Le débat au sein de la blogoma ( facebookoma, twittoma, … merci Star si tu peux nous trouver la bonne syntaxe ) sur la décennie passée est pour le moins constructif. De simples citoyens exposent leurs évaluations sur le règne de Mohamed VI. Impensable il y a 10 ans ( vous me diriez il n’y avait pas Internet ).
J’ai déjà commencé à faire le tour des bouquins sortis à l’occasion, et entamé la série par une lecture du livre de Ali Amar. Je vous propose aujourd’hui deux autres ouvrages : « Le Maroc de Mohammed VI, la transition inachevée » de Pierre Vermeren et « Mohammed VI, une décennie de règne » de Youssef Jebri.
Vermeren est professeur-maître de conférence dans plusieurs universités. Il a enseigné 7 ans au Maroc et publié plusieurs ouvrage sur le pays : « Le Maroc en transition » ( 2001 ), « Histoire du Maroc depuis l’indépendance » ( 2002 ), « La formation des élites marocaines et tunisiennes : des nationalistes aux islamistes 1920-2000 » ( 2002 ). Si Amar a raconté les histoires vécues dans son job de journaliste au « Journal », Vermeen rapporte beaucoup ce qu’il a lu sur tel-quel. N’empêche que malgré la référence, l’auteur apporte sa propre analyse, exhibe des portraits des protagonistes de la « nouvelle » ère et ramène une bibliographie intéressante. L’ouvrage est scindé en deux parties : « un système politique peinant à évoluer » et « une société à la recherche d’elle même sur fond de volontarisme économique ». « Il serait excessif de prêter à Mohammed VI un contrôle sur l’ensemble de ce réseau makhzénien. Mais, par le jeu des alliances, sa connaissance des familles, son pouvoir de nomination et d’influence, … il exerce, avec sa garde rapprochée, une surveillance vigilante sur les trajectoires et les performances … » rapporte l’auteur sur la relation qu’entretient la monarchie avec les familles makhzaniennes et l’élite des « technocrates éclairés, les ingénieurs-managers du roi ». Sur le plan politique, Vermeren avance qu’ en « revanche, en laissant la gauche se fractionner en une dizaine de formations rivales, voire en accompagnant ce mouvement comme aimait à le faire D. Basri, ….laissant concourir en 2002 et 2007 près de 35 formations, dont une bonne moitié contrôlées par des hommes proches du palais » avant de se demander « quelle sera la capacité des forces sociales, des élites montantes et d’une jeunesse pléthorique et remuante à accepter ce cadre ? ». Il explique ici, dans un entretien avec libé ( Maroc ), pourquoi il pense que la transition est inachevée.
Jebri, jeune écrivain marocain établi en France, pense clairement qu’ « après une décennie de pouvoir sans réforme constitutionnelle, il est permis d’écrire, sans grand risque d’erreur, que l’actuelle constitution – toujours octroyée et qui fait de lui un monarque absolu -, convient à Mohammed VI ». « S’il est un domaine où la continuité entre le régime de Hassan II et celui de Mohammed VI est manifeste, il s’agit bien de celui de l’économie. » ajoute l’auteur, non sans équivoque. Alors que Jebri se demande dans l’intro du livre « 1999-2009, une décennie s’est écoulée. Mohammed VI a-t-il réussi son pari, celui de faire entrer son pays dans l’ère de la modernité ? A-t-il réussi, comme il s’était engagé à le faire, à instaurer un véritable Etat de droit », il répond en conclusion, sur un ton confiant « Le pays ne peut en aucun cas être qualifié d’Etat de droit et il est loin d’avoir réalisé sa mue démocratique ». Sur le plan socio-économique, l’auteur souligne l’importance des chantiers ouverts, comme l’INDH, qualifié par le Roi lui même de « chantier de règne ».
Vous aurez suivi certainement la presse nationale, les radios ( médi1 par exemple ) et les télévisions marocaines ( woooow ). Elles ont multiplié les analyses et les chroniques sur les 10 ans de règne. Comme formulé plus haut, bien de simples citoyens ont aussi participé à ce jeu de bilan. Espérons que ce débat public puisse être constructif et saura être ouï. Attendons alors le discours du trône et espérons que les réformes sollicitées soient annoncées !
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