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dimanche 20 septembre 2009

Ramadan : ces Marocains qui veulent être libres de ne pas jeûner

Par Ghalia Slaoui, 20/9/2009

Ce samedi, Rue89 publiait un article de Global Voices qui résumait les réactions des blogueurs marocains après l'interpellation de militants coupables d'avoir rompu le jeûne en public à Mohammedia le 13 septembre. Alors que le ramadan s'achève ce dimanche, Ghalia Slaoui revient sur les motivations et l'organisation de ce nouveau mouvement.

(De Rabat) Créé sur Facebook il y a quelques semaines au Maroc, le Mouvement alternatif pour les libertés individuelles (Mali) a décidé de briser un tabou et d'en faire un exemple de militantisme pour les libertés individuelles, en organisant le « dé-jeûner » du ramadan qui lui vaut ses ennuis avec la justice marocaine.
A l'origine du mouvement, deux jeunes femmes : Zineb El Rhazoui, 27 ans, journaliste, et Ibtissam Lachgar, psychologue. Elles écrivent dans leur manifeste :
« Au Maroc, plus que dans d'autres Etats, la défense de nos libertés individuelles est une nécessité. Abus de pouvoir, inquisition socioreligieuse, intolérance, textes de loi abusifs étouffent nos libertés fondamentales. D'où l'importance d'un Mouvement alternatif pour les libertés individuelles. »
Zineb El Rhazoui n'a pas le profil lisse et superficiel que lui brosse aujourd'hui la presse marocaine. Elle a enseigné la méthodologie de l'écrit et de la recherche à l'Université française d'Egypte, et l'arabe classique à des étudiants militaires de Saint-Cyr en stage de formation au Caire.
Elle devrait défendre dans quelques semaines à l'EHESSS de Paris un mémoire de master de sociologie des religions sur l'évangélisation au Maroc.

Une communauté qui se mobllise régulièrement pour les libertés publiques
Dimanche 13 septembre, en fin de matinée, Zineb El Rhazoui et Ibtissam Lachgar sont dans le train navette qui relie Casablanca à la capitale, Rabat, avec un petit groupe de jeunes gens d'extractions sociales diverses, ralliés au mouvement grâce à l'exceptionnel buzz créé sur les sites communautaires et les