Par : Catherine Constantinides
Lorsque nous parlons de justice climatique, la première chose qui vient à
l'esprit est le sort des petits États insulaires, qui contribuent peu
au réchauffement planétaire, mais souffrent de ses plus graves impacts.
Ou peut-être pensons-nous à des pays vulnérables au climat tels que le
Pakistan, où des millions de personnes risquent de se déplacer en raison
d'inondations sévères.
Mais avec la dernière tranche des négociations climatiques de l'ONU en
cours à Marrakech, n'oublions pas le peuple du Sahara Occidental juste à
côté.
Le Maroc est devenu un acteur clé de la politique climatique
internationale après avoir assumé la présidence de la Conférence des
Nations Unies sur le climat cette année, connue sous le nom de COP22.
Il est troublant et ironique qu'une responsabilité aussi importante ait
été confiée à un pays qui a démontré à maintes reprises son profond
mépris pour le droit international et les Nations Unies et qui demeure
une puissance d'occupation brutale.
Au cas où tous ceux qui sont impliqués dans la politique climatique
internationale – journalistes, diplomates, acteurs de la société civile –
l' oublient : en dépit d'une déclaration de la Cour internationale de Justice
en 1975 a jugé que le Maroc qui n'a aucun droit à revendiquer le
territoire du Sahara Occidental, a illégalement occupé ce
territoire, situé au sud de sa frontière sud, pendant quarante ans.
Un fait remarquable est que le Maroc accorde activement de
nouveaux contrats d'exploration pétrolière à des sociétés étrangères
pour forer illégalement sur terre et en mer au Sahara Occidental ce qui remet en lumière ses véritables intentions.
Déjà, une partie du développement énergétique du Maroc est pillé au
Sahara Occidental. L'énergie produite au Sahara Occidental - sans le
consentement de son peuple - est exportée vers le Maroc. Le palais royal
réglemente le marché énergétique marocain et reçoit d'importants
contrats énergétiques sur le territoire occupé.
Cela contrevient à l'avis juridique de 2002 de l'ONU qui affirme que les
activités d'exploration et d'exploitation des ressources naturelles du
Sahara Occidental ne peuvent être menées que conformément aux intérêts
et aux souhaits du peuple du Sahara Occidental.
Le Maroc n'a pas consulté les populations du Sahara Occidental sur ses
projets d'énergie verte sur leur territoire qui n'en profiteront donc pas. Tout simplement: les actes du
Maroc violent le droit international. Si on ne le met pas sous contrôle,
cela renforcera l'occupation et endommagera le processus de paix.
Les Sahraouis n'ont aucun intérêt à perturber la coopération
internationale essentielle et urgente nécessaire pour faire face à la
crise climatique. Mais il est impératif que tous les acteurs de la
politique climatique internationale comprennent qu'aucun pays ne mérite
moins l'honneur et la responsabilité de guider ces négociations
cruciales que le Maroc: un pays qui a unilatéralement expulsé le
personnel de maintien de la paix de l'ONU et refuse à maintes reprises
de se conformer aux résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU.
Lors de la COP22 à Marrakech, la communauté internationale ne doit pas
permettre au Maroc de balayer les injustices du Sahara occidental sous
le tapis. Les pays responsables, les journalistes et les membres de la
société civile doivent profiter de cette occasion pour faire savoir
qu'ils ne tolèrent pas le comportement du Maroc.
Le Maroc ne commencera à agir en tant que partenaire international
responsable des Nations Unies que face à une forte pression
internationale. D’abord, en acceptant de revenir aux négociations
directes avec le Front Polisario, le représentant internationalement
reconnu du peuple sahraoui, pour organiser un référendum aussitôt que
possible.
En tant que militante du climat, j'ai consacré une grande partie de ma
vie à la poursuite d'un avenir sécurisé pour tout le monde. La lutte
contre le changement climatique est le défi le plus important de notre
temps, mais il ne doit pas être utilisé comme un écran de fumée pour
masquer les injustices perpétrées contre les peuples les plus
marginalisés du monde.
Traduit par : Khalil Asmar
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