Je voulais avoir une pensée émue pour Hamid El Kanouni ce jeune homme décédé après s’être immolé par le feu.Hamid El Kanouni avait 27 ans et était vendeur ambulant à Berkane. Selon les témoignages recueillis par Lakome, suite à un différend avec une boulangère locale, la police a débarqué « a soutenu la boulangère, et un des policiers lui a saisi sa carriole. Il a aussi été giflé et insulté. Il s’est senti humilié, donc il est parti devant le commissariat de la ville, s’est aspergé d’essence et a mis le feu à son corps ». Ses derniers mots étaient «C’est la hogra. Ils m’ont méprisé. Mon gagne-pain est perdu ».
Hamid El Kanouni a succombé à ses brûlures dans la nuit de lundi à mardi 9 août au CHU Ibn Roshd à Casablanca.
Dans une dépêche dont elle a le secret, l’agence officielle marocaine a tenté de déminer l’affaire livrant une version d’anthologie. Dès mardi 18h, l’agence marocaine a expliqué que Hamid El Kanouni s’est immolé par le feu parce que « sa marchandise a été détruite par un inconnu ». Elle explique la course contre la montre du parquet pour prouver cela. Ainsi donc entre l’heure de l’immolation et celle du décès la MAP a ordonné aux services « de diligenter une enquête à ce sujet. ». La police a intercepté le transfert de Hamid au CHU Ibn Roshd pour recueillir « une première déposition de l’intéressé (sic) avant son transfert à l’hôpital » sur les raisons qui l’ont amené à s’immoler par le feu. Pour les « consigner » et livrer le verdict : Alors qu’il était en état grave, Hamid El Kanouni a tenu à absoudre l’Etat et imputer son immolation par le feu « à ses relations tendues avec la propriétaire du four qui l’employait ». Il est permis ici de traiter cette fiction des services marocains par le dégout.
Les jeunes du mouvement 20 février ont organisé une marche à Berkane et hier à midi un sit-in de solidarité avec la famille de feu Hamid El Kanouni hier à midi devant le CHU Ibn Roshd. Avant d’être sidérés par la requête de l’hôpital qui a exigé le paiement d’une facture de 3500 Dhs avant la remise du corps de Hamid. Les jeunes ont dû cotiser pour rassembler la somme demandée et permettre au corps de quitter la morgue.
http://youtu.be/EYbXXLAU9JwAujourd’hui à 14h15, l’ambulance a quitté le CHU de Casablanca en direction du domicile familial de feu Hamid El Kanouni à Fès. Selon les témoignages recueillis par la coordination 20 février de Casablanca le préfet de police de Fès a fait pression sur la famille du défunt pour que l’ambulance se dirige directement vers le cimetière et évite un passage par le domicile familiale ou des militants et activistes marocains l’attendaient pour rendre un dernier hommage Hamid El Kanouni aux côtés de sa famille.
http://youtu.be/mTAitoCyBOQLes jeunes de la coordination Casablanca qui ont accompagné l’ambulance témoignent de la pression exercée par téléphone par la préfecture de police de Fès pour arriver au plutôt à la ville et en finir avec l’enterrement de Hamid El Kanouni le plus vite possible. Si bien que l’ambulance a dû tomber en panne près de Meknès. Vers 21h00 une autre ambulance est arrivée pour prendre le relais de celle en panne et acheminer le corps qui n’arrivera finalement au domicile de la famille El Kanouni que vers 22h. 30 minutes plus tard la famille décide d’aller au cimetière pour enterrer Hamid après pression des autorités rapportent les activistes sur place.
A l’heure de l’écriture de ces lignes, Hamid El Kanouni, 27 ans, est en train d’être inhumé sous terre, dans la nuit, presque en catimini, comme le souhaitaient les autorités.
Trouver les mots, après cela, ce n’est pas si facile. Le sentiment déchirant de ne rien pouvoir faire et ajouter après cette mort et cet enterrement infiniment tristes et infiniment douloureux. Samedi prochain les manifestations du mouvement 20 février seront dédiées à la mémoire de Hamid El Kanouni. Puisse-t-il reposer en paix. Puisse sa famille trouver la force de surmonter cette douloureuse épreuve. Puisse justice lui être un jour rendu...
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