MADANIYA
République Arabe Sahraouie démocratique
:
l’historique du conflit 1/2
René Naba
Mardi 1er novembre 2016
Sahara Occidental –
Dossier spécial
Le Maroc
célèbre, le 6 novembre 2016, le 41e
anniversaire de la «Marche Verte»
marocaine (6 novembre 1975) sur fond de
quatre camouflets retentissants dont
trois sur le Sahara occidental :
- La décision de la Cour
de Justice Européenne (CJUE)
annulant le 10 décembre 2015 un
accord entre le Maroc et l’Union
européenne, tranchant en
faveur des indépendantistes, mettant
en question, par ricochet, la
question de la souveraineté du Maroc
sur ce territoire.
- La visite du Secrétaire
général de l’ONU Ban Ki Moom au
Sahara, en mars 2016,
qualifiant le Sahara occidental de
«territoire occupé» en confirmation
de la tendance juridictionnelle
européenne.
- La réception par
l’Egypte d’une délégation du
« Parlement sahraoui », conduite par
son président Khatri Addouh, 8
octobre 2016, à Sharm El
Cheikh, à l’occasion des festivités
marquant le 150e anniversaire de la
création du Parlement égyptien, au
cours de laquelle elle a été reçue
par le président égyptien Abdel
fattah Sissi. Cette rencontre prend
à contre-pied la position officielle
de l’État égyptien, qui avait
indiqué, par la voix de son ministre
des Affaires étrangères Sameh
Choukri, lors d’une visite en 2015
au Maroc, que son pays soutenait
l’intégrité territoriale du royaume
du Maroc.
- Le quatrième camouflet
concernant proprement le Maroc a été
le coup de théâtre infligé
par la Cour de Cassation de France
dans l’affaire du «chantage» au Roi
du Maroc de la part de deux
journalistes français Eric Laurent
et Catherine Graciet, révélant au
grand jour les tortuosités
marocaines dans ses rapports avec la
presse.
En
riposte, le syndicat des pétromonarchies
a décidé de faire cause commune avec le
Royaume chérifien, l’intégrant au sein
du Conseil de Coopération du Golfe, lors
d’un sommet tenu le 21 Avril 2016 à
Riyad, dans une démarche collective dont
l’objectif sous-jacent, au delà de leur
soutien à la position marocaine sur le
Sahara Occidental, est de châtier
l’Algérie dans son refus de participer à
la déstabilisation de la Syrie et de
criminaliser le Hezbollah libanais.
En
contrepoint, l’Algérie, forte de son
succès à la réunion de l’Opep le 28
septembre 2016 à Alger, opère son grand
retour sur la scène diplomatique, après
une décennie de léthargie, se posant
dans une zone constellée d’états
faillis, en facilitateur du règlement
des conflits régionaux, comme ce fut le
cas pour le Mali.
L’Algérie, via la base de Mers El Kebir,
tout comme la Syrie via, la base de
Tartous, accordent des facilités
militaires à la marine militaire russe,
brisant ainsi le monopole de la
navigation des flottes de l’Otan en
Méditerranée, un atout appréciable au
moment où la Russie vient de dépêcher,
en septembre 2016, pour la première fois
depuis l’effondrement de l’Union
soviétique, un porte-avions au large des
côtes syriennes en appui à son aviation
dans sa guerre contre les groupements du
terrorisme islamiste.
La
Russie est à la fois le partenaire
majeur de la Syrie dans sa «guerre
contre le terrorisme», un fléau dont
l’Algérie en a pâti pendant la décennie
1990 et le partenaire majeur de
l’Algérie au Maghreb.
Des
informations de presse non confirmées
officiellement ont fait état de contacts
syro-turcs en Algérie en vue de résorber
le contentieux entre les deux pays, dans
la foulée du rapprochement entre Moscou
et Ankara, à la suite de la tentative de
coup d’état contre le président Erdogan.
