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jeudi 8 novembre 2012

ATTAC Maroc : Campagne internationale pour la libération des prisonniers politiques au Maroc

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ATTAC Maroc 
Contre la mondialisation libérale
Membre du réseau CADTM

Campagne internationale pour la libération des prisonniers politiques au Maroc

Introduction

Comme les autres pays de la région du Maghreb-Machrek, le Maroc a connu tout au long de l’année de 2011 l’émergence d’un mouvement de revendication politique exigeant la démocratie, la dignité et la justice sociale.  Le Mouvement du 20 février (M20F), expression marocaine du «printemps des peuples» subit depuis ses débuts  une répression du régime en place. Ses militants font l’objet de poursuites et de procès à la chaîne. Ils paient le prix de leurs engagements politiques en faveur du changement au Maroc. Ce document fait partie de la campagne nationale et internationale visant la libération de ces prisonniers politiques. 

Contexte politique
Officiellement, le Maroc vit sous un régime de «monarchie constitutionnelle, démocratique, parlementaire et sociale». Dans la pratique le régime marocain est une monarchie autoritaire avec des traits répressifs qui n’ont rien à envier aux régimes arabes déchus en 2011. Avec le soutien indéfectible des pays de l’Union européenne, la France en tête et des États-Unis, qui explique sans doute en partie le silence et la déformation médiatique sur ce qui se passe au Maroc, le vernis «démocratique» du régime dissimule des atteintes systématiques et répétées aux droits humains et une politique  scandaleuse de soutien au pillage des richesses par quelques-uns au mépris de la situation économique et sociale totalement délabrée de la majorité des marocains. Cette situation dramatique pour le peuple marocain  est le prolongement des pratiques en vigueur pendant le règne de Hassan II, avec quelques variantes.
Les jeunes du M20F tentent depuis le 20 février 2011 de rééquilibrer les rapports de force entre le régime et le peuple. Après plus d’une année de lutte, le rêve d’un Maroc de liberté, de dignité et de justice sociale est en train de virer au cauchemar. La répression étouffe un possible «printemps marocain». Cette vague d’arrestations et d’interdictions profite d’un certain essoufflement du M20F,  qui reste cependant toujours mobilisé, après plus de 18 mois de lutte continue, et que les manifestations et les revendications de multiples secteurs sociaux continuent de s’exprimer avec force. Cette persistance des mobilisations de rue inquiète évidemment en haut lieu et cela explique en bonne partie cette nouvelle vague de répression.  

