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vendredi 4 février 2011

Hélène Flautre : « Je demande la tête du représentant de l'UE en Tunisie »

Par LAURENT DECOTTE, La Voix du Nord, 3/2/2011

Hélène Flautre, députée européenne Verte du Nord.

« Quand Ben Ali est tombé, mes collègues députés européens sont venus me féliciter. J'avais envie de leur dire, j'aurais voulu avoir votre soutien avant. » ...
La députée européenne verte du Nord Hélène Flautre n'est pas tendre avec l'attitude de l'Union européenne pendant l'ère Ben Ali. Une parole qui pèse si l'on considère que de 2004 à 2009, la parlementaire était présidente de la sous-commission des droits de l'homme au Parlement européen. Elle se dit même « Madame Tunisie ».

« J'affirme ça sans me vanter, mais j'y suis allée une quinzaine de fois. J'étais fichée, sans cesse surveillée quand j'y allais. Je me suis liée d'amitié avec Taoufik Ben Brick ou d'autres défenseurs des droits de l'homme. » Elle a même eu droit à un photomontage diffamant dans la presse avec Robert Ménard, l'ancien patron de Reporters sans frontières. Ou d'être injoignable sur son portable à partir de la Tunisie pendant deux ans. « On m'enquiquinait à l'aéroport, mais je n'ai jamais été interdite de territoire. Certainement du fait que j'étais parlementaire.
» Pas sûr qu'elle aurait reçu grand soutien de ses collègues élus. « Quand j'organisais une table ronde, j'arrivais à réunir quelques parlementaires socialistes ou de droite, mais au niveau des groupes rien. Depuis 2005, on n'a jamais réussi à faire passer une résolution. » Et pourtant... « Nous avons depuis 1995 un accord de coopération avec la Tunisie qui impliquait le respect des droits de l'homme. Face à tant de violations, l'UE aurait dû convoquer les autorités et demander des comptes. Et si elles n'avaient pas bougé, elle aurait dû dénoncer ce partenariat. Au lieu de cela, on a négocié avec Ben Ali un statut avancé. »

Rattraper les erreurs
D'accord, mais cela aurait-il eu un poids ? Il n'était question que d'une subvention de plusieurs dizaines de millions d'euros. « Ce n'est pas une question d'argent. Si nous avions pris une telle résolution, ç'aurait été un signe politique extrêmement fort. » Poursuivant : « Il est temps que l'Union européenne se rattrape sur ses erreurs passées. » En premier lieu, « je demande la tête du chef de la délégation de la Commission européenne en Tunisie, Adrianus Koetsenruijter. Il avait fermé ses portes aux défenseurs des droits de l'homme et négociait avec Ben Ali. » Ajoutant : « Je suis allée jeudi et vendredi (la semaine dernière) en Tunisie avec Eva Joly. On nous a clairement dit qu'il fallait changer les personnes. » En outre la toujours membre de l'association parlementaire euro-méditerranée à l'UE commente la proposition de Bruxelles de mettre en place une mission d'observation des prochaines élections. « C'est important, mais pas suffisant. Il faut redéployer l'argent de la coopération sur les libertés.
Soutenir les radios, les journaux, les projets citoyens. Mais aussi réorienter le programme de modernisation de la justice vers un soutien à sa marche vers l'indépendance. » Rappelant : « À l'époque, j'avais émis une réserve sur le fait de soutenir la justice corrompue de Ben Ali, mais je n'avais pas été entendue. » Dure avec l'Union européenne, Hélène Flautre n'est pas non plus tendre avec la France. « L'attitude de la France durant la révolution de Jasmin a été minable. J'ai honte. Dans le cas de Michèle Alliot-Marie, elle est même coupable (cet entretien a été réalisé avant les dernières révélations parues hier dans Le Canard Enchaîné sur la ministre des Affaires étrangères). Elle aurait dû présenter sa démission. C'est fini pour elle. Mais ça doit arranger Sarkozy qui, comme ça, peut garder les affaires étrangères à l'Élysée. » Espérant que de tout cela les leçons soient tirées. « J'espère par exemple qu'avec la Libye, l'Union européenne soit désormais ferme sur les droits de l'homme dans son accord de coopération. » •



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