Maroc : Le roitelet, le violeur et la benne à ordures
Par la NPA, 2/11/2016
Au Maroc, depuis plusieurs jours, des manifestations de masse ont lieu
dans plusieurs villes. Moins d’un mois après la mascarade électorale
largement boycottée, le peuple reprend le chemin de la rue.
L’élément déclencheur aurait pu être un simple « fait divers » : un
vendeur de poisson, Mouhsine Fikri, âgé d’une trentaine d’années, a vu
ses biens confisqués par la police, le privant ainsi de son gagne-pain,
en dehors de toute procédure légale. Cherchant à les récupérer dans la
benne à ordures, il a été broyé sur l’ordre, semble-t-il, des mêmes
agents d’autorité.
Comme pour Mohamed Bou'azizi en Tunisie en décembre 2010, cet événement,
largement diffusé sur les réseaux sociaux, est apparu comme le symbole
d’un système qui broie les pauvres à tous les niveaux, ainsi que du
sentiment d’impunité qui règne dans les services répressifs et de
l’arbitraire généralisé. Un fait, parmi des centaines d’autres, qui
dévoile le vécu des classes populaires et d’une guerre sociale menée à
leur encontre.
Les manifestations largement spontanées se répandent comme une tache
d’huile. Les initiatives du pouvoir : visite du ministre de l’Intérieur à
la famille du défunt, commission d’enquête etc…ne calment pas la colère
accumulée. La population d’Al Hoceima où les événements se sont
déroulés, garde la mémoire des jeunes assassinés lors de la mobilisation
du Mouvement 20 Février dans la même ville, pour qui aucune justice n’a
été rendue, cinq ans après.
Les mots d’ordres sont plus incisifs : dans de nombreuses villes, le
makhzen (en référence au système administratif et politique sur lequel
s’appuie la monarchie) et le pouvoir central sont ouvertement contestés.
Au même moment, le roi Mohamed VI offre son aide financière pour les
frais de justice et conseille même des avocats au chanteur Saad
Lamjarred, décoré par lui, et mis en examen pour "viol aggravé" à Paris
vendredi 28 octobre. Le « Roi des pauvres » qui viole les droits du
peuple et défend les violeurs présumés apparaît pour ce qu’il est : non
pas au-dessus de la mêlée, mais le sommet d’un édifice policier,
anti-populaire, institutionnalisant la « Hogra » (« l’arbitraire »), la
violence sociale et les discriminations.
A une semaine de l’ouverture des travaux de la COP 22, la situation est
potentiellement explosive. D’ores et déjà, l’image d’un régime stable,
engagé dans la transition démocratique, garant de la paix sociale et des
droits a volé en éclat. Le NPA apporte tout son soutien aux
mobilisations en cours au Maroc, salue la détermination des
manifestant-e-s, réclamant la fin de l‘impunité, de l’arbitraire, des
politique répressives et antipopulaires d’un système soutenu depuis trop
longtemps par l’impérialisme français.
Le NPA apportera toute sa contribution à la solidarité concrète avec les
rebellions en cours et appelle l’ensemble des forces progressistes à y
contribuer.
Montreuil, le 2 novembre 2016
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