Par Christian Gallo – © Le Ficanas ®blog mediapart, 26/12/2014
Compte rendu télévisuel du jour de Noël : les
français ont bien mangé, ils ont bien bu, ils ont dépensé des fortunes
en cadeaux. Le surlendemain : 50% d’entre eux revendent les cadeaux
qu’ils ont reçus. Mais au milieu de tout cela il y a eu la bonne
conscience télévisuelle. Qu’elles étaient belles les images de ces
pauvres, invités à réveillonner sur un bateau-mouche ; superbes ces
bénévoles qui viennent souhaiter aux sdf un joyeux noël avec un bonnet
sur la tête qui clignote ! Ne honnissons pas ces bénévoles, loin de là,
leurs actions sont remarquables, mais admirons la télévision qui donne
bonne conscience aux citoyens téléspectateurs en extase devant ces
gestes alors qu’ils sont bien au chaud, chez eux, devant leurs écrans,
la table garnie et le sapin en plastique illuminé. On vous dira « mais c’est pour les enfants ! », c’est vrai les sdf sont des adultes…
Festival de la BD à Angoulême
Alors pour adoucir cette période de fêtes il faut admirer le conseil municipal d’Angoulême, qui ne manque pas d’humour du fait du festival de la BD que la ville organise chaque année. Le conseil municipal a décidé, en concertation avec les commerçants, d’entourer de cages les bancs publics pour que les sdf ne puissent pas s’y asseoir. Jean Guiton, l’adjoint chargé de la sécurité a expliqué « Nous tenons compte aussi des doléances des passants, des riverains ». Donc commerçants, passants, riverains et municipalité se sont ligués pour interdire à des sdf de s’asseoir. Normal : ça fait sale, ça empêche les gens de faire leurs achats, ça ne sent pas bon, puis en plus ils boivent pour ne pas avoir trop froid… Quelle honte !
Alors pour adoucir cette période de fêtes il faut admirer le conseil municipal d’Angoulême, qui ne manque pas d’humour du fait du festival de la BD que la ville organise chaque année. Le conseil municipal a décidé, en concertation avec les commerçants, d’entourer de cages les bancs publics pour que les sdf ne puissent pas s’y asseoir. Jean Guiton, l’adjoint chargé de la sécurité a expliqué « Nous tenons compte aussi des doléances des passants, des riverains ». Donc commerçants, passants, riverains et municipalité se sont ligués pour interdire à des sdf de s’asseoir. Normal : ça fait sale, ça empêche les gens de faire leurs achats, ça ne sent pas bon, puis en plus ils boivent pour ne pas avoir trop froid… Quelle honte !
112.000 sdf dont 31.000 enfants
Photo Thomas Coex. AFP |
Donc dans cette agglomération de 110.000 habitants, au cœur de la
cinquième puissance économique mondiale (c’est ce que l’on nous ressasse
du matin au soir), on a des sdf qui osent s’asseoir sur des bancs. Dans
ce beau pays, fier de son égalité et de sa fraternité gravés sur les
frontons de ses palais, il y a 112.000 sdf dont 31.000 enfants. C’est à
dire 44% de plus en dix ans ! Et ces gens là osent dormir dans des
jardins, dans des gares, sous des porches, dans des squats et … sur les
bancs. 24% d’entre eux travaillent mais quand ils quittent leur emploi
il vont se reposer dans la rue.
Une France catholique et socialiste.
Ne parlons pas de la municipalité d’Angoulême, elle est UMP ! Ne
fustigeons pas la générosité des français, ils donnent. Mais pensons à
ce pays socialiste et catholique dont la notion de partage devrait être
l’exemple. La générosité est possible quand on est dans la cinquième
puissance mondiale. Le produit intérieur brut s’élève à 1.931 milliards
d’euros. Mais avec cette somme-là on ne peut pas héberger 112.000
habitants ! Les notions mêmes de la générosité, du partage, ont quitté la
religion et la politique. On a même entendu certains socialistes au
pouvoir dire « Je n’ai pas trahi mon idéal socialiste en devenant libéral ».
Quel idéal ? Celui des coursives de l’Elysée, de Matignon ou du
Parlement ? Celui que l’on échange bien au chaud devant la télé un soir
de Noël en disant « Ah les pauvres ! Tu vois ça ? ». Pire encore,
les homélies de quelques curés qui, une fois leurs bonnes paroles
prononcées, vont rester au chaud dans leurs presbytères en fermant
soigneusement les portes des églises pour que l’on ne puisse pas y
dormir…
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