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vendredi 3 octobre 2014

Soixante neuvième session de l’ONU, quand Mohammed VI « croquait de l’ail » de la bouche de Benkirane


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Abdelilah Benkirane prononçant le discours de Mohammed VI, 
à la soixante neuvième assemblée de l’ONU


On savait que Mohammed VI  était tout, sauf un homme d’Etat. Il vient d’en faire l’éclatante démonstration, en confiant à la toute dernière minute, à Abdelilah Benkirane, la responsabilité de prononcer son discours,  jeudi 25 septembre, devant la soixante-neuvième (69) session de l’assemblée générale de l’Organisation des Nations Unies.
D’aucuns aimeraient voir dans le refus du chef de l’état, de faire le déplacement, une volonté assumée de confier un minimum de prérogatives à son chef de gouvernement, qui en était réduit, depuis son arrivée, au rôle de supplétif de la dictature, orchestrant la répression et inspirant des lois liberticides, destinées principalement à vider la constitution de ses derniers recoins de démocratie.
Les observateurs avertis s’accordent plutôt à mettre la défection royale, au compte d’une nouvelle bouderie. Mohammed VI qui avait déjà échoué à décrocher un rendez-vous, avec François Hollande et l’hôte de la Maison-Blanche, s’est emporté à l’idée de n’avoir pas, non plus, convaincu Ban Ki-Moon de lui réserver l’entretien, au cours duquel il espérait le voir amender certains passages du rapport 2014, sur le dossier du Sahara, que l’Organisation des Nations Unies compte soumettre prochainement, au Conseil de sécurité. Mais le secrétaire général de l’ONU qui a très peu goûté que Rabat fasse obstruction à la mission de Christopher Ross, son représentant spécial pour le Sahara Occidental, a prétexté un calendrier chargé, pour éluder la rencontre. Un refus qui a provoqué le colérique Mohammed VI, avec la conséquence que l’on sait.
Ce n’est pas la première fois que le roi donne ainsi  le pitoyable spectacle de son immaturité politique. Il perpétue ainsi, la tradition chère à son géniteur. Hassan II pouvait bouder une ville, une région, un proche, un ministre ou un parent, et les vouer aux gémonies, des années durant. On doit à l’une de ces sombres bouderies, le retrait du Maroc de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA), après l’admission de la République Sahraouie (RASD), comme membre au sein de cette organisation. Le Maroc n’en finit plus de payer ce caprice d’un jour !
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Hassan II sur le perron de la Maison-Blanche, en mars 1995, 
lors de la conférence de presse commune avec Bill Clinton