Répressions et torture
La campagne d’éradication de toute contestation politique au Maroc s’est intensifiée avec l’arrivée du nouveau gouvernement dominé par les islamistes du Parti justice et développement (PJD) en janvier 2012. Le Chef de l’exécutif a donné son feu vert pour réprimer le mouvement des diplômés chômeurs à Rabat. Depuis, manifester dans la capitale est quasiment un acte interdit par les forces de répression.
Le nouveau chapitre de cette chape de plomb a touché aussi des mobilisations strictement  sociales. Ainsi dans les villes de Taza (Nord-est), Mahamid el Ghizlane (Sud-est), Ouarzazate (Sud-est) et la région du Rif où la population protestait contre les coupures de l’eau ou hausse des factures de l’eau et de l’électricité, la réponse du pouvoir a été la répression.  Dans les villes de Salé, Agadir et Béni Mellal, les habitants ont fait les frais d’une campagne d’éradication de l’habitat dit « anarchique. » À Chlihat proche de Lksar el Kébir (Nord), des paysans se sont révoltés contre les pratiques d’une multinationale espagnole. Ces paysans sans terre ont été sauvagement réprimés.
Le dernier épisode de ce triste feuilleton a eu lieu le 22 juillet dernier. Comme à l’accoutumée, le M20F organisait des manifestations dans un certain nombre de villes marocaines. A Casablanca (Centre) et El Jadida (Centre), le pouvoir répressif a frappé sans distinction ce soir-là. Plus de 30 arrestations et une vingtaine de blessés est le bilan dans les deux villes. Suite à leurs interpellations les militants casablancais ont subit la torture (bandage des yeux, insultes obscènes, coups de matraques dans l’appareil génital, piétinement du corps, pression psychologique, etc…). Deux jours après, lors d’un sit-in devant le tribunal où allaient être jugés les détenus du 22 juillet, la police réprime de nouveau les manifestants venus soutenir leurs camarades, les intimidations se sont poursuivies tout au long de la semaine. 
Ces témoignages de militant-e-s ont été confirmés par le rapporteur spécial de l'ONU sur la torture, Juan Mendez. Lors de son passage au Maroc en septembre 2012 pour préparer un rapport au Conseil des droits de l'Homme, sur la torture  dans le pays, il a conclu que «les actes de torture sont courants et n'avaient pas disparu au Maroc, même si la situation s'était généralement améliorée». Le rapporteur onusien fait état d’un certain nombre de cas de tortures. Il a constaté des violences infligées via des «coups de poing et de bâtons, l'utilisation de décharges électriques et des brûlures de cigarettes».
Arrestations 
L’Association marocaine des droits de l’homme (AMDH) a suivi le dossier de 48 prisonniers politiques au Maroc. Ces militants détenus d’opinion se répartissent entre des militants du M20F, des défenseurs de droits humains, des détenus des mouvements sociaux (Taza, Rif, Ouarzazate, Imider, Beni Mellal, Chlihat, Mhamid Ghizlane…), des diplômés chômeurs spécialement les membres de l’Association nationale des diplômés chômeurs au Maroc (ANDCM), des détenus d’opinion sahraouis, des syndicalistes, des étudiants membres de l’Union nationale étudiants du Maroc et des détenus islamistes. Pour la seule ville de Casablanca, 11 militants membres du M20F dont deux femmes,  sont en détention ou en liberté provisoire, en attente de jugement.  Une liste non exhaustive des militants arrêtés ou poursuivis est en annexe. 
Appel à la solidarité internationale
Au vu de la situation répressive au Maroc et des risques qui pèsent sur les militants des droits humains, des syndicalistes, des diplômés chômeurs, des défenseurs des droits socio-économiques et des membres du 20 février, nous lançons un appel à la solidarité internationale pour :
-         Dénoncer ces procès fabriqués de toute pièce dans le but de criminaliser les luttes, semer la terreur et étouffer toute voix contestataire
-         Exiger la libération immédiate et sans condition de tous les détenus.
-         Exiger l’ouverture d’enquêtes indépendantes sur les responsables des tortures et des assassinats politiques (Kamal Ammari, Mohamed Boudroua et Kamal Hassani) commis à l’encontre des militants du M20F et des manifestants
-        Exiger le jugement des tortionnaires responsables de ces actes 
Actions prévues pour la campagne internationale pour la libération des prisonniers politiques au Maroc et l’arrêt des poursuites judiciaires :
 Envoi de lettres (voir ci-dessous *) au Chef de gouvernement, au Ministre de la Justice et au président du Conseil national des droits de l’homme (CNDH) 

Photo-pétition : l’idée est de se prendre en photo avec une pancarte portant le nom d’un des détenus et nous la transférer pour qu’elle circule sur les réseaux sociaux (Facebook, Twitter, etc…)

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*Modèle de lettre du …. au Chef du gouvernement marocain

A …., le XX/XX/2012
M. Abdelilah Benkirane
Chef du gouvernement
Palais royal  
Rabat, Maroc

Objet : les prisonniers politiques au Maroc
Monsieur le Chef du gouvernement, 

Depuis une année, la campagne de harcèlement que subissent les militants marocains et tout particulièrement ceux du Mouvement du 20 février a pris des proportions inquiétantes. Les arrestations arbitraires qui visent ces militants se multiplient au Maroc. A Casa, Le 22 juillet 2012 à Casa lors d’une marche pacifiste réprimée violement par les forces de l’ordre marocaine, six d’entre eux ont été insultés, torturés et ils sont aujourd’hui détenus injustement dans la prison locale de Casablanca et leur procès a été reporté à trois reprises. Leurs demandes de liberté provisoire ont été rejetées par le juge sans fondement. La même situation prévaut à Tanger et au Rif. Les mouvements sociaux ne sont pas en reste. Onze habitants des régions d’Imider et de Chlihat sont actuellement en prison pour avoir réclamer une amélioration de leurs conditions de vie et une meilleure répartition des richesses.   
Face à cette situation regrettable, nous sollicitons votre intervention urgente pour tenter de remédier à l’erreur qui a été commise en interpellant des jeunes manifestants pacifistes.   
C’est pourquoi et conformément aux obligations et aux engagements internationaux du Maroc en matière d’état de droit et de respect des droits de l’Homme, XXXXX attend de vous, M. le Chef du gouvernement, des mesures urgentes pour :
  • Mettre un terme à l’action en justice engagée contre les militants du Mouvement du 20 février et l’ensemble des activistes au Maroc (Taza, Mahamid el Ghizlane, Imider, Ouarzazate, le Rif, Tanger, Chlihat…),
  • Libérer tous les détenus politiques au Maroc
  • Respecter la liberté d’expression et d’opinion
Veuillez agréer M. le chef du gouvernement XXX salutations distinguées

