Par Corentin Vital, 5/4/2011
Dans le cadre du Festival du Cinéma Espagnol 2011,
le documentaire Le problème.
Témoignage du peuple Sahraoui était projeté, mardi 29 mars, au Katorza. Ce long-métrage, réalisé par Jordi Ferrer et Pablo Vidal, aborde le sujet sensible du Sahara Occidental : une ancienne colonie espagnole située au nord-ouest de l’Afrique, qui appartient aujourd’hui au Maroc. Un peuple qui lutte pour son indépendance et qui subit les exactions du Maroc. Pablo Vidal et Jordi Ferrer ont réuni un grand nombre d’images et de témoignages interdits, allant jusqu’à risquer leur vie. Ce travail donne place à un documentaire choquant et révoltant, qui ne laissera personne indifférent.
Soit on finit le film, soit on devient fou
Chaque Sahraoui a un membre de sa famille qui a disparu et dont on est sans nouvelles
« El Aaiùn est une prison sans barreaux. C’est la peur qui les a remplacés. Nous avons besoin de vos yeux pour que vous puissiez expliquer aux autres ce qu’il nous font subir ». Voilà comment Ali Salem Tamek, militant pour les droits de l’homme et prisonnier politique sahraoui, décrit la situation dans la ville d’El Aaiùn, ville la plus importante du Sahara Occidental. Dans leur documentaire, Pablo Vidal et Jordi Ferrer veulent ouvrir les yeux des Occidentaux sur cette tragédie.
Envers et contre tous
« Soit on finit le film, soit on devient fou », explique Pablo Vidal. Il a passé cinq ans de sa vie a réunir images et témoignages afin de réaliser ce documentaire, dans une région où les caméras ne sont pas les bienvenues. Le réalisateur avoue avoir subi certaines pressions, mais reste discret à ce sujet. En Espagne, son film a même été refusé par un diffuseur. La projection de ce film au Festival du Cinéma Espagnol semble être l’aboutissement d’un long pèlerinage.
Portrait de Pablo Vidal : Jorge Fuembuena |
Le Problème
Le Sahara Occidental est un territoire situé au nord-ouest de l’Afrique, entre le Maroc, l’Algérie et la Mauritanie. De 1885 à 1975, ce territoire était la 53e province d’Espagne et ses habitants avaient tous la nationalité espagnole. Depuis 1975, cette région fait partie à part entière du Maroc. Le Sahara Occidental est considéré aujourd’hui comme la dernière colonie en Afrique. Le Maroc se base sur des faits historiques pour rattacher cette région. Pour Pablo Vidal, « il faut arrêter de remonter si loin dans le passé pour des choses actuelles ». À leur départ en 1975, les Espagnols n’ont pas impulsé le référendum pour le droit à l’auto-détermination des peuples, prévu par l’ONU. Le peuple Sahraoui réclame ce référendum depuis le 6 novembre 1975, date où le Maroc organise la marche Verte pour marquer sa volonté d’une souveraineté sur ce territoire. Le 26 février 1976, le Front Polisario (lutte armée contre l’occupation marocaine) créé la République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD).
Le Problème.
C’est comme cela que le peuple Sahraoui appelle la situation qu’il subit actuellement. Ne pouvant pas prononcer les mots « Sahara Occidental » ou « Référendum », leur parole est réduite au silence par le gouvernement marocain. Dans le documentaire, un Sahraoui interviewé avoue qu’il vivait mieux lors de la colonie. Un bon indicateur des menaces constantes que subit ce peuple. « La dureté et la cruauté avec laquelle elles sont appliquées sont constantes », explique Pablo Vidal. Dans ce documentaire, on peut voir des hommes et des femmes qui ont été torturés, violés et injustement emprisonnés. Chaque Sahraoui a un membre de sa famille qui a disparu et dont on est sans nouvelles. Le problème dure depuis trente ans et pourtant les pays occidentaux, ainsi que l’ONU, n’interviennent toujours pas. En cette période de révolutions arabes, Pablo Vidal et Jordi Ferrer continuent de se demander : « Pourquoi un conflit comme celui-ci continue à être étouffé de manière si flagrante ? »
En savoir plus: http://www.fragil.org/focus/1669
Site officiel du documentaire
Festival du Cinéma Espagnol
Pour aller plus loin
Cet article a été réalisé conjointement par une équipe d’étudiants du Département Infocom de l’Université de Nantes.
Équipe : Laurette Bouysse, Xavier Pennec, Marine Toux, Corentin Vital. Coordination éditoriale et pédagogique : Emilie Le Moal.
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