Une vie pour un toit : un record mondial.
Par Ali Amar, Voxmaroc, 8/12/2010
Selon une étude du cabinet international Evans, spécialisé dans l’immobilier, le Maroc détient la triste palme en matière de pénurie de logements dans le monde. Un article du Telegraph (journal biélorusse) qui reprend le classement nous apprend qu’un Marocain doit en moyenne épargner durant 67,5 ans (!) pour acquérir un logement. Le coût moyen d’une propriété au Maroc est de 144 800 euros, alors que le revenu moyen annuel des ménages n’est que de 2145 euros.
En juin dernier, le royaume chérifien avait annoncé en grande pompe un énième plan de construction de logements sociaux, pour permettre à un million et demi de personnes ayant des revenus faibles de vivre dans des habitations décentes. Pour cela, il a mis en place des facilités fiscales au profit des sociétés immobilières et des ménages à faibles revenus et projette de construire 300 000 logements sociaux au cours des dix prochaines années. Le Maroc doit répondre à une demande annuelle de 123.000 nouveaux ménages, dont 70.000 pour le logement social.
Le constat terrible d’Evans a une résonance bien amère dans l’actualité : le démantèlement du camp de Gdeim Izik à Laâyoune. Le nettoyage de la hiérarchie sécuritaire au Sahara et la guerre médiatique que se sont livrés les médias marocains, algériens, polisariens et espagnols ont quelque peu fait passer au second plan le jeu de chaises musicales au sein de la holding publique Al Omrane. Le remplacement de son patron Mohamed Najib Laraichi par Badr Kanouni le 20 novembre dernier résulte de la situation à Laâyoune(capitale occupée du Sahara Occidental, ndds) Al Omrane y était chargé de distribuer des terrains à des familles sahraouies vivant dans des habitats insalubres. Mais en 2009, elle n’aurait distribué qu’une part réduite de ces lots. A l’origine des heurts, les protestataires de Gdeim Izik réclamaient justement des logements et dénonçaient leur distribution clientéliste pour des raisons bassement électorales. Des critiques qui ont rejailli sur Taoufiq Hjira, le ministre de l’Habitat et sur Hamdi Ould Rachid, le maire istiqlalien de Laâyoune, tous deux aujourd’hui sur la sellette.
Selon les résultats de l’Enquête Niveau de vie des Ménages réalisée par le HCP, le revenu moyen d’un ménage marocain en milieu urbain est de 6000 euros par an (500 euros/mois). Si le ménage ne prend que 25% de son revenu pour l’épargner, il aura 20 à 25 ans maximum pour accéder à un logement et non les 70 ans tel que affirmé dans l’intitulé de l’article de M. Ali AMAR.
RépondreSupprimerIl est à préciser que pour les revenus de 215 euros, l’Etat subventionne l’accession à la propriété par l’offre sous forme de lots et le recasement / relogement des ménages au prix coûtant.
Le « spécialiste dans l’immobilier du cabinet international Evans », comme cela a été spécifié dans l’article « une vie pour un logement » paru le 8 décembre 2010, présente plusieurs confusions qu’il est nécessaire de lever et de clarifier.
Tout d’abord, le déficit en logements qui était évalué à près de 700.000 en 2002 a été réduit à près de 614.000 en 2007 pour descendre à près de 608.000 en 2010.
Le déficit en équipements évalué à 540.000 en 2002 atteindrait les 232.000 unités à fin 2010.
Ceci pour dire que durant cette période, les efforts consentis par l’Etat étaient importants et significatifs pour l’amélioration des conditions de vie des ménages à travers les programmes de résorption des bidonvilles (programme Nationale Ville sans Bidonvilles –PNVSB-) et les programmes de mise à niveau urbaine.
Par ailleurs, il est à clarifier aussi que :
. le coût d’un logement social ne dépasse guerre les 25.000 euros HT et la réalisation et la commercialisation de ce type de logements sont suivis de près par l’Etat ;
. un logement économique ne dépasse guerre les 50.000à 60.000 euros et un logement de moyen standing les 100.000 euros. Le haut standing quant à lui n’a pas de limite de prix puisqu’il dépend des possibilités et du degré de luxe escompté par le maître d’ouvrage.
Depuis 2005, la production en unités sociales dépasse les 100.000 unités à savoir : 113.000 en 2005, 115.000 en 2006, 121.000 en 2007 et 129.000 en 2008. Ce qui dépasse les 123.000 unités du croit démographique et absorbe une partie du déficit cumulé.
Il ne faut pas occulter les efforts du Maroc qui ont été primés par ONU-Habitat pour ses actions et sa politique en matière de lutte conte l’habitat insalubre.
En outre, il est à signaler que l’accès à la propriété en milieu urbain a connu un essor important depuis les années 1980 où il ne dépassait guerre les 40%. Alors qu’actuellement, il dépasse les 66 % qui étaient déclarés en 2008.