Pour la même information en arabe, espagnol, anglais ,pour les modèles de lettre au ministère de la justice, au CNDH, voir http://www.maroc.attac.org


Annexe

Liste non exhaustive des prisonniers politiques au Maroc établie par Attac Maroc

Casablanca : La page de solidarité avec eux sur Facebook : freemilitantscasa
1. Mouad Belghouat, Lhqed (l’indigné). Icône artistique du M20F, ce rappeur de 24 ans paie chèrement son engagement politique. Depuis une année, le pouvoir s’acharne contre ce jeune artiste. Emprisonné une première fois durant quatre mois suite à un simulacre de procès pour «coups et blessures», il sera de nouveau arrêté le 29 mars mais cette fois pour «atteinte à un corps constitué» et plus précisément la police. Un montage d’une vidéo anonyme sur une de ces chansons postées sur Youtube lui vaudra ce nouveau procès. Lhqed  a été condamné le 11 mai 2012 à un an de prison ferme et à une amende de 1 000 dirhams (90 euros). Le 27 juillet 2012, le tribunal d’Appel de Casa confirme le verdict de la Première instance. Site web : www.l7a9ed.com
2. Younes Belkhadim, Chaiîr (le poète). Il a été arrêté le 30 mars 2012 alors qu’il participait à un sit-in de soutien à Lhaqed. Le 18 mai dernier, Younes est condamné à 2 ans de prison ferme et 5000 DH (400 euros) d’amende pour «destruction de biens publics et insulte à des agents de l’autorité». En appel, sa peine est réduite à 8 mois de prison ferme et l’amende est doublée à 10 000 DH. Ce jeune poète a écrit plusieurs textes qui font parti des slogans du M20F.

3. Hassan Hainoussi. Condamné à huit mois de prison ferme. 
4. Houcine Idrissi, Oussama Housni, Hamza Aitaoui : 3 mois de prison avec sursis et 1200 DH d’amende chacun. Ils ont été arrêtés lors d’un sit-in de solidarité avec les détenus politiques.
5. Abderrahman Al Assal, Samir Bradly, Tarek Rochdi: 10 mois de prison ferme
6. Youssef Oubla, Nour Essalam Kartachi : 8 mois de prison ferme
7. Leila Nassimi : 6 mois de prison avec sursis.
Liste des militant-e-s du M20F poursuivis en liberté provisoire
Maria Karim
Mamoun Karbi

Kenitra : Ces prisonniers sont tous des étudiants, membre de l’Union nationale des étudiants du Maroc. Ils ont été arrêtés suite à leur combat pour l’amélioration  la qualité de l’enseignement à l’Université et la levée de la militarisation de la cité universitaire. Ces détenus – à l’exception deux militantes- sont en détention provisoire depuis mars 2012 !
1.    Ismail al Ahmar
2.    Achraf Siranou
3.    Moughith Khaliki
4.    Brahim al Kalîi
5.    Mourad Hayout
6.    Oussama Bekkali
7.    Hatem Ourghi
8.    Mourad Hoauri
9.    AminaYakoubi (en liberté provisoire)
10.                       Abdelkhlak Sehba
11.                       Abderrazak Ajkou
12.                       Khouloud (en liberté provisoire)
13.                       Abdelrahim

Rif (les villes d’Imzouren et Bni Bouayach)
Les 20 prisonniers politiques de cette région historiquement rebelle purgent des peines entre 5 mois et 5 ans de prison ferme. Tous ces détenus sont membres du Mouvement du 20 février
1.     Adil Taibi
2.     Abdellah Affelah
3.     Abdelmajid Bouscout
4.     Abdeljalil Bouscout
5.     Ahmed Moussaoui
6.     Abdeladim Ben Bouchaib : 12 ans de prison ferme
7.     Mohamed Jelloul
8.     Ahmed Badri
9.     Belhaj Hassan Ben Mohamed
10. Said Agrouj Ben Mohamed
11. Nasser Hasnaoui
12. Najim Karchouhi
13. Najim Souhou
14. Ahmed Baâli
15. Mohamed Ahbad
16. Mohamed Bouziane
17. Halim Bakkali : membre du M20F. 4 ans de prison ferme
18. Chakir Yayhaoui : membre du M20F et de l’AMDH. 3 mois de prison ferme
19. Halim Taliî
20. Mustapha Bouhani : membre du M20F et du Forum des droits de l’homme du Nord. 2 ans de prison ferme et 100 000 Dh d’amende,

