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lundi 5 septembre 2011

L'universel conflit : parking contre place ombragée

AUX ARBRES, CITOYENS GAPENÇAIS !

Par Roland de Miller, 31/8/2011
Monsieur le Maire de Gap, petite préfecture des N
Hautes Alpes (France) prépare en douce à ses habitants une bien mauvaise surprise pour cette rentrée. C'est même un massacre honteux qu'il va commettre : il va supprimer le dernier espace vert en centre ville, le square Henri Dunant.

Ce square est petit mais c'est un lieu agréable à vivre avec de la pelouse et quatre magnifiques arbres de haute tige (trois érables et un marronnier d'environ 150 ans). Voisin de l'école Sainte Jeanne d'Arc et de la crèche et halte-garderie La Pountinella, ce jardin public est fréquenté par les enfants pour y jouer sur le tourniquet, par les adolescents, les lycéens et les parents pour se reposer, se ressourcer, lire un livre ou manger un morceau. Il pourrait être amélioré mais vouloir le détruire pour y faire un parking est une vision passéiste et ne correspond pas aux orientations prises par la Ville de Gap dans l'Agenda 21, notamment les actions 6, 7, 8, 9, 10 et 15 et le Plan de Déplacement Urbain qui prônent plus de végétal et moins de parkings en ville.
En fait, le square Henri Dunant va subir le contre-coup de la transformation de la place de la République dont il est mitoyen. Il faut dire aux Gapençais la vérité : cet « aménagement », prévu dans le programme municipal, est le résultat d'un véritable complot entre le seul Maire et l'association des commerçants de la place de la République. Pourquoi ? Pour satisfaire un marchandage électoral remontant aux élections cantonales de mars 2011 : le boulanger et président de cette association a ouvertement fait campagne pour le candidat Roger Didier sur le canton de Gap-centre et, bien que nous n'en ayons pas la preuve formelle, il y a eu probablement un accord entre ce dernier et l'association pour faire « l'aménagement » de cette place une fois Roger Didier réélu au Conseil Général. À qui profite le crime ? À cette association qui prétend installer les tables, chaises, parasols et clients des quatre bars et restaurants au centre de la place. Il n'y a rien de plus démagogique que de développer les terrasses de cafés ! Mais au nom d'une saine démocratie, il est inacceptable qu'une municipalité accorde à des commerçants une appropriation privée de l'espace public, en l'occurrence sur une place qui a une longue histoire populaire depuis le début du 20e siècle.
Les commerçants de la place de la République s'imaginent que supprimer les 40 places de parking existantes va leur retirer leur clientèle. Qu'à cela ne tienne, ils ont réussi à convaincre le Maire (mais pas totalement ses services techniques !) de remplacer ces stationnements par 14 places nouvelles au détriment du square Henri Dunant. Les 5 platanes et les 5 marronniers de la place de la République vont aussi être arrachés car ils gênent soi-disant le bon déroulement des « travaux d'infrastructure ». Ils ne sont pas du tout malades mais bien portants, comme l'a établi un expert consulté exprès. Un commerçant aurait même dit : « les arbres c'est sale, ça fait des feuilles ! ». Ce sont pourtant ses arbres qui font le charme de la place de la République, qui lui donnent son caractère provençal et qui donnent une ombre salutaire aux commerçants et clients du marché en été. Et qu'on ne vienne pas nous berner avec la plantation de jeunes arbres à la place des anciens qui seuls ont une ombre appréciable. Loin des places provençales souvent ombragées, la place de la République va maintenant devenir une place stalinienne, sans aucun arbre hormis quelques maigres baliveaux, sur le modèle des villes soviétiques des années 1940.
Dans un projet d'aménagement urbain n'est-il pas indispensable de consulter tous les habitants du quartier concerné et non pas uniquement les commerçants ? L'aberration du projet en cause ne s'explique que par le marchandage électoral du Maire et sa volonté de satisfaire les quatre bars au détriment de l'espace public. Les arbres et la qualité de vie en centre-ville vont donc, une fois de plus, être sacrifiés au profit de magouilles politico-financières. Les intérêts économiques des commerçants que prétend défendre le Maire ne sont pas – et de loin - l'intérêt général qui est, pour des raisons sociales et d'hygiène urbaine, de maintenir des arbres en centre-ville, coûte que coûte.
Les propriétaires, les habitants du quartier et les autres élus de la Ville n'ont jamais pu s'exprimer à ce sujet. Le Maire a tenu à l'écart tout débat démocratique sur le devenir de la place de la République pour imposer unilatéralement le projet élaboré par les commerçants. Il a pris soin de ne jamais aborder cette question en Conseil Municipal, jusqu'à la séance du 24 juin où il a été sommé par l'opposition de s'expliquer sur les plans des travaux qui restent encore secrets à ce jour et qui n'ont été précédés d'aucun examen en commissions Travaux ou Urbanisme. C'est manifestement un abus d'autorité ! Il est surtout consternant de voir un pareil mépris pour les enfants et les mères de famille qui ont plaisir à fréquenter le square Henri Dunant. D'ailleurs, pour transformer un jardin public en parking, il semblerait qu'au moins une délibération du conseil municipal et une décision formelle de désaffectation soient nécessaires. Le Maire a aussi fait fi de la pétition signée par 200 habitants qui lui a été remise à l'ouverture du Conseil Municipal du 24 juin. Dans la plus grande confusion, il a voulu rassurer la population en affirmant dans le Dauphiné Libéré que « le square Henri Dunant est sauvé », tout en déclarant le 24 juin qu'il ferait arracher les arbres, pour en replanter d'autres, « très jolis ». Prend-il les Gapençais pour des imbéciles ? Que les Gapençais ne se laissent pas faire et n'abdiquent pas de manière fataliste devant le pouvoir du prince qui agit par désinformation, comme tous les manipulateurs et dictateurs.
En autocrate, le Maire fait ce qu'il veut, en utilisant les commerçants et en bernant tout le monde. Il parle de concertation mais n'en fait aucune et trahit ses engagements. A-t-il le droit de décider ainsi tout seul ? Très peu de Gapençais sont au courant de ce qu'il complote. Seules quelques personnes présentes aux réunions des 23 juin et 10 août sont conscientes des enjeux et en appellent à une concertation des habitants du quartier.
Ce que les Gapençais ont oublié c'est que le square Henri Dunant a été inauguré le 25 octobre 1963 par Emile Didier, l'avant dernier maire et le père du maire actuel : ainsi le fils est en train de détruire cyniquement l'œuvre du père ! Notre Maire bafoue allègrement les valeurs républicaines de respect, de tolérance et de dialogue. Certains regretteront amèrement la disparition du square, d'autres s'en moquent, du moment qu'ils peuvent garer leur sacrée bagnole …
Si l'on élargit notre horizon au reste de la France, voire du monde, on peut constater que dans beaucoup de villes, depuis 30 ou 40 ans, des projets technocratiques similaires de suppressions d'espaces verts ou d'arrachages d'arbres ont été combattus, avec plus ou moins de succès, par des citoyens déterminés à défendre leur cadre de vie contre des autorités technocratiques qui se moquent des arbres et de la démocratie, ignorant cette vérité simple qu'il n'y a pas de démocratie sans arbres. 

