«L’homme qui voulait parler au Roi»
L’ancien champion de kick-boxing accuse
L’ancien champion du monde de kickboxing, Zakaria Moumni, qui a porté plainte en France pour torture contre le patron du contre-espionnage marocain et qui est à l’origine d’une brouille diplomatique entre Paris et Rabat, s’explique dans un livre qui a paru hier en France.
«J’ai longtemps cru en Mohammed VI. Je l’aimais bien», affirme l’ancien
boxeur qui a renoncé à la nationalité marocaine pour prendre la
nationalité française, dans son livre L’homme qui voulait parler au roi,
publié chez Calmann-Lévy. Champion du monde de kick-boxing light
contact en 1999, il dénonce la corruption qui «empoisonne», selon lui,
la Fédération sportive marocaine de kick-boxing. Affirmant avoir été
mis sur la touche à la suite de ces accusations, il décide d’en référer
au roi. Mais toutes ses tentatives d’approcher le souverain demeurent
vaines, explique-t-il. Émigré en France en 2007, l’ex-champion du monde
cherche toujours à contacter le roi... toujours en vain.
En janvier 2010, il ira manifester seul sous les grilles du château de
Mohammed VI dans l’Oise, au nord de Paris. Interpellé une première fois
en 2010 à Casablanca lors d’une visite au Maroc, Zakaria Moumni est
«enlevé» à l’aéroport de Rabat par des agents de la Direction générale
de la Surveillance du territoire (DGST) du Maroc lors d’une seconde
visite dans le royaume en septembre 2010. Durant quatre jours,
avance-t-il, il sera torturé. Il est détenu au secret à Témara, siège de
la DGST.
Il sera finalement condamné dans une affaire d’escroquerie à 30 mois de
prison au terme d’un procès qualifié d’«inéquitable» par Human Rights
Watch. Ses aveux ont été arrachés sous la torture, dit-il. Libéré en
février 2012 après une grâce royale, il retourne en France. En février
2014, il dépose plainte pour torture en visant notamment Abdellatif
Hammouchi, patron de la DGST, qu’il accuse d’avoir assisté aux sévices
qu’il aurait subis. Rabat dénonce en retour des «mensonges» et un
«chantage» de Zakaria Moumni à l’encontre de l’État marocain. Cette
plainte et d’autres visant également M. Hammouchi ont entraîné une grave
crise diplomatique entre Paris et Rabat.
Le Maroc avait protesté quand, en février 2014, après la plainte de M.
Moumni, des policiers français s’étaient rendus à la résidence de
l’ambassadeur du Maroc à Neuilly-sur-Seine pour notifier au patron de la
DGST — en visite en France — une convocation d’un juge d’instruction.
La coopération franco-marocaine a repris en janvier 2015, après que le
Parlement français eut adopté un accord judiciaire qui prévoit notamment
d’instruire prioritairement au Maroc les plaintes des binationaux
franco-marocains. Mais, soutient M. Moumni, sa plainte contre
Abdellatif Hammouchi, antérieure à cet accord, demeure valable.
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