Tanger
Mohammed Sokrat. Blogueur : 2 ans de prison ferme (condamné pour possession et trafic de drogue)
Said Ziani. Membre du M20F : 3 mois de prison ferme  (condamné pour vente de cigarettes au détail)

Imider (région minière, exploitée par le groupe royal MANAGEM, où les habitants réclament une meilleure répartition des richesses de leur région)
Mustapha Ouchtoubane : 4 ans de prison ferme. Arrêté le 5 octobre 2011. Son crime : être un défenseur des droits humains et acteur politique important dans la lutte de son village, IMIDER, contre une compagnie minière qui épuise l’eau de la région, pollue les terres agricoles, exploite les habitants et utilise son pouvoir pour corrompre les autorités locales. Le 13/2/2012 confirmation en appel de la peine de 4 ans de prison (source : le blog Solidarité Maroc).
Le procès des «Cinq». Arrêtés le 12 juillet 2012 par la gendarmerie royale, cinq habitants de ce village ont été condamnés le 9 aout 2012 à 2 ans de prison ferme chacun suite à un procès fabriqué de toute pièce. L’objectif du pouvoir est de briser l’élan de cette lutte symbolique. 

Chlihat : (région agricole où les paysans sont en conflits avec une multinationale espagnole)
1.     Mohamed Zbati : agriculteur, 2 ans de prison ferme
2.     Abderrahim Achtir : agriculteur, 2 ans de prison ferme
3.     Abdessalam Hambouch : 6 mois de prison ferme
4.     Nourreddine el Kaou Ben Jelloun : 6 mois de prison ferme
5.     Tarek Daoui : 6 mois de prison ferme.

Ifni : Les habitants soutenus par les membres du 20 février et de l’ANDCM revendiquaient des emplois décents et un accès aux ressources halieutiques de la région.
Début octobre 2012, éclatent des émeutes, de nouveau répression, arrestations, procès :
Huit détenus militants du M20F , l'AMDH et de l'ANDCM sont actuellement à la prison de Tiznit : 
1.    Abdellah El Hihi, 10 mois de prison ferme et 500 DH d’amende
2.    Zine El Abidine Erradi, 10 mois de prison ferme et 500 DH d’amende
3.    Youssef Rguini, 10 mois de prison ferme et 500 DH d’amende
4.    Mohamed Hamouda, 10 mois de prison ferme et 500 DH d’amende
5.    Hassan Boughaba, 8 mois de prison ferme et 500 DH d’amende
6.    Abdelmoula Hallab, 8 mois de prison ferme et 500 DH d’amende
Deux en détention provisoire :
1.    Hassan Boulahdir
2.    Akaida

Aprés les événements du début d'octobre 2012, la police a établi une nouvelle liste de 17 à 20 personnes recherchées comprenant des militants d'Attac (Agherbi Hassan, Rifi Med,...) et des militants du M20, ANDCM (diplômés chômeurs), AMDH...
Bara Brahim et Agherbi Hassan et Amazouz passeront en procès le 8 novembre sur un ancien dossier qui remonte à 2007.
Les familles des détenus  et tous les militants à Ifni préparent une mobilisation à l'échelle nationale début décembre pour dénoncer les intimidations et l’offensive répressive.

Agadir : Des membres du Comité local pour la défense du droit au logement, tous poursuivis en liberté provisoire
1.    Youssef Houdi
2.    Hassan Nafaâ
3.    Latifa Saber
4.    Hassan Akram

Ouarzazate : Des mineurs de la mine de Bouazzar, exploitation du groupe royal MANAGEM, en lutte pour l’amélioration de leurs conditions de travail et pour le droit à la l’organisation syndicale
1.    Hicham Amermach
2.    Abdeaziz Al azhari
3.    Mohamed Chakir
4.    Mohamed Moujane
5.    Abderahmane Achlhi
6.    Said Ait Saleh
7.    Abdelaziz Amkraz
8.    Mbarek Amazigh
9.    Abderrahman Maâsoudi
10 Youssef Widar
11 Said Ait Caid
     12 Lahcen Akhraz
     13  Hassan Naciri
     14 Mohamed Sakhi
     15 Ibrahim Madi

Les femmes contre les micro-crédits dans la région de Ouarzazate : Amina Morad et Smaini Ben Nasser passent en jugement pour avoir dénoncer, lutter et coordonner le  mouvement pour la défense des victimes des micro-crédits dans Ouarzazate et la région
Leur procès 7 fois reporté est fixé pour le 6 décembre 2012 à Ouarzazate


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