Par Julie Rafondriaka, La Lettre Méditerranée, 16/9/2010
"Lorsque les événements nous échappent, donnons l’impression d’en être les instigateurs."
Jean Cocteau (1889-1963)
Pour préserver leurs intérêts économiques, les co-équipiers de Silvio Berlusconi sont prêts à tout faire. Les dirigeants italiens se montrent d’une complaisance incomparable à l’endroit des Libyens. Hier c’était le colonel Mouammar Kadhafi qui, à l’occasion de sa visite à Rome, a appelé à l’islamisation de toute l’Europe, provoquant l’ire du Vatican et de toutes les formations conservatrices d’Italie et aujourd’hui, c’est au tour de la marine libyenne de prendre pour cible et mitrailler un bateau de pêche sicilien dans les eaux du Golfe de Syrte.
La raison avancée par les autorités libyennes c’est que le bateau de pêche Ariete de 32 mètres de long, a été pris pour une patera transportant des immigrés clandestins, une thèse, d’ailleurs confirmée et approuvée du côté officiel italien. Le ministre de l’intérieur, Roberto Maroni a qualifié le mitraillage de simple « incident », alors que son collègue des affaires étrangères, Franco Frattini a assuré que "cela ne changera rien aux relations" entre les deux pays. Tout à fait normal, puisqu’en cas d’escalade, le grand perdant dans les circonstances actuelles, sera forcément l’Italie qui, durement frappée par la crise financière internationale, a trouvé en le marché libyen et ses pétrodollars, une bouffée d’oxygène inespérée. Plus grave encore, au moment de l’incident lundi 13 septembre, un militaire et du personnel technique italiens se trouvaient à bord de la vedette libyenne. Le commandant du bateau de pêche sicilien et ses dix hommes d’équipage qui ont réussi à prendre la fuite en direction de Lampedusa, ont eu pour unique consolation, des excuses présentées par le commandant général des gardes-côtes libyens. Pour le patron de l’Ariete, Gaspare Marrone, « les Libyens ne peuvent pas nous avoir pris pour des clandestins. J'ai parlé par radio avec le commandant de la vedette et je lui ai dit très clairement que nous étions Italiens ». Devant la pression des syndicats des pêcheurs appuyés par les médias italiens, les co-équipiers de Silvio Berlusconi qui voulaient passer l’éponge sur cet incident, ont finalement décidé l’ouverture d’une enquête pour connaitre les circonstances exactes du mitraillage de l’Ariete. La complaisance des Italiens à l’égard des libyens a-t-elle des limites, ou au contraire, Berlusconi et ses hommes sont prêts à tous les sacrifices pour sauver leurs affaires ?
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