Mohammad
VI, pour sa part, a fait mine de prendre
ses distances avec les États occidentaux
qu’il soupçonne d’avoir cautionné la
démarche de BA KI MOON, en fin de
mandat. Dans un discours prononcé, le 20
avril, à Riyad, le souverain chérifien a
adopté une tonalité anti-occidentale qui
tranche avec son positionnement
habituel. Offensif, souverainiste, voire
un tantinet populiste, le Roi a choisi
de s’attaquer, sans les nommer, aux
puissances qui, selon lui, «complotent»
contre les pays arabes stables. Entendre
par là les monarchies arabes (les
pétromonarchies du Golfe, la Jordanie et
le Maroc). Précédé d’un voyage à Moscou,
en mars, le Roi du Maroc a dénoncé un
«automne calamiteux», dans sa première
allusion publique au «printemps arabe»,
dans une démarche qui apparaît comme une
prise de distance avec la stratégie
occidentale.
Au niveau de l’Afrique
Après 32
ans de bouderie, le Maroc a fait part,
en juillet 2016, de son intention de
réintégrer le forum africain, dans sa
nouvelle version l’Union Africaine, à
l’occasion du sommet de Kigali. Le Maroc
avait quitté l’OUA en 1984 en signe de
protestation contre l’admission de la
République sahraouie, mais la politique
de la chaise vide ne parait pas avoir
été payante, à en juger par le virage
diplomatique à 180 degré opéré par la
diplomatie chérifienne.
Mohammed
VI a entrepris à la mi octobre 2016 une
tournée en Afrique anglophone (Ethiopie,
Rwanda, Tanzanie), la première du genre
depuis son accession au trône il y a 16
ans, en vue d’améliorer la position
diplomatique de son Royaume, dans une manœuvre de contournement qui s’inscrit
dans le prolongement de sa politique de
partenariat avec les pays subsahariens,
comme le Sénégal ou le Gabon, où il a
vécu du temps de l’exil de son père, ou
encore le Congo. Depuis 1984, plus de
30 pays dans le monde, dont les
Seychelles, le Malawi, le Bénin ou
encore le Tchad, sont revenus sur leur
reconnaissance de la RASD.
Retour
sur ce dossier qui empoisonne les
relations de l’Algérie et du Maroc
depuis 41 ans. Un conflit qui risque de
perdurer en raison des positions
apparemment irréconciliables des ses
deux protagonistes majeurs, Rabat
privilégiant le «Grand Maroc» au «Grand
Maghreb» et Alger la priorité de son
débouché maritime sur l’Atlantique, via
la RASD, alors que le chef historique du
mouvement indépendantiste sahraoui vient
de décéder le 31 mai 2016 des suites
d’une longue maladie.
L’historique du conflit
La
République Arabe Sahraouie Démocratique
(RASD), proclamée le 27 février 1976,
par le Front Polisario, est un
territoire de 266 000 km² du nord-ouest
de l’Afrique, bordé par la province
marocaine de Tarfaya au nord, l’Algérie
au nord-est, la Mauritanie à l’est et au
sud, tandis que sa côte ouest donne sur
l’Atlantique.
Frontalier de l’Algérie sur 42 km, de la
Mauritanie sur 1561 km, et du Maroc sur
443 km, les zones de contrôle du Maroc
et du Polarisation sont séparées par un
mur de sable, construit par les
Marocains avec l’aide d’experts
israéliens et américains.
La zone
sous contrôle marocain se trouve à
l’ouest du mur, la zone sous contrôle du
Polisario à l’est. Le mur mesure plus de
2 000 km de long et permet de bloquer
les véhicules. Il est composé d’une
série de barrières fait de deux remblais
de sable de 3 m de haut protégés par des
champs de mines et de fortifications
placées tous les 5 km.
41 ans après la proclamation de son
indépendance, cette ancienne colonie
espagnole n’a toujours pas trouvé de
statut définitif sur le plan juridique.
