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lundi 14 juin 2010

NPA, France : entretien avec trois syndicalistes de la SMESI

ENTRETIEN AVEC TROIS SYNDICALISTES DE LA SMESI . RÉGIE DE L'UMT DE KHOURIBGA.
Propos recueillis par Lotfi Chawqui. 13/6/2010
Quel est le statut des ouvriers de la SMESI au sein du groupe OCP et quelle est leur ancienneté ?
Le groupe OCP a connu durant les dix dernières années un déficit notoire en ressources humaines, notamment au niveau du Pôle des Mines de Khouribga suite au vieillissement de sa masse ouvrière et au départ massif à la retraite. Cette situation a obligé alors le groupe OCP à recruter en urgence pour combler le flagrant déficit subit.
Le société SMESI (société marocaine d’études spécialisés et industrielles), 100% filiale du groupe OCP, a commencé à partir de 2001 a faire appel à des ouvriers, suite au dépôt de ces premières demandes d’emploi pour satisfaire les besoins du groupe OCP dans les différents site du Pôles mines de Khouribga, tout en suivant les activités de ces agents: gestion administrative tel que les mutations des ouvriers et la réception des certificats médicaux d’aptitude, gestion financière tel que le suivi du pointage journalier et des factures de paiement, encadrement des ouvriers à travers des séminaires et des journées de formation et de sensibilisation en matière de sécurité; dotation des équipements de paiement individuelle (EPI) tels que: les bleus de travail, chaussures, casques…, définition par elle des taux horaires de rémunération selon la fonction, la qualification et le code objet de la convention entre le groupe OCP et la SMESI du 05 janvier 1979 dans laquelle le code reste un dénominateur commun entre les agents SMESI matricule, intégré récemment, et les agents SMESI régie, ce qui confirme la similarité de la situation des deux catégories de salariés.
Qu'en est-il des conditions de travail, salaires et revendications ?
Si les travailleurs de SMESI régie exercent les mêmes fonctions et missions accomplis que les salariés titularisés de l’OCP (production, conduite des engins, maintenance, électricité, gestion…), ils se distinguent par:
-  De faibles salaires qui ne dépassent pas 2000, 00 DH/mois pour la majorité des ouvriers, alors que le salaire minimal d’un agent titulaire dépasse 6000, 00DH/mois!!!?
l’absence de couverture sociomédicale,
-  L’absence des primes et avantages sociaux: primes de rendement, prime de risque, prime de logement, prime fin d’année, prime de gratification…
-  Privation des services sociaux,
-  Manque de moyens de sécurité,
Par cette ségrégation, les travailleurs SMESI régie ressentent de l’humiliation et la marginalisation qui touchent profondément leur dignité, malgré leurs compétences techniques approuvées par les responsables et les cadres du groupe OCP.
Face à cette situation, les ouvriers SMESI régie, qui sont dans la majorité originaire de la région, fils de retraités de l’O.C.P ou de paysans dont les terres ont été confisquées par l’OCP, ont constitué leur bureau syndical sous couvert de l’UMT (union marocaine du travail) pour revendiquer leurs droits spoliés tels que l’intégration et la titularisation au sein du groupe et le respect des droits syndicaux.
Quelles ont été les différentes étapes de la lutte des travailleurs de la SMESI ?
Les travailleurs SMESI Régie, surnommés «Phosphatiers sans droits », ont travaillé pendant plus de 8 ans au sein des différents sites du groupe OCP, et étaient toujours sous la supervision et l'encadrement de la direction du groupe et de la société SMESI (…), ils exécutent des tâches similaires à celles des ouvriers titulaires de l’OCP, mais avec des salaires beaucoup plus faibles en étant privés de tous les droits dont jouissent les autres (subventions, primes, divers services sociaux ...) mais ce qui a accentué les sentiments d'humiliation et d'infériorité a été l'intégration au groupe OCP de 883 des travailleurs de la SMESI Matricule pendant l’été 2008 et leur exclusion sans aucune explication, alors que la note PDG-I-01 publié le 23 Juin 2008 appelait sans équivoque leur intégration et leur titularisation au sein du groupe, elle a été contredite par une autre directive ( note RE-205 ) de la direction générale de l’OCP qui les séparent une fois pour toute de la société SMESI, ce qui a mis la direction en contradiction avec ses déclarations: Si les travailleurs n’avaient rien à voir avec la société SMESI pourquoi a-t-elle a émisune note annonçant leur exclusion!!?.
Ainsi, les travailleurs mis devant le fait accompli, ont été poussés à défendre leurs droits. La direction de l’O.C.P a commencé à répéter que les travailleurs n'ont aucun lien légal et juridique soit avec le groupe soit avec sa filiale SMESI, et qu’ils sont liés à des sociétés d’intérim!!! pour les ouvriers ces sociétés sont appelées par la direction de l’O.C.P juste pour le paiement des salaires et ils ignorent tout sur ses sociétés, soit leurs propriétaires, ou leur siège, ses responsables et leurs taches, en plus ils n’ont jamais déposé chez elles leurs demandes d’emploi, c’est pour ses raisons que les ouvriers SMESI Régie les considèrent comme des sociétés utopiques, et même les autorités locales considèrent, selon la déclaration du «PACHA» de Khouribga, lors d’une rencontre avec le bureau syndical, ces sociétés comme des sociétés fantômes, car ils ont trouvés des difficultés à les identifier, en réalité ce sont des sociétés qui visent le pillage des fonds publics ni plus ni moins.
Après une tentative ratée des travailleurs de constituer un bureau syndical au sein du syndicat nationale des phosphates affilié à la fédération démocratique du travail, en raison de l’autorité et la bureaucratie exercé par un de ses responsables sur les travailleurs, ils se sont orientés vers l’union marocaine du travail et ont constitué leur bureau syndical le 19 avril 2009. La direction de l’OCP commença à harceler les travailleurs de la SMESI Régie et surtout les membres du bureau syndical, elle a refusé de recevoir le dossier revendicatif, ce qui a poussé le bureau syndical à l’envoyer à la direction locale et centrale par des lettres recommandées, et a également commencé à pratiquer des pressions sur les travailleurs, et a arrêté entre fin juin et début août 2009 tous les travailleurs sous prétexte qu’ils ont refusé de signer des contrats temporaires avec des sociétés d’intérim. Plus de 8 ans de trime avec la société SMESI se sont évaporés.
En ce temps-là, les travailleurs avec l’aide de l’union locale des syndicats de Khouribga, ont commencé leur combat qui ne s’est pas arrêté depuis..
Le combat a connu différentes étapes, la première du début juillet jusqu’au mi septembre 2009, en ce temps là les autorités locales et régionales de Khouribga mènent des pressions sur le syndicat sans interdire les sit-in, après la caravane de solidarité organisée par le bureau central et la section locale de l’association marocaine des droits humains le 13 septembre 2009, la répression a commencé à peser lourdement sur tous les mouvements de lutte déclarés, elle s’est accentuée par des interventions musclées des forces de l’ordre le 15 septembre 2009, le 23 et 25 mars 2010, le premier et le 22 avril 2010, laissant des dizaines des blessés, 5 fracturés et des dizaines d’arrestations, 4 ouvriers sont traduits devant le tribunal de première instance au mois de septembre, acquittés peu après, maintenant, c’est 15 personnes, dont 13 syndicalistes qui sont arrêtés et emprisonnés à la prison locale de Khouribga en attente du verdict du tribunal de première instance.

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