Monjib agace le régime de la tyrannie avec sa plume et ses activités, doté en plus d’une vraie crédibilité de défenseur des libertés, des droits de l’homme et de la démocratie. Et cela d’autant plus qu’il publie dans la presse étrangère anglophone.
Monjib irrite le régime à cause des efforts intellectuels déployés dans le cadre du Centre Ibn Rochd. Ce centre était le premier qui a fait connaître au Maroc, et peut-être dans toute la région arabe, la pensée de la militante marxiste révolutionnaire américaine d’origine russe et secrétaire de Trotski dans les années 1930 [Raya Dunayevskaya, NdT], en traduisant en arabe son texte « Marxisme et Liberté ». (3) Il poursuit toujours ses efforts de traduction de la pensée radicale. Le centre a été la cible de harcèlement et d’interdiction ce qui l’a forcé à se dissoudre en novembre 2014.
La contribution de Monjib dans la presse intéressée par l’histoire du Maroc est centrée sur les penseurs de gauche et l’histoire des luttes au Maroc.
Lorsque la rue marocaine s’est mise à bouger sous l’effet du processus de lutte qui a traversé la région en 2011, Maâti Monjib était membre du Conseil national de soutien au Mouvement du 20 Février.
La tyrannie ne supporte pas les véritables voix de l’opposition. Elle ne supporte d’ailleurs même pas celles provenant de positions libérales. Ceux-ci ne mettent pourtant pas en cause le système du capitalisme dépendant au Maroc. Nombreux sont les opposants qui se situent pourtant très loin du socialisme révolutionnaire — partisans qu’ils sont d’une monarchie « rationalisée » qui protège le capitalisme dépendant et apporte plus de démocratie formelle au pouvoir des détenteurs des capitaux. Ceux-ci font néanmoins l’objet de persécutions. Parmi les plus connus d’entre eux on peut citer le journaliste Aboubakr Jamaï et Ali Anouzla.
L’autoritarisme étouffe toute personne qui ne chante pas les louanges de la démocratie hassanienne (4). D’autres intellectuels enfermés dans leur tour d’ivoire, qui n’ont rien à voir avec les organisations de lutte ouvrières et populaires, mais qui tiennent beaucoup à leur indépendance vis-à-vis du régime, furent eux aussi vus de très mauvais œil par ce dernier qui les harcèle et tend à les réduire au silence.
Pour arrêter ses adversaires, le régime se sert de toutes sortes d’alibis non politiques puisqu’il ne trouve pas de justifications politiques convaincantes pour l’opinion publique (notamment à l’extérieur du pays).
Dans le cas de Monjib, l’Etat alimente la suspicion d’irrégularités financières au centre Ibn Rochd. Une manœuvre qui ne trompe personne. Qui ignore encore que cet État avec ses services de renseignements très efficaces laissent sévir les pilleurs dans plusieurs associations de ladite société civile mais font pression sur Monjib pour qu’il s’aligne dans le rang des flagorneurs, qui veulent accumuler des richesses.
La solidarité avec Monjib est un devoir primordial pour tout défenseur des libertés et de la démocratie. Son état met toutes les organisations militant pour les droits humains, syndicaux et politiques, devant l’examen de leur fidélité à leurs principes fondateurs.
La vie de Monjib est en danger !
Ce qui reste de nos libertés est en danger !
Solidarité avec Monjib !
A bas la tyrannie !
Almonadil-a (Maroc)
Le 25 octobre 2005
Notes :
1. Monjib Maati,"La Monarchie marocaine et la lutte pour le pouvoir : Hassan II face à l’opposition nationale, de l’indépendance à l’état d’exception, préface de Gilles Perrault. L’Harmattan, Paris, 1992 (NdT).
2. Driss Basri, est un ancien puissant ministre de l’Intérieur du roi Hassan II pendant un quart de siècle. Son nom a été fortement associé aux années de plomb. Il est mort à Paris, en France, le 27 août 2007.
3. Raya Dunayevskaya, « Marxisme et Liberté » https://www.marxists.org/francais/dunayevskaya/works/1957/09/preface.htm
4. La démocratie de Hassan II, celle qui a entériné son pouvoir quasi absolu ! (NdT).
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