Tel-Aviv (AFP)
Des milliers d'Israéliens ont manifesté samedi à Tel-Aviv pour une
reprise des négociations avec les Palestiniens à l'occasion du 20e
anniversaire de l'assassinat de l'ancien Premier ministre Yitzhak Rabin,
grande figure de l'effort de paix, a constaté un journaliste de l'AFP.
L'organisation la Paix maintenant et d'autres groupes favorables à
une solution "à deux États" appelaient au rassemblement alors que les
perspectives de règlement de l'un des plus vieux conflits de la planète
ont rarement paru plus sombres. Une récente vague de violences fait même
craindre une nouvelle intifada.
Les manifestants sont partis de la place portant le nom M. Rabin,
devenu Premier ministre en 1992 et tombé le 4 novembre 1995, à 73 ans,
sous les balles d'un fanatique juif orthodoxe, Yigal Amir.
Celui-ci s'opposait aux accords d'Oslo de 1993 qui créaient
l'Autorité palestinienne, préfiguration d'un Etat. Ils avaient valu en
1994 le Nobel de la paix à M. Rabin, au président israélien Shimon Peres
et au leader palestinien Yasser Arafat.
Le 20e anniversaire de l'assassinat du Premier ministre
travailliste qui provoqua un choc immense en Israël commence samedi soir
selon le calendrier juif.
"La voie qui s'est arrêtée en 1995 (avec l'assassinat de Rabin)
reste plus que jamais celle à suivre aujourd'hui", a dit à l'AFP une
porte-parole de la Paix maintenant, Anat Ben Nun. Les violences "que
nous voyons aujourd'hui sont complètement liées à la voie qui n'a pas
été prise après 1995".
Tova K., 62 ans, dit être venue manifester "contre le gouvernement,
la violence, les incitations à la haine, la colonisation et pour le
retour aux négociations entre Arabes et Israéliens". Pour elle, "la
situation n'a jamais été aussi mauvaise et le principal problème, c'est
Netanyahu".
"Il joue avec la peur des gens", renchérit Sharon, 47 ans.
"C'est bien plus facile pour les gens de répondre à l'appel de la
peur et de la haine. Nous ne haïssons ni ne redoutons personne", estime
de son côté Dov Kredo, 60 ans, alors que la foule reprend en chœur "Les
juifs et les Arabes ne veulent pas se haïr".
Jérusalem, les Territoires occupés et Israël sont en proie à un
enchaînement de violences qui a fait 53 morts Palestiniens et Arabes
israéliens et huit morts israéliens depuis le 1er octobre.
L'absence de tout horizon politique et la concomitance entre ces
violences et la date anniversaire du 4 novembre 1995 ont favorisé en
Israël une réflexion historique sur les accords d'Oslo. Elles ont aussi
donné lieu aux parallèles entre le climat d'antagonisme politique de
l'époque et celui d'aujourd'hui.
La signature des accords d'Oslo, l'appel à un retrait des soldats
israéliens d'une partie des Territoires palestiniens et la poignée de
mains historique entre Rabin et Arafat sous le regard du président
américain Bill Clinton le 13 septembre 1993 avaient profondément divisé
les Israéliens.
L'actuel Premier ministre de droite Benjamin Netanyahu est accusé
par la gauche d'avoir encouragé indirectement la haine en brandissant
des images de Rabin dans l'uniforme nazi au cours de discours devant des
foules.
La crainte de nouveaux agissements d'extrémistes de droite a été
ravivée ces derniers mois par une série d'attaques qui ont culminé cet
été avec la mort d'un bébé palestinien et de ses parents dans un
incendie criminel en Cisjordanie.
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