Le défunt roi pouvait aller jusqu’à se ridiculiser, en donnant le spectacle de sa mauvaise humeur, en public et en présence de chefs d’états étrangers, comme il le fit avec Bill Clinton, ce jour de mars 1995, lorsque le président américain s’était, au cours d’une conférence de presse commune, sur le perron de la Maison Blanche, attardé dans ses réponses aux journalistes. La photo d’un Hassan II, avachi sur son pupitre, avait alors fait le tour du monde, révélant à qui en doutait encore, le caractère capricieux du dictateur.
Une chose est de s’en prendre à des proies aussi faciles que les plus proches collaborateurs et le petit personnel, en les tyrannisant et en leur infligeant des corrections mémorables, jusqu’à les laisser pour mort, comme le fait Mohammed VI, certain de l’impunité absolue dont il jouit. Une autre est de bouder les réunions internationales ou s’en prendre à des pays tiers, avec des fâcheries et espérer en sortir grandi.
La dernière en date, fut celle qui a suivi l’interpellation de son hors-bord, par la marine espagnole, croyant avoir affaire au « Go-fast » de quelques narcotrafiquants marocains. L’homme s’était à ce point, offusqué de ce contrôle, qu’il avait inspiré, sinon commandité, quelques heures plus tard,  l’assaut massif de « Pateras » bourrées d’immigrants clandestins, contre les côtes espagnoles.
Auparavant, en  2013, le roi avait cru bon manifester sa mauvaise humeur, au Président français qui avait rendu visite à l’Algérie, en décembre 2012, avant le Maroc. Le locataire des « Sablons » y avait vu, rien moins qu’un crime de lèse-majesté, qu’il fit payer à son homologue français, en donnant la préséance à un périple aussi soudain, qu’impromptu au Sénégal, en Côte d’ivoire et au Gabon. Colérique, mais pas complètement fou, Mohammed VI  s’était tout de même rattrapé, en offrant à son hôte, en avril 2013, un aperçu du savoir-faire marocain, en matière d’hospitalité. « L’Immeuble Liberté » et la place qu’il surplombe à Casablanca, s’en souviennent encore !
Dans un registre beaucoup moins comique, la réaction violente du palais qui a fait suite à la convocation en février dernier, par la justice française,  d’Abdellatif Hammouchi,  chef de la Direction Générale de la Surveillance du Territoire (DGST). L’homme est, en effet accusé par plusieurs citoyens et militants, de diriger une administration, dont on sait qu’elle est le bras séculier de la dictature marocaine et une de ses succursales de la terreur. Inconsolable que l’on s’en soit pris à l’un de ses nervis, le roi  avait, alors, ordonné la suspension de la coopération judiciaire  entre les deux pays, avec les répercussions tragiques qu’on devine, sur les détenus français au Maroc, particulièrement ceux désireux d’accomplir en France, le reliquat de leur peine. Une  tragédie que le Makhzen s’est chargé de teinter de ridicule aussitôt après, en signifiant à Nicolas Hulot, envoyé spécial du président français pour la planète, qu’il était indésirable au Maroc.
Hormis sa fortune personnelle qu’il s’est appliqué à décupler, Mohammed VI aura, depuis le début de son règne, raté tous les rendez-vous, avec l’histoire. Son absence à l’ONU, ce jour de septembre, fait résolument partie de ce bilan calamiteux.
Le discours prononcé par un Abdelilah Benkirane, trop heureux de ravir, le temps d’une tribune,  la vedette, se voulait révolutionnaire. Il a pris, à l’aune de la fâcherie royale, des allures pitoyables d’éructation et de règlement de compte, avec les anciens colonisateurs, l’Oncle Sam, la Banque mondiale, le Fonds Monétaire International (FMI) ou les agences de notation. A « croquer de l’ail » de la bouche de son Chef de gouvernement, comme dit le dicton marocain, Mohammed VI en avait oublié que son régime est le prolongement naturel du colonialisme français, avec près d’un millier d’entreprises hexagonales implantées au Maroc, frayant avec les membres de la famille royale et le dessus du panier de la courtisanerie et s’y comportant en terrain conquis, sous le parapluie de la monarchie.
Quand aux Etats-Unis que le roi fustige, aveuglé par la colère, il oublie les milliards que ce pays injecte, à puits perdu, chaque année, en aides diverses et en matériel, ainsi que le soutien politique qui permet au régime marocain de tenir, malgré les exactions, les passe-droits et la corruption éhontés dont ses gouvernants se rendent coupables.
Difficile d’en espérer autant des organismes internationaux !
C’est un silence assourdissant qui a fait suite au discours onusien de Benkirane qui, inconscient des énormités qu’il vient de proférer au nom du tyran, boit du petit lait. Un silence qui tient de la stupéfaction, engendrée par la phraséologie navrante du despote, qui, à l’instar de ses pairs, recourt au stratagème éculé de l’ennemi extérieur, pour expliquer les souffrances de son peuple, occulter ses turpitudes et éluder ses propres responsabilités dans le désastre économique que subit son pays et la misère que vit son peuple.
Cynisme suprême du dictateur, le discours a été expurgé de la partie traitant du Sahara, privilège de la monarchie. Pas la moindre allusion à ce dossier si brûlant, qu’il menace le régime, dans son existence même. Le prix à payer de l’infantilisation par la monarchie de ses diplomates amateurs et dilettantes, dont pas un seul n’est autorisé à aborder le chapitre, sans autorisation préalable du Palais. Ce sont d’autres, comme l’Algérie, le Zimbabwe ou l’Afrique du Sud,  qui se sont chargés de le rappeler au bon souvenir du Maroc, décidés qu’ils sont à en découdre avec l’autisme du régime, qui a fait de ce dossier, comme de celui de l’Islam et de la monarchie, des sacralités et son fonds de commerce.
Le cru 2014, aura permis à Mohammed VI, de faire l’économie d’une apparition, à la tribune de l’ONU,  qui aurait donné de lui, le spectacle qu’on connaît, désormais, d’orateur pitoyable et de piètre communicateur. Rien de bien humiliant pour notre pays ou ses hommes libres, les dictateurs ne ridiculisent et ne salissent jamais que leur propre image.
Beaucoup plus grave, il aura révélé au monde ce qu’ont fait de nos politiciens, de nos gouvernants et de notre peuple, soixante ans de dictature et d’incurie. Elles n’auront même pas épargné le principal intéressé, le monarque lui-même !

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