Le
Sahara occidental est en effet en proie
à un conflit opposant les
indépendantistes sahraouis du Front
Polisario au Maroc qui revendique sa
souveraineté sur l’ensemble du
territoire. Il figure sur la liste des
territoires non autonomes selon l’ONU
depuis 1963, suite à une demande du
Maroc. Depuis l’entrée en vigueur du
cessez-le-feu de 1991, le statut final
du Sahara occidental reste à déterminer.
Devenu un enjeu global illustrant la
rivalité entre le Maroc et l’Algérie, le
dossier saharien bloque toujours la
construction de l’Union du Maghreb arabe
(UMA).
Le Front
Polisario est un mouvement dont
l’objectif est l’indépendance totale du
Sahara occidental, revendication
soutenue par l’Algérie, avait proclamé
l’indépendance du territoire dans la
foulée du retrait espagnol de cette
enclave, en 1974. D’une superficie de
266.000 km2 pour une population de
519.415 habitants, soit une densité de
1,85 habitant par km2, le sahraoui parle
arabe ou berbère. Sa monnaie nationale
est la Peseta Sahraouie, monnaie
commémorative frappée occasionnellement
mais non utilisée dans les échanges
commerciaux. Sa monnaie d’usage demeure
le Dirham marocain, à tout le moins dans
le secteur marocain du Sahara.
Depuis
le cessez-le-feu de 1991, le Maroc
contrôle et administre environ 80 % du
territoire, tandis que le Front
Polisario en contrôle 20 % laissés par
le Maroc derrière une longue ceinture de
sécurité, le «mur marocain».
La période pré coloniale
En 1048,
des Berbères de l’ouest du Sahara
(actuelle Mauritanie) se coalisent sous
l’impulsion d’un prédicateur malékite
marocain, Abdallah Ibn Yassine et d’un
chef local et fondent le mouvement
almoravide.
Ils conquièrent et unifient les tribus
du Sahara occidental entre 1042 et 1052,
puis s’emparent du Maroc actuel (alors
éclaté en petits émirats à la suite de
la chute de l’empire chérifien des
Idrissides) et d’une grande partie de la
péninsule Ibérique (Al-Andalous).
Les
Almoravides ont pour capitale et base
Marrakech. À leur chute aux mains des
Almohades (1147), -Al Mouwahaddine /Les
unificateurs- le territoire perd son
organisation.
Au XVe siècle et XVIe siècle, les
Portugais et les Espagnols installent
des forts sur la côte, mais en sont
chassés après quelques décennies.
Au XVIe siècle, les Saadiens ouvrent une
nouvelle période d’influence du Maroc
sur le Sahara occidental, qui se traduit
par de multiples liens juridiques
d’allégeance entre le sultan du Maroc et
certaines des tribus vivant sur le
territoire du Sahara occidental.
Le Sahara espagnol
En 1884,
l’Espagne place ce territoire sous son
protectorat. La prise de contrôle est
confirmée par la conférence de Berlin de
1884-1885. Elle établit des comptoirs
commerciaux et une présence militaire.
Les frontières ne sont pas clairement
définies, jusqu’au traité entre la
France et l’Espagne, datant du début du
XXe siècle. Les tribus locales luttent
contre la puissance coloniale avec
l’aide du sultan marocain. Cet appui
cesse lorsque ce dernier est soumis à un
protectorat franco-espagnol en 1912.
Le Sahara espagnol est créé à partir des
territoires de Río de Oro et de Saguia
el-Hamra en 1924. Il est administré en
commun avec le protectorat de cap Juby
(Tarfaya) et séparément des territoires
appelés Maroc espagnol.
