Par Évariste , 30/8/2012
François Hollande ayant décidé de faire voter le Traité sur la
stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG) de l’Union
économique et monétaire au pas cadencé dès le mois d’octobre, la gauche
de gauche s’organise. Le Front de Gauche a déclaré dimanche dernier que
c’était l’objectif central de la rentrée. ATTAC a décidé de faire de
même. Avec ce traité c’est le traité de Lisbonne puissance 10 car il y
aura avec ce traité un cadenassage complet de la souveraineté populaire.
Aucun déficit ne sera permis (maximum 0,5 %). Cela empêchera tout
investissement de long terme visant au développement économique social
et écologique. Or seuls ces investissements de long terme peuvent nous
éviter le chaos & l’austérité et préparer le changement nécessaire
de paradigme.
Le TSCG ne permet donc aucun autre modèle économique et supprime
encore un peu plus la souveraineté populaire déjà écornée depuis que
l’UMP et les socialistes ont décidé en 2008 d’aller contre la volonté du
peuple rassemblé le 29 mai 2005 dans un Non au Traité constitutionnel
européen. Seules les banques privées à but lucratif pour les
actionnaires ont le droit de se faire prêter de l’argent par la Banque
centrale européenne (BCE) à un taux inférieur à 1 %. Elles pourront
ensuite faire des profits en prêtant aux États, collectivités
territoriales y compris à des taux usuriers et avec des prêts toxiques.
La BCE ne sera toujours pas prêteur en dernier ressort vers les
institutions publiques.
Pendant ce temps-là, trois intellectuels allemands utilisent leur
renom pour fixer l’objectif néolibéral. Peter Bofinger, Jürgen Habermas
et Julian Nida-Rümelin ont publié dans Le Monde du 27 août 2012 un texte
intitulé « Plus que jamais, l’Europe ». Il faut installer une
discipline de fer fiscal dans toute l’Europe et de ce fait, supprimer la
souveraineté populaire des États pour les sujets importants en
terminant le travail engagé des transferts de souveraineté vers une
entité européenne sans démocratie.
Pourtant le fait que la crise continue de plus belle montre bien que
l’analyse des élites ordo-libérales de la zone euro de droite et de
gauche est erronée. Il ne s’agit pas d’une crise de la dette en
provenance de dépenses trop fortes ni d’une simple crise financière due à
des spéculateurs peu scrupuleux qu’il faudrait réguler. Il s’agit d’une
triple crise économique, financière et de la dette publique qui prend
sa source dans la crise de profitabilité du capitalisme lui-même avec
l’inconvénient supplémentaire que la zone euro s’est construite avec des
économies divergentes et trop inégalitaires. D’abord, nous sommes dans
une crise de surproduction du capitalisme qui après avoir fait baisser
la part des salaires dans la valeur ajoutée a tenté par l’endettement de
remplacer le manque de salaires. Deux écueils attendaient les élites
néolibérales mondiales et ordo-libérales européennes, la résistance des
couches populaires et moyennes intermédiaires d’une part, et la crise de
l’accumulation du capital lui-même. Ils n’ont donc de cesse de tenter
de regagner de nouvelles marges en baissant encore la part des salaires
dans la valeur ajoutée et en continuant de supprimer les droits
démocratiques et sociaux. La fuite en avant dans l’économie financière
de la dette publique est en fait le seul moyen des néolibéraux mondiaux
et ordo-libéraux européens de tenter de se maintenir au pouvoir. Il n’y a
que les peuples et donc les couches populaires et moyennes
intermédiaires qui peuvent y mettre fin.
Même les économistes « nouveaux chiens de garde » de
l’ordo-libéralisme européen comme Élie Cohen mettent le doigt sur la
faillite du système. Lisons Élie Cohen : « La France a connu de loin
depuis vingt ans la pire désindustrialisation de tous les pays d’Europe
occidentale. Tout le monde aurait applaudi si nous avions remplacé les
emplois industriels par des emplois high-tech, mais nous les avons
remplacés par des femmes de ménage. »
On voit là que la solution résiderait dans un changement de modèle
culturel, économique et politique et dans un processus conjoint de
réindustrialisation et de transition écologique. Voilà ce que nous
devons imposer !
evariste@gaucherepublicaine.org
En savoir plus et pétition sur le site d'ATTAC : http://www.france.attac.org/sortir-du-piege-de-la-dette
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