 Lorsque le dialogue n'était plus possible, ces citoyens sont allés jusqu'à s'enchaîner aux arbres et ont souvent réussi à faire reculer les tronçonneuses, comme à Stockholm par exemple. Les espaces verts dans les centres villes sont des socles de sociabilité intergénérationnelle et d'une prévention de la délinquance. L'être humain est ainsi fait qu'il a besoin de la présence des arbres pour vivre. Les femmes, plus intuitives, le perçoivent plus facilement que les hommes.
Le commerce de qualité exige des rues piétonnes. L'évolution souhaitable et inévitable du centre ville de Gap est de faire sortir progressivement la circulation automobile. Les Gapençais sont-ils prêts à l'accepter ? Mais remplacer 40 places de parking par 14 nouvelles au détriment du dernier espace vert du centre est une fausse solution inacceptable. À quoi cela servira d'avoir un centre ville piétonnier dans dix ans, quand les commerçants et les automobilistes en auront enfin compris l'intérêt, si dans l'intervalle on a abattu tous les arbres qui en font le charme, justement parce qu'ils sont vieux et qu'ils donnent une âme et une respiration au quartier ?
Couramment en France, nos autorités institutionnalisent le mensonge en prétendant protéger l'environnement et le patrimoine tout en les détruisant sous le vernis du développement durable. La municipalité de Gap, en la personne de son indigne maire, n'échappe pas à cette manie technocratique. Elle est incapable de se remettre en cause. Abattre des arbres, c'est peut-être sa manière à elle de contribuer à l'Année Internationale de la Forêt ?
La municipalité de Gap a déjà abattu trop d'arbres sous des prétextes divers ; elle prétend en replanter beaucoup mais comme on ne les voit pas, ils doivent être vraiment minuscules ! Nous ne devons plus accepter qu'un seul arbre soit abattu, ni sur la place de la République, ni sur le square Henri Dunant. Surtout quand on mesure la futilité des motifs au regard de la riche histoire de la ville de Gap ! Le Maire poussera-t-il sa rage de faire table rase du passé jusqu'à supprimer aussi la fontaine qui a abreuvé les Gapençais pendant les siècles où il n'y avait pas encore l'eau dans les maisons ?
Car le Maire ne recule devant aucun forfait ! La preuve, à l'heure où j'écris ces lignes j'apprends que l'irréparable a déjà été commis : comme pour être sûr que personne ne vienne s'opposer physiquement à l'abattage du vieux marronnier du square Henri Dunant, celui-ci a été exécuté froidement à la tronçonneuse ce lundi 29 août à 6 h du matin, c'est-à-dire à l'aube, comme pour un condamné à mort. Celui qui a commis ce meurtre odieux, sans autorisation légale, devrait être traîné devant les tribunaux ! Mais c'est peut-être cela la politique de l'environnement dont la présente municipalité et la précédente se sont tant gargarisées ? Bravo ! Que ceux qui sont révoltés se fassent connaître !
Les travaux commenceront en principe le lundi 5 septembre et coûteront la coquette somme de 1,5 million d'euros, mais ils n'ont été votés par aucun élu !

Que peut-on encore faire pour éviter le pire ?
Des pourparlers sont en cours avec l'association des commerçants de la place de la République et avec les Services Techniques de la Mairie. Tous les citoyens attachés à la défense de l'environnement doivent se mobiliser !
Un goûter informatif sera offert aux enfants et à tous les Gapençais concernés dans le square Henri Dunant le vendredi 9 septembre à 16 h 30. Venez nombreux !

Roland de MILLER
écrivain, bibliothécaire et libraire. Tél : 04 92 52 71 47. 31 août 2011

Le massacre a commencé !!
6/9/2011
Le marronnier du square Dunant qui était centenaire a été coupé et dans quelques heures ou quelques jours c'est les 10 arbres de la place de la République qui seront sacrifiés.

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