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dimanche 15 août 2010

Roms évacués : la Loire applique la consigne présidentielle

CAMP ILLÉGAL À SAINT-ETIENNE
Par Sélim Batikhy, Le Progrès, 7/8/2010
122 policiers et CRS ont procédé hier matin à Saint-Etienne, à l'évacuation d'un camp illicite. Cette opération intervient une dizaine de jours seulement après les annonces sécuritaires de Nicolas Sarkozy
"Dans les trois mois, je veux qu'au moins la moitié des implantations sauvages de ce type aient disparu du territoire français ». L'injonction formulée vendredi 30 juillet par Nicolas Sarkozy n'est pas tombée dans les oreilles d'un sourd. Hier matin, Pierre Soubelet a été le premier préfet de France a appliquer la consigne présidentielle, ordonnant l'évacuation d'un campement illicite occupé par 135 Roms, rue Florent Evrard, à proximité de la SPA de Saint-Étienne.
L'opération d'évacuation, rendue possible par la délivrance d'une ordonnance d'expulsion prononcée par le tribunal de grande instance de Saint-Étienne, a été menée par 122 policiers. Certains issus de la compagnie républicaine de sécurité, ont été appelés en renfort pour l'occasion.
C'est à 7 h 15 que les policiers ont procédé à l'expulsion des Roms de Roumanie, dont un peu moins de la moitié, sans doute prévenus de l'imminence d'une intervention, avaient quitté les lieux avant l'arrivée des forces de l'ordre. À l'issue de l'évacuation, qui s'est terminée aux alentours de 11 h 30, 44 personnes ont « fait l'objet d'une mesure d'éloignement » indique la préfecture de la Loire. Selon le cadre légal, toute personne européenne ne peut séjourner plus de trois mois dans un pays régi par le principe de libre circulation s'il ne parvient pas à justifier de ressources suffisantes.
Ces personnes sont donc désormais dans « l'obligation de quitter le territoire français dans un délai d'un mois », a indiqué hier après-midi le préfet au cours d'une conférence de presse à laquelle participaient de nombreux médias nationaux. Passé ces délais, ces personnes seront sous le joug d'une reconduite à la frontière. « 10 adultes accompagnés de 8 enfants, indique le préfet, ont accepté un retour volontaire ». Cette mesure, mise en place par l'Office français de l'immigration et de l'intégration, prévoit un « dédommagement » de l'ordre de 300 euros par adulte et 100 euros par enfant en plus du billet d'avion, aux personnes qui n'ont jusqu'ici jamais bénéficié de ce « retour aidé ». Dans l'absolu, rien n'empêche celles-ci de revenir en France.
Le préfet de la Loire a indiqué que cette opération entrait parfaitement dans le cadre légal déjà existant. Une application rigoureuse des textes établis. « Nous sommes typiquement dans l'application des lois, a-t-il expliqué aux journalistes, ne cachant pas pour autant la corrélation de cette opération avec les récentes déclarations du président en matière de durcissement de la politique sécuritaire de l'Etat. « Il est clair que ce que j'ai fait ce matin est dans la ligne de la consigne présidentielle. Il y a des consignes récentes qui visent à demander aux Roms de rentrer chez eux», a affirmé le préfet. Le haut fonctionnaire de l'État a expliqué qu'aucune obligation de quitter le territoire français n'avait été notifiée au cours des dixprécédentes évacuations de squats effectuées depuis janvier à Saint-Etienne. La raison: ne pas donner aux Roms «de signe qui ne soit pas immédiatement coercitif».
« Il n'y a pas d'avenir en France pour les Roms en situation irrégulière », a répété le préfet, indiquant que des opérations de ce type allaient se multiplier durant les prochains mois dans les autres départements. Au cours de cette période, la police et la gendarmerie devraient entreprendre le démantèlement de deux à trois cents camps illégaux, afin, selon les termes employés par le président de la République, de régler « les problèmes que posent les comportements de certains parmi les gens du voyage et les Roms ».
REPERES
- C'est la 11e évacuation d'un campement de Roms à Saint-Etienne depuis le début de l'année. De source préfectorale, aucune n'avait eu lieu en 2009, contre une seule en 2008.
- Entre la SPA et cimetière, le campement de Montmartre a été peuplé en deux vagues: le 20 mai puis le 18 juin soit au total 135 personnes.
- 10 adultes accompagnés de 8 enfants ont accepté un retour volontaire, selon la préfecture. 3 mères de famille avec de jeunes enfants sont hébergées jusqu'au mercredi 11 août, date de leur retour en Roumanie.
- 122 policiers dont une compagnie républicaine de sécurité sont intervenus  pour évacuer le campement stéphanois.
- Le problème des Roms est un casse-tête à Saint-Etienne depuis plus de cinq ans. Le dernier recensement sur l'agglomération fait état de 218 adultes et 129 enfants.
- Selon la préfecture, il reste encore cinq ou six squats roms constitués de cinq à vingt personnes à Saint-Etienne.
- Lors d'un sondage auprès de nos internautes sur leprogres.fr publié le 3 août, 1808 personnes soit 87% ont estimé qu'il fallait être plus sévère avec les campements illicites.
Réactions
-  Un Rom trentenaire expulsé
« Ya écrit gitan, là? (NDLRen sortant sa carte d’identité).Ils font vraiment comme si on était des insectes, ils nous écrasent.Qu’est-ce qu’ils veulent? On va mourir de froid cet hiver ».
-  Un père de famille rom
« Les Sarko et tout, ils nous disent de partir, mais ce soir, je sais pas où je dors.J’ai trois enfants, ça fait cinq ans que je suis en France. Mais maintenant, il y a Sarko qui dit : tout le monde dégage! »
Une riveraine de la rue Martin-Luther-King
« Il n’y avait pas nécessité d’évacuer le terrain. Personne ne les voyait, ils ne gênaient personne.Je leur apportais des vêtements de la nourriture, mais la situation ne pouvait plus durer quand même ».
_  Georges Günther, membre du Réseau de Solidarité avec les Roms
« Je suis indigné, on foule les Droits de l’homme.C’est contraire aux principes d’accueil et de solidarité. Les rapatriements coûtent de l’argent pour rien.Les Roms partent et reviennent directement avec l’Union européenne. Cet argent devrait être utilisé pour les reloger. On ne compte que 400 Roms sur l’agglomération stéphanoise, ce n’est pas beaucoup. Mais ils sont sous pression, le préfet veut être bon élève.Il a dû réaliser au moins la moitié des expulsions qu’il doit faire dans l’année. C’est vrai qu’ils vivaient dans une situation déplorable avec seulement cinq WC chimiques et deux points d’eau pour 130 personnes.Mais maintenant, c’est encore pire.On va aller vers des drames ».

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