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jeudi 8 novembre 2012

Drogue au Maroc : «L’addiction coûte jusqu’à 200 DH par jour à l’enfant dépendant...»

Par La Vie éco, 7/11/2012

Drogue au Maroc
La Vie éco : Parlez-nous d’abord de votre association...
A. T.: Notre association a vu le jour en 2005. Tout a commencé dans les quartiers populaires de Casablanca, dans les bidonvilles de Hay Mohammadi et d’Aïn Sebaâ. Des jeunes, cadres et étudiants ou parents ordinaires se sont mobilisés afin de combattre ce fléau qui mine nos enfants et nos jeunes et qui représente une véritable menace pour nos familles. Nous voulions également mettre un terme à cette violence engendrée par l’addiction aux drogues. Une violence qui s’est radicalisée avec la consommation courante du karkoubi, avec pour conséquence des viols, des parricides et des matricides.
Nous avons dès lors décidé la mise en place d’une stratégie de lutte contre la consommation de la drogue avec l’organisation de dizaines de caravanes dans plusieurs villes du pays. Notre objectif était de tirer la sonnette d’alarme et de nous rendre compte sur le terrain de la prévalence du fléau. Nous avons constaté de visu les ravages qu’engendre la consommation de tous types de drogues.

Quel est le constat pour ce qui est de la consommation de la drogue au Maroc ?
On assiste à une recrudescence de la consommation de la drogue spécialement chez les enfants et chez les adolescents. Il n’y a qu’à voir le nombre de SDF enfants et adolescents, les sniffeurs de colle... Tous étaient à l’école ou au collège qu’ils ont quittés pour l’inconnu.

Quelle est la situation dans les établissements scolaires ?
Aujourd’hui, la drogue touche même les collèges, avec la montée de la consommation du maâjoun mélangé à des gouttes d’haldol (genre de psychotrope), du haschich et des psychotropes, chez les 13, 14 et 15 ans, garçons et filles. Nous nous dirigeons vers un Maroc de l’addiction quand on voit le nombre considérable d’adolescents qui deviennent dépendants aux drogues. Et qui dit addiction, dit délinquants, criminels, agresseurs… Cela se confirme avec la prolifération de la criminalité surtout dans les quartiers populaires. Autre indicateur de taille, la violence dans et aux alentours des stades lors des matchs de football. Cela est dû à la consommation de psychotropes par des adolescents dont une bonne partie sont des collégiens. Un chiffre significatif : durant la deuxième semaine du mois d’octobre, un matricide et deux parricides ont eu lieu dans différentes régions du Maroc par des adolescents sous l’influence de la drogue. L’Etat doit s’acquitter de son rôle afin de protéger nos collèges et nos lycées de ce fléau. Il faut savoir que l’addiction coûte beaucoup d’argent, parfois jusqu’à 200 DH par jour pour la personne dépendante. Ce qui les pousse à la criminalité, au vol et à la prostitution.

Est-il vrai que la consommation de la drogue se féminise de plus en plus ?
Les filles s’adonnent au maâjoun, fument des cigarettes et consomment de la chicha dans les cafés à chicha. Ces endroits sont de véritables lieux d’initiation aux autres drogues, à la prostitution et à la délinquance des jeunes filles. Nous avons recensé un nombre important de collégiennes qui fréquentaient les cafés à chicha et qui sont devenues des prostituées professionnelles. Il est anormal que des cafés à chicha soient d’ailleurs situés à proximité des établissements scolaires.

Quelle est la réaction du corps enseignant ?
Ils sont totalement dépassés par l’ampleur du phénomène. Ils se sentent quelque part abandonnés parce qu’ils ne sont pas outillés pour faire face à des enfants ou à des adolescents sous l’emprise de la drogue. Les établissements scolaires ont besoin de spécialistes pour aider les professeurs à contrer ce fléau.

Et la police ?
Il semble que la police a baissé les bras devant l’ampleur du phénomène. Cette institution souffre d’un manque d’effectifs. Il faut également penser à une approche sécuritaire appropriée aux établissements scolaires, et qui soit concoctée en partenariat avec l’école et la société civile. Mais l’Etat n’a aucune politique globale pour lutter contre la consommation de drogue dans les établissements scolaires.

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