Dès
1965, l’ONU pousse l’Espagne à
décoloniser ce territoire ainsi que le
protectorat de cap Juby (tarfaya) et
l’enclave d’Ifni, et dans ce but engager
des consultations avec le Maroc. Mais
l’Algérie est alors en conflit ouvert
avec le Maroc au sujet du tracé de leur
frontière commune (guerre des sables,
1963).
De plus, le Maroc et la Mauritanie ont
aussi des revendications territoriales
opposées sur ce territoire, le Maroc
refuse de reconnaître la Mauritanie. De
ce fait, les trois voisins du Sahara
occidental ne parviennent pas à créer un
front commun face à l’Espagne qui
perpétue ainsi sa domination.
Le règlement du conflit algéro-marocain
et un accord conclu entre le Maroc et la
Mauritanie permettent d’unifier le front
anti-espagnol. Parallèlement, plusieurs
groupes locaux se lancent dans la
résistance armée aidé par l’armée de
libération nationale marocaine issue de
la lutte populaire marocaine contre
l’occupation hispano-française du Maroc.
La guerre du Sahara occidental
En 1975,
un avis consultatif de la Cour
internationale de justice confirme
l’existence de liens historiques entre
les populations du Sahara occidental et
le Maroc, ainsi que l’ensemble
mauritanien, mais conclut qu’ils ne sont
pas de nature à empêcher un référendum
d’autodétermination, en y rendant
inapplicable la notion de terra nullius.
Quelques jours après cet avis, Hassan
II, Roi du Maroc organise la marche
Verte (6 novembre 1975) pour marquer la
volonté d’une souveraineté marocaine sur
ce territoire. Ceci amène l’Espagne à
signer les accords de Madrid avec le
Maroc et la Mauritanie, le 14 novembre
1975, pour officialiser le partage du
territoire.
Le Maroc obtient les deux tiers nord, et
la Mauritanie le tiers sud ; l’Algérie
et les Sahraouis ne sont pas consultés.
La bataille d’Amgala en 1976 entre
forces marocaines et algériennes sur le
territoire du Sahara occidental montre
le soutien actif de l’Algérie au
Polisario.
Entre
fin 1975 et 1976, des dizaines de
milliers de Sahraouis quittent le Sahara
occidental, fuyant la guerre vers les
camps de réfugiés de Tindouf en Algérie,
encadrés par le Polisario.
Après le putsch en Mauritanie qui
renverse Moktar Ould Daddah en juillet
1978, le Front Polisario déclare un
cessez-le-feu unilatéral avec
Nouakchott.
Le cessez-le-feu est approuvé par l’ONU
et le 10 août 1979 un traité de paix est
signé dans lequel la Mauritanie cède sa
partie du Sahara au Front Polisario. Le
14 août 1979, le Maroc annonce
l’annexion de l’ancien territoire
mauritanien.
Dans la décennie 1980, le Maroc érige un
mur de défense qui sépare le territoire
en deux, les 20 % à l’est du mur étant
désormais sous le contrôle du Front
Polisario. Une guerre d’embuscades avec
le Front Polisario prend fin en 1991
suite à un cessez-le-feu favorisé par la
médiation de l’Organisation des Nations
unies ; un référendum organisé par les
Nations unies sur le statut final a été
reporté à plusieurs reprises.
Depuis
le départ des Espagnols, l’ONU considère
que le Sahara occidental est un
territoire sans administration. En 2002,
un avis de droit de Hans Corell,
vice-secrétaire général aux questions de
droit, conclut que le Maroc n’est pas la
puissance administrante du territoire.
Le document S/2002/161 indique16 : «Le
14 novembre 1975, une déclaration de
principes sur le Sahara occidental a été
signée à Madrid par l’Espagne, le Maroc
et la Mauritanie (l’accord de Madrid).
En vertu de cette déclaration, les
pouvoirs et responsabilités de
l’Espagne, en tant que puissance
administrante du territoire, ont été
transférés à une administration
tripartite temporaire.
