Par lakome.com, 5/8/2011
Mohamed Moujahid est secrétaire général du Parti socialiste unifié (PSU). Lakome revient avec lui sur la situation politique au Maroc, les prochaines élections et le positionnement de son parti dans l’échiquier politique.
Lakome : Des élections législatives se préparent pour l’automne prochain, serez-vous de la partie ?
Mohamed Moujahid : Nous en avons discuté lors de notre dernier Conseil national du 10 juillet et nous n’avons pas encore tranché. Au-delà de la question de notre participation, le processus politique ne convainc plus personne. Organiser des élections exige un climat propice à l’exercice de la démocratie. Et ce n'est pas le cas aujourd'hui. Hélas, il n’y pas de volonté pour comprendre ce qui se passe dans le pays et réagir comme il se doit. Ce qui fait que le Maroc reste ouvert sur tous les scénarios.
Quelles sont les réformes à entreprendre pour avoir des élections libres et transparentes ?
Nous ne contestons pas seulement la date de la tenue des élections. Nous ne partageons pas la vision qui prévaut actuellement. En premier lieu, la supervision des élections doit être confiée à une instance indépendante et non pas à l'Intérieur. Il faut aussi élargir le nombre potentiel des électeurs à 21 millions, au lieu des 13 millions actuels, et le vote doit se faire avec la carte d'identité nationale seulement. Il faut de plus créer un dialogue sérieux sur la loi électorale, le découpage et le mode de scrutin. En somme, toutes les règles du jeu politique doivent être revues en profondeur, d'autant plus que l’expérience du référendum était très loin d’être transparente.
Comment évaluez-vous le travail effectué dans la préparation des élections ?
Nous avons boycotté les réunions de l’Intérieur sur ce sujet car le contexte et la manière dont se sont préparées ces rencontres ne sont pas nouveaux. Sur le fond, l’Etat propose des réformes cosmétiques sur la loi des partis mais qui ne touche pas le cœur du problème.
Où se situe ce problème selon vous ?
Tant que le processus électoral sera dominé et orienté par l’Intérieur, le jeu restera faussé et même préparé à l’avance. Dans cette configuration, les avis des partis ne sont que secondaires. Dans le contexte de l’après-20 février, on ne peut plus accepter de prendre part à des élections avec l’ancienne logique. L’Etat devrait arriver à cette conclusion qu’il ne peut pas être juge et partie.
Pourtant l’Etat et la grande majorité des partis se dirigent vers des élections l’automne prochain et c’est ce à quoi le roi a appelé dans son dernier discours…
De notre point de vue, il est inconcevable de s’engager dans de nouvelles élections avant de rompre définitivement avec l’absolutisme et le népotisme. Ces deux revendications majeures du 20 février doivent être réalisées. Organiser des élections n’est qu’une fuite en avant. L’ancien système ne peut plus prévaloir dans la situation actuelle. Comme se fut le cas en 2007, le taux de participation risque d’être ridicule et fera de ces élections un événement à la marge de la société marocaine. Organiser des élections avant de tourner la page de l’absolutisme régnant est même un danger pour le pays.
Depuis le 20 février, le PSU s’est-il radicalisé, en virant encore plus à gauche ?
Nous sommes un parti de gauche et nous ne sommes ni plus ni moins radicaux qu’avant. Nos propositions politiques restent les mêmes. La monarchie parlementaire est une revendication qui ne date pas du 20 février. Nous l’avons proposée en 2002, lors de notre Congrès constitutif. En 2006, nous avons présenté un mémorandum constitutionnel à l’Etat, qui a refusé de le recevoir. Le reste de nos revendications est connu : des élections libres et transparentes, des partis indépendants de l’Etat, la justice sociale et le respect des droits de l’homme dans leur universalité. Ces choses constituent nos revendications d’aujourd’hui au sein du 20 février. La nouveauté, c’est qu’en 2002 et 2006 nous espérions que notre pays avancerait dans le sens de l’Histoire. Sauf qu’en 2007, on a constaté que l’Etat n’avait aucune volonté réformatrice. Nous avons assisté au discours sur « la monarchie exécutive » et à la création d’un nouveau parti de l’administration avec le soutien symbolique, politique et médiatique de l’Etat. On se dirigeait vers un modèle à la tunisienne. Or, aujourd’hui ce modèle a échoué. Actuellement, l’Etat ne fait que du bricolage à partir de son ancienne tactique.
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