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mardi 10 novembre 2009

Mythe du mur de Berlin et vrai mur de la Honte en Palestine


Pr Chems Eddine CHITOU,école Polytechnique enp-edu.dz,9/11/2009


« Tout ce que les communistes vous ont dit du communisme était faux, mais tout ce qu’ils vous ont dit du capitalisme était vrai. »
Proverbe russe

« Ich bin in Berliner », « Je suis un Berlinois » s’exclamait J.F. Kennedy venu soutenir les Berlinois au plus fort du blocus : résonne encore dans nos oreilles de naïfs bercés par la doxa occidentale au point que l’on croyait tout ce qu’on nous disait -le « on » symbolisant les médias occidentaux. Nous avons comme pour le cinéma hollywoodien vibré et communié avec ceux que l’on nous présentait comme faible avec naturellement le « Zorro » redresseur de torts qui fait qu’on applaudissait à la fin des films. Je veux dans cette contribution « déconstruire » le mythe du mur de Berlin et parler d’un vrai mur, celui de la honte, celui de la force injuste contre le peuple opprimé de Palestine. 

Pourquoi le mur a été construit ?
William Blum nous explique pourquoi le mur a été construit : (...) Pour commencer, rappelons qu’avant que le mur soit construit, des milliers d’Allemands de l’Est faisaient quotidiennement la navette entre Berlin Est et Berlin Ouest pour leur travail, c.-à-d. rentraient chez eux tous les soirs. Ils n’étaient donc aucunement retenus à l’Est contre leur volonté. Le mur a été construit principalement pour deux raisons :
1. L’Ouest était en train de harceler l’Est par une forte campagne de recrutement de professionnels et d’ouvriers hautement qualifiés, qui avaient été éduqués aux frais du gouvernement communiste. Cela finit par provoquer à l’Est une sérieuse crise de la production et de la main-d’oeuvre. À titre indicatif, le New York Times notait, en 1963 : « L’érection du mur a fait perdre à Berlin Ouest à peu près 60.000 ouvriers très qualifiés, qui se rendaient chaque jour de leurs domiciles de Berlin Est à leur lieu de travail de Berlin Ouest ». New York Times, 27 juin 1963, p.12
2. Pendant les années 50, les « guerriers froids » américains de Berlin Ouest ont déclenché une brutale campagne de sabotages et de subversion contre l’Allemagne de l’Est, dont le but était de détraquer sa machine économique et administrative. La CIA et d’autres services militaires d’espionnage US ont recruté, équipé, entraîné et financé des activistes, individuellement ou par groupes, tant à l’Est qu’à l’Ouest, pour exécuter des actions qui, couvrant tout le spectre des possibilités, allèrent du terrorisme à la délinquance juvénile : n’importe quoi qui pût rendre la vie difficile aux citoyens d’Allemagne de l’Est, et affaiblir le soutien qu’ils apportaient à leur gouvernement, n’importe quoi qui pût donner des cocos une mauvaise image. (...)


La chute du mur : pour le meilleur comme pour le pire
La suite est tristement connue. Ce sera la « réunification officielle », en fait une opération de colonisation de l’Est par l’Ouest, où l’ex-RDA sera livrée au capitalisme sauvage et au chômage. L’exemple de Leipzig, capitale industrielle de la RDA, qui rivalisait techniquement avec l’Occident dans les années 60-80, est significatif. « Leipzig ville fantôme » le Courrier International (Paris) « La municipalité incite les propriétaires à faire démolir leurs immeubles, car ils ne les loueront plus jamais », résume Der Spiegel. « Ensuite, ils sont invités à faire don des terrains à la ville. Quant à ceux qui refusent, ils finiront par vendre leur bien, devenu inexploitable, à très bas prix, estiment les urbanistes ». http://www.pcn-ncp.com/dossier/ddr/ddr2.htm
On aurait pensé alors, propagande aidant, que la libération était synonyme de bonheur. Il n’en fut rien. En 1999, USA Today écrivait « Quand le Mur de Berlin est tombé, les Allemands de l’Est se sont imaginé une vie de liberté et d’abondance, où les difficultés auraient disparu. Dix ans plus tard, un remarquable 51% aux élections a fait savoir qu’ils étaient plus heureux sous le communisme ». USA Today, 11 octobre 1999, p.1. Vingt ans plus tard, le capitalisme a pu envahir le monde, se propager à toute allure, matérialisé par des McDo, des parcs d’attractions, des jeans et des chewing-gums. Mais qu’ont-ils véritablement gagné ? Pourquoi ne pas aussi parler d’une absence de chômage, d’une société sans SDF où chacun pouvait trouver sa place, ce que regrettent grandement aujourd’hui les populations d’Europe de l’Est. Sans compter que la pauvreté de la RDA s’explique par le fait qu’elle a dû supporter seule les dommages de guerre dues par l’Allemagne à l’URSS, la RFA étant exonérée et bénéficiant au contraire d’un généreux plan Marshall...Les Allemands de l’Est en sont à redécouvrir l’Ost-algie d’avant... 


