emploi, la femme en politique et dans le mouvement social, le statut de la femme, la culture et les différentes religions, les moyens de contraception et l'avortement.
Les intervenantes se sont exprimées sur les différences culturelles et sociales entre la civilisation occidentale écrasant toutes les autres et la multitude de civilisations existant sur l'ensemble de la planète.
Le débat entre toutes ces femmes venues des pays d'Europe, des U.S.A., du Canada, de l'Amérique latine, de Nouvelle-Zélande, du Japon, de différents pays arabes et de Guyane, était d'un haut niveau, surtout qu'elles ont su s'écouter malgré des analyses différentes et souvent contradictoires sur le rôle de la femme dans la famille, la religion, la société , sur l'interdiction ou l'autorisation de l'avortement.
 
(...)
Dans le monde du travail, les femmes sont encore très minoritaires dans l'encadrement et dans les fonctions les plus valorisantes. Elles sont nettement moins payées, à niveau de qualification égale. Elles sont beaucoup plus touchées 
par le chômage et la pauvreté (12 % contre 8 % pour les hommes). Certains hommes 
politiques veulent carrément les renvoyer à la maison sous prétexte qu'il n'y a plus de travail pour tous. C'est sur elles que repose aussi la plus grande partie du travail domestique et l'éducation des enfants les contraignant souvent à faire des "doubles journées". Ça tient particulièrement à nos modes de vie, ou, sous prétexte de rentabilité, la famille a été éclatée, l'entraide et la solidarité jetées aux oubliettes de l'histoire car non capitalisables. 
D'une part, les mentalités ayant beaucoup de mal à évoluer, les longues études sont toujours réservées aux garçons, d'autre part on retrouve toujours dans les livres scolaires certains stéréotypes comme : maman fait la cuisine, papa travaille. Ce qui ne favorise pas la prise de conscience sur l'égalité des sexes. Quant à la publicité, elle reste toujours aussi sexiste en Europe. Ce n'est vraiment pas agréable de voir sur les murs les affiches de femmes nues vantant tel ou tel produit de consommation. En dehors de la sphère privée ou économique, l'inégalité la plus flagrante et qui perdure est bien du domaine de la politique, car les femmes sont très peu représentées dans les assemblées. 

Malgré les grandes déclarations fracassantes, surtout en campagne électorale, sur le statut de la femme européenne, il me semble que le droit de la femme est surtout un concept qui sert à cacher la réalité de la politique et à donner des fausses leçons de démocratie aux pays du Sud.

"J'aimerais beaucoup comparer, au-delà des différences culturelles, le nombre de femmes élues ou assumant des postes de responsabilité dans les pays musulmans". On nous soumet, par médias interposés, l'image de la femme musulmane, voilée, dépendante, exclue de toute décision qui doit correspondre à l'image de la femme occidentale, dénudée, inconsciente, charmeuse et dépravée distillée dans les pays arabes. Aucune de ces deux images ne correspond à la réalité. Il existe en France, comme dans tous les pays où la démocratie n'est que parlementaire, un foisonnement d'associations, et là, dans ce qui correspond à la réalité de la société civile, les femmes sont largement présentes et 
représentées. "
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Réponse d'Ali Fkir, 27/8/2011

Merci Madame pour votre témoignage.
Le "hirak arabe" (en réalité luttes politiques sans précédentes dans le Moyen Orient et en Afrique du nord multilinguistique, multiculturel... appelé avec raison le monde arabe) nécessite un débat, et cela dans le feu de l'action pour le changement, un débat non seulement politique mais aussi et surtout idéologique sur le DEMAIN.
LA CAUSE/la condition de la Femme est primordiale. Que prévoit comme place à la Marocaine, le Maroc de demain? En répondant clairement sans tergiversation aucune à cette question, les acteurs politiques donneront une idée sur leur projet de société. La révolution n'est révolution que si elle est politique , économique, sociale et CULTURELLE. Non aux demi-mesure!
Rappelons que la constitution imposée le 1er juillet 2011 au peuple marocain subordonne la condition de la femme "au respect des valeurs sacrées" rétrogrades, misogynes.

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