L’accord
de Madrid ne prévoyait pas de transfert
de souveraineté sur le territoire ni ne
conférait à aucun des signataires le
statut de puissance administrante,
statut que l’Espagne ne pouvait
d’ailleurs unilatéralement transférer.
Le transfert des pouvoirs administratifs
au Maroc et à la Mauritanie en 1975 n’a
pas eu d’incidence sur le statut du
Sahara occidental en tant que territoire
non autonome.»
À partir
de 2003, certains documents de l’ONU
qualifient le Maroc d’«autorité
administrante», ce qui lui donnerait le
droit d’exploiter les ressources
naturelles du territoire, par exemple
d’autoriser des concessions pétrolières.
Le gouvernement de la RASD se revendique
lui aussi puissance administrante du
territoire.
Dans un rapport publié en 2006 par Kofi
Annan, alors secrétaire général des
Nations unies, il est indiqué qu’aucun
État membre de l’ONU ne reconnaît la
souveraineté du Maroc sur le Sahara
occidental.
Situation politique
Le
Sahara occidental est un enjeu majeur de
la rivalité entre le Maroc et l’Algérie.
Le Maroc accuse celle-ci de chercher une
ouverture sur l’océan Atlantique, tandis
que l’Algérie affiche la volonté
d’endiguer ce qu’elle a appelé
«l’expansionnisme chérifien», «grave
danger» pour tous les voisins de l’Est
et du Sud.
La rivalité a longtemps été entretenue
dans le contexte de la guerre froide, le
Maroc étant soutenu par l’Europe
occidentale, les États-Unis, les
monarchies du golfe Persique ainsi que
par Israël, tandis que l’Algérie était
appuyée par le Bloc de l’Est, notamment
l’URSS et Cuba.
Position marocaine
Le
Sahara occidental est considéré par le
Maroc comme constituant ses provinces du
Sud (dit Sahara marocain). Ce pouvoir
est revendiqué comme historique et légal
par le Maroc sur cette partie du Sahara.
Le Maroc rejette les conclusions de
l’avis consultatif de la Cour
internationale de justice de 1975 :
selon lui, la cour a commis une erreur
d’interprétation en cherchant à utiliser
un cadre juridique occidental.
Les liens d’allégeance historiques
exprimés par de nombreux chefs sahraouis
sont constitutifs de la nation marocaine
comme de l’appartenance du Sahara
occidental au Maroc, et il n’existe pas
d’autre source historique de
souveraineté. Les échanges commerciaux
dans le territoire était monnayés en
Dirhams marocains, les chefs locaux
étaient désignés par le Maroc, et il
existe aussi des archives de traités de
libre-échange entre le Maroc et
certaines nations européennes à la fin
du XIXe siècle qui mentionnaient le
territoire du Sahara occidental comme
étant une partie intégrante du Maroc.
La
question du Sahara occidental est
également un facteur majeur de stabilité
politique au Maroc : selon les
autorités, le rattachement du territoire
fait l’objet d’un consensus national, et
un gouvernement qui agirait à l’encontre
de ce consensus se heurterait
immédiatement à une forte hostilité de
la population.
Le Maroc
affirme que le Polisario n’est qu’une
marionnette aux mains de l’Algérie qui
est le véritable protagoniste dans
l’affaire, de par ce fait, elle a été
pendant longtemps la seule partie avec
laquelle le Maroc était prêt à négocier.
Il ne reconnaît pas le Polisario comme
organisme représentatif de la population
sahraouie.
Après des contacts officieux, le Maroc a
accepté de traiter directement et
officiellement avec le Polisario en 2007
en tant qu’un des protagonistes du
conflit.
Le Maroc
n’a cessé de répéter dans toutes les
grandes instances internationales sa
position concernant ce qu’il considère
être l’utilisation des populations
sahraouies «marocaines» comme moyen de
marchandage (aides ONG détournées,
esclavagisme dans les camps), une
liberté de mouvement quasi nulle, une
surestimation du nombre de réfugiés avec
le refus catégorique du Polisario de les
recenser, et le détournement de l’aide
humanitaire destinée aux populations des
camps.
Malgré cela, quelques milliers de
Sahraouis ont rallié le Maroc, soit à
partir des Îles Canaries (Espagne), soit
depuis la Mauritanie.
Parmi eux, des cadres du Polisario, qui
ont par la suite dénoncé «un mouvement
totalitaire marxiste du temps de la
Guerre Froide» et «des graves violations
des Droits de l’Homme dans ces camps».
En 2006,
le Maroc a décidé de donner à ce qu’il
considère comme son territoire une
autonomie interne, et a confié au
Conseil royal consultatif pour les
affaires sahariennes (CORCAS) l’étude
des possibles statuts d’autonomie dans
la région. Cependant, le Polisario et
l’Algérie refusent toute solution qui ne
comporte pas l’option de l’indépendance
du territoire contesté.
Le Maroc
préconise une large autonomie dans le
cadre de la souveraineté du royaume
alaouite pour résoudre le conflit.
La proposition d’autonomie du Sahara
occidental est soutenu par plusieurs
pays comme les États-Unis, la France,
l’Espagne ainsi que la majeure partie
des pays faisant partie de la Ligue
arabe, à prépondérance monarchique.
Position du Polisario
Pour le
Polisario, le Sahara occidental est un
«territoire occupé», dont le
gouvernement légitime est la République
arabe sahraouie démocratique (RASD). Le
Polisario appelle au droit
d’autodétermination du peuple sahraoui,
qui doit pouvoir s’exprimer dans un
référendum. Bien que l’ONU ne
reconnaisse pas la RASD comme État, elle
considère que le Polisario est une des
parties impliquées dans le conflit. La
RASD fait partie de l’Union africaine
mais n’est reconnue ni par la Ligue
arabe, ni par aucun pays européen ou
membre permanent du Conseil de sécurité
de l’ONU.
Position algérienne
Après le
retrait de l’Espagne et l’annexion par
le Maroc et la Mauritanie, l’Algérie
aide les indépendantistes dans leurs
revendications à l’indépendance, et
accueille une majorité des réfugiés
sahraouis. Elle est pour la mise en
application des résolutions de l’ONU
concernant l’organisation d’un
référendum du peuple sahraoui sous les
auspices de l’ONU. En 1976, l’armée
algérienne a été directement impliquée
dans le conflit, lors de confrontations
à Amgala, avant de se retirer
militairement. L’Algérie a continué de
soutenir financièrement et
diplomatiquement le Front Polisario et
est le dixième pays à avoir reconnu la
RASD.
Sa
position officielle est «qu’elle n’a pas
de revendications territoriales sur le
Sahara occidental, qu’elle n’est pas
partie prenante dans le conflit qui
oppose la RASD et le royaume du Maroc,
et que son soutien aux indépendantistes
sahraouis relève de ses principes d’aide
à tous les peuples qui luttent pour la
décolonisation de leur pays à travers le
monde».
Position de l’ONU
En 1963,
le Sahara occidental a été inscrit, à la
demande du Maroc sur la liste des
territoires non autonomes selon l’ONU,
alors qu’il était encore une colonie
espagnole. Le territoire a toujours
conservé ce statut depuis.
L’ONU est directement impliquée depuis
1988, lorsque le Maroc et le Polisario
se sont mis d’accord pour la tenue d’un
référendum d’auto-détermination, afin
d’obtenir une issue pacifique au
conflit. En 1991, l’ONU a obtenu un
cessez-le feu entre les belligérants,
selon un calendrier qui stipulait la
tenue du référendum l’année suivante.
Suite à des désaccords incessants sur la
composition des listes électorales, ce
référendum n’a pas encore eu lieu.
