Au Maroc, un homme perçu comme homosexuel lynché
MAROC - Un jeune Marocain s'est fait violemment agresser par de très nombreuses personnes, lundi soir, dans une rue passante de Fès. Son attitude et ses vêtement auraient déplu à la foule. Une nouvelle illustration de la crispation de la société marocaine sur certains sujets sociétaux.
Les
vidéos montrent toutes, plus ou moins, la même chose, sous différents
angles. Un jeune homme présenté comme homosexuel qui se fait violemment
agresser pour cette raison, lundi soir, par une foule menaçante à qui
l’attitude aurait déplu. Forcé de se réfugier dans un taxi, il en sera
extirpé de force par des hommes, puis roué de coups avant de réussir à
s’enfuir. Un policier interviendra alors et brandira son arme pour
repousser la foule. Diffusée par le site Goud.ma, une des vidéos recense près de 500.000 vues en 24 heures.
A LIRE AUSSI >> Deux hommes condamnés à 4 mois de prison pour un baiser en public
Le jeune homme envisage de porter plainte
Si la vidéo est encore en cours d'authentification, Mustapha Jebbour confirme auprès de metronews qu'il y a bien eu un jeune garçon lynché par la foule, lundi soir, dans les rues de la ville. Et que la vidéo qui circule pourrait bien être celle de l'agression. "Le jeune garçon, un marocain dans la trentaine qui habite la ville, s'est fait attaquer à coups de poing et de pieds par une foule proche de l'hystérie. Pas une personne ne s'est élevée pour demander l'arrêt des violences. C'est terrible". La raison de ce déferlement de violence et de haine ? "La façon dont il était habillé qui leur a déplu", des vêtements considérés comme efféminés et associés par la foule à l'homosexualité. Hanan de son pseudonyme, qui signifie "la tendresse" en marocain, est sous le choc, d'après Mustapha Jebbour, qui précise que le jeune garçon devrait porter plainte prochainement.
Plusieurs médias décrivent une scène d'une "rare violence [qui laisserait] croire que les Daechiens [djihadistes du groupe Etat islamique, ndlr] sont parmi nous" commente le360.ma qui se présente comme un site d’informations généraliste. Et qui en rajoute une couche dans un article consacré à la vidéo : "Non, cette scène de barbarie ne sort pas d’une vidéo tournée dans une bourgade syrienne sous le contrôle de Daech mais s’est déroulée chez nous, avenue Hassan-II à Fès". Sous la vidéo, certains commentaires se distinguent par leur violence : "Il n’y a pas de place pour les homos dans les territoires musulmans [pénalement répréhensible au Maroc, ndlr] parce que c’est la volonté d’Allah", écrit un internaute. "S’il veut vivre comme il est, il n’a qu’à aller en Europe, c’est aussi simple que ça", embraye un second.
A LIRE AUSSI >> Au Maroc, deux étudiantes risquent la prison pour des jupes jugées trop courtes
Le ministère de la justice ouvre une enquête
Ce lynchage violent s’inscrit dans un contexte particulier au Maroc où les tensions sont vives autour des droits des homosexuels ou de l’émancipation des femmes ; depuis le début de l’année, deux gays ont été condamnés à 4 mois de prison pour un baiser, un hebdomadaire marocain a provoqué un tollé en s'interrogeant sur "faut-il brûler les gays" et deux étudiantes risquent la prison pour des jupes jugées trop courtes.
Devant le scandale provoqué par la vidéo, le ministère marocain de la Justice a annoncé mardi après-midi l'ouverture d'une enquête, et promis que des poursuites seraient engagées contre les auteurs de l'agression. "Le dossier sera traité avec fermeté envers ceux qui essaient de se substituer à la loi", assure le ministère dans un communiqué. Une réaction a minima pour l'association de défense qui dénonce cette agression et pointe la responsabilité globale de l'Etat qui ne réagit pas fermement devant ce genre de violences.