Pourquoi ne pas parler des autres murs notamment de celui au Sahara Occidental qui prend en otage les velléités d’indépendance des Sahraouis ? 

 Pourquoi ne pas parler du « vrai mur de la honte » de plusieurs kilomètres qui défigure la Jordanie, obligeant chaque matin des milliers de Palestiniens à faire d’énormes détours pour aller travailler chez les colons israéliens, ou pour rentrer le soir ne sachant pas s’ils peuvent ou non passer selon le bon vouloir et les humiliations au quotidiens de la part des soldats. Un tollé d’indignation n’a rien pu faire ! Il est vrai que la Cour Internationale de Justice a déclaré illégal ce mur et a demandé son démantèlement. Peine perdue. Le mur continue d’être peaufiné : les Palestiniens seront « comme des cafards dans un bocal » pour reprendre l’expression appropriée d’un général israélien...

Le vrai mur de la honte 
Marquant le 20e anniversaire depuis la chute du mur de Berlin, les Palestiniens ont démoli ce vendredi dans le village cisjordanien de Ni’lin, un pan de mur [d’Apartheid] construit par Israël. Lors de la manifestation hebdomadaire contre le mur, qui traverse le centre du village situé dans la région de Ramallah et isole les habitants de 60% de leurs terres agricoles, quelque 300 manifestants ont méthodiquement démantelé une section en béton avant que les forces israéliennes n’ouvrent le feu. Ils ont brûlé des pneus et abattu une dalle de béton de huit mètres de haut en s’aidant d’un vérin mécanique pour voiture.
« Il y a vingt ans, personne n’imaginait que la monstruosité d’un Berlin divisé en deux pourrait jamais être abattue, mais il n’a fallu que deux jours pour le faire », a déclaré Muhib Hawaja, un des manifestants, au journal israélien Yedioth Aharonot. « Aujourd’hui, nous avons prouvé que nous aussi pouvions l’imposer, ici et maintenant. Ce sont nos terres au-delà de ce mur, et nous n’avons pas l’intention d’accepter son existence. Nous triompherons car la justice est de notre côté. »(*)
Pour rappel commencé en juin 2002, le Mur de séparation devrait faire plus de 703 kilomètres de long, soit deux fois la longueur des frontières de 1967 avec la Cisjordanie et quatre fois plus long que le Mur de Berlin. Le Mur atteint à certains endroits 8 mètres de hauteur, plus de deux fois celle du Mur de Berlin. A d’autres endroits, le Mur est constitué d’une barrière métallique électrifiée entourée de tranchées de patrouilles, des fils barbelés et des détecteurs de mouvements. (Comme la ligne Morice en Algérie Ndlr). Le Mur s’enfonce profondément en Cisjordanie, divisant des villes, des villages et leurs périphéries, séparant les familles. Le Mur empêche les paysans palestiniens d’accéder à leurs terres ; les étudiants de se rendre à leurs écoles ; les malades, les personnes âgées et les femmes enceintes d’accéder aux soins de santé de base.

Pourtant, l’Avis consultatif de la CIJ édicté le 9 juillet 2004, est on ne peut plus clair : « L’édification du Mur qu’Israël, puissance occupante, est en train de construire en territoire palestinien occupé, y compris à l’intérieur et autour de Jérusalem-Est, et le régime qui lui est associé, sont contraires au Droit International » (paragraphe 163), ; « Israël est dans l’obligation de mettre un terme aux violations du Droit International dont il est l’auteur ; il est tenu de cesser immédiatement les travaux d’édification du mur qu’il est en train de construire dans le Territoire Palestinien Occupé, y compris à l’intérieur et autour de Jérusalem-Est, de démanteler immédiatement l’ouvrage situé dans ce territoire ; Israël est dans l’obligation de réparer tous les dommages causés par la construction du Mur dans le Territoire Palestinien Occupé, y compris à l’intérieur et autour de Jérusalem-Est. » « Cette construction, s’ajoutant aux mesures prises antérieurement, dresse ainsi un obstacle grave à l’exercice par le peuple palestinien de son droit à l’autodétermination et viole de ce fait l’obligation incombant à Israël de respecter ce droit. » (paragraphe 121) (**).

Tout est dit : nous attendons la justice des hommes.

*. 20 ans après la chute du mur de Berlin, les Palestiniens abattent un pan du Mur d’Apartheid. 7 novembre 2009 sur le site info-palestine.net Ma’an News Agency
**.http://www.oxfamsol.be/fr/Mur-de-se... 10.11.2006



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