En avril
2007, le Conseil de sécurité des Nations
unies adopte une nouvelle résolution (n°
1754) qui engage les parties à négocier
« en vue de parvenir à une solution
politique juste, durable et mutuellement
acceptable qui permette
l’autodétermination du peuple du Sahara
occidental». Ces négociations directes
se déroulent depuis à Manhasset dans
l’État de New York.
Le 21
avril 2008, l’envoyé spécial du
secrétaire général de l’ONU, Peter van
Walsum déclare que l’indépendance du
Sahara occidental, n’était, à ses yeux,
pas «un objectif atteignable». Il estime
en effet qu’en l’absence de «pression
sur le Maroc pour qu’il abandonne sa
revendication de souveraineté», un
«Sahara occidental indépendant n’était
pas une proposition réaliste».
Le 30
avril 2008, le Conseil de sécurité des
Nations unies adopte la résolution 1813
qui «fait sienne la recommandation
formulée dans le rapport selon laquelle
il est indispensable que les parties
fassent preuve de réalisme et d’un
esprit de compromis afin de maintenir
l’élan imprimé au processus de
négociation.
Position de l’Union africaine
Pour
l’Union africaine (ancienne Organisation
de l’unité africaine), la RASD est un
État membre avec toutes ses
prérogatives. La décision de l’OUA
d’accepter la RASD comme membre en 1982
a conduit le Maroc à quitter
l’organisation en 1985. Le Maroc reste
le seul pays africain non membre de l’UA
pour sa non-adhésion au principe de
l’intangibilité des frontières héritées
de la colonisation.
Cependant, la position de l’Union
africaine n’est pas partagée par de
nombreux pays membres qui ne
reconnaissent pas la RASD.
Selon la
direction générale de l’aide humanitaire
(ECHO) de la commission européenne, 155
430 réfugiés sahraouis se trouvent dans
les camps de Tindouf, en Algérie.
Le Haut-Commissariat des Nations unies
pour les réfugiés en nourrit 90 000. Le
Maroc conteste ces chiffres, et un
ancien membre du Front Polisario parle
de 25 000 réfugiés.
Les quatre principaux camps sont nommés
El Aaiun, Awserd, Smara et Dakhla,
d’après des villes du Sahara occidental.
Il existe également des communautés
réfugiées en Mauritanie, aux îles
Canaries, en Espagne métropolitaine et à
Cuba.
Le Maroc, qui considère que le Sahara
occidental fait partie de son
territoire, l’a inclus dans les trois
provinces du Sud :
- Guelmim-Es Smara (en partie)
- Laâyoune-Boujdour-Sakia el Hamra
(en partie)
- Oued Ed-Dahab-Lagouira (en
totalité)
Ce
découpage régional n’est pas reconnu
internationalement, et les régions
marocaines couvrent également le
territoire situé au delà du mur
marocain, qui est sous contrôle effectif
du Front Polisario.
L’essentiel de la population se trouve à
Laâyoune (env. 200 000 habitants).
Principales villes du Sahara occidental
sont:
- Laâyoune (El
Aaiun) = 183.691
- Dakhla (Ad
Dakhla, Villa Cisneros) = 58.104
- Smara (Semara)
= 40.347
- Boujdour =
36.843
Sous contrôle du Front Polisario
Aucune
statistique récente de population n’est
disponible pour les localités sous
contrôle du Polisario. La population
totale représente au plus quelques
milliers de personnes, en majorité
nomades : Agwanit, Amgala, Bir Lehlou,
capitale temporaire de la RASD, Bir
Tirrissit, Dougaj, Mehaires, Mijek.
Illustration
Fig. 1.
Détail de la « General Map of
Africa ». E. Hertslet, Map of Africa
by Treaty, Printed for Her Majesty’s
Stationery Office, 3e édition,
1909.
© madaniya.info -
Tous droits réservés.
Reçu de René Naba pour publication
Le sommaire de René Naba
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