A LIRE AUSSI >> Deux hommes condamnés à 4 mois de prison pour un baiser en public
Le jeune homme envisage de porter plainte
Si la vidéo est encore en cours d'authentification, Mustapha Jebbour confirme auprès de metronews qu'il y a bien eu un jeune garçon lynché par la foule, lundi soir, dans les rues de la ville. Et que la vidéo qui circule pourrait bien être celle de l'agression. "Le jeune garçon, un marocain dans la trentaine qui habite la ville, s'est fait attaquer à coups de poing et de pieds par une foule proche de l'hystérie. Pas une personne ne s'est élevée pour demander l'arrêt des violences. C'est terrible". La raison de ce déferlement de violence et de haine ? "La façon dont il était habillé qui leur a déplu", des vêtements considérés comme efféminés et associés par la foule à l'homosexualité. Hanan de son pseudonyme, qui signifie "la tendresse" en marocain, est sous le choc, d'après Mustapha Jebbour, qui précise que le jeune garçon devrait porter plainte prochainement.
Plusieurs médias décrivent une scène d'une "rare violence [qui laisserait] croire que les Daechiens [djihadistes du groupe Etat islamique, ndlr] sont parmi nous" commente le360.ma qui se présente comme un site d’informations généraliste. Et qui en rajoute une couche dans un article consacré à la vidéo : "Non, cette scène de barbarie ne sort pas d’une vidéo tournée dans une bourgade syrienne sous le contrôle de Daech mais s’est déroulée chez nous, avenue Hassan-II à Fès". Sous la vidéo, certains commentaires se distinguent par leur violence : "Il n’y a pas de place pour les homos dans les territoires musulmans [pénalement répréhensible au Maroc, ndlr] parce que c’est la volonté d’Allah", écrit un internaute. "S’il veut vivre comme il est, il n’a qu’à aller en Europe, c’est aussi simple que ça", embraye un second.
A LIRE AUSSI >> Au Maroc, deux étudiantes risquent la prison pour des jupes jugées trop courtes
Le ministère de la justice ouvre une enquête
Ce lynchage violent s’inscrit dans un contexte particulier au Maroc où les tensions sont vives autour des droits des homosexuels ou de l’émancipation des femmes ; depuis le début de l’année, deux gays ont été condamnés à 4 mois de prison pour un baiser, un hebdomadaire marocain a provoqué un tollé en s'interrogeant sur "faut-il brûler les gays" et deux étudiantes risquent la prison pour des jupes jugées trop courtes.
Devant le scandale provoqué par la vidéo, le ministère marocain de la Justice a annoncé mardi après-midi l'ouverture d'une enquête, et promis que des poursuites seraient engagées contre les auteurs de l'agression. "Le dossier sera traité avec fermeté envers ceux qui essaient de se substituer à la loi", assure le ministère dans un communiqué. Une réaction a minima pour l'association de défense qui dénonce cette agression et pointe la responsabilité globale de l'Etat qui ne réagit pas fermement devant ce genre de violences.
Devant la violence de la vidéo, dégradante et humiliante pour le jeune homme, metronews a choisi de ne pas la diffuser. Elle est disponible sur Youtube. Libre à chaqu'un d'aller la consulter en connaissance de cause.
----------------------------------------------------------------------
Le calvaire de l'homosexuel de Fès - par Abdellah Taïa
Impossible de pleurer en regardant la vidéo du calvaire de l'homosexuel de Fès. Impossible de verser même une petite larme. Le choc que j'éprouve est tel que tout en moi s'arrête de vivre. Je ne suis plus moi, je ne suis plus Abdellah. Je suis ce jeune homosexuel sur lequel des jeunes Marocains sont en train de s'acharner sans pitié. Cette identification n'est pas une fiction, n'est pas de la solidarité. Non. Je suis moi aussi homosexuel. Marocain et homosexuel. Musulman et homosexuel. Arabe et homosexuel. Je viens de Salé. Il est de Fès. Ce qui est en train de lui arriver, cette barbarie sans nom, ce crime au su et au vu de tous, je le vis avec lui. J'entre dans la vidéo. Je reçois les coups comme lui. Je vis le cauchemar comme lui. On va me tuer. Tout un peuple s'est donné le droit de m'assassiner pour se prouver qu'il est du bon côté: un peuple musulman qui n'a pour mission dans la vie que la défense de l'islam. Tout un pays qui abandonne ses enfants. Pas de droits pour les individus! Vous avez compris? Oui? Non? Vous pouvez crier et manifester dans les rues comme vous voulez, le groupe seul comptera, l'individu, lui, peut mourir, il n'aura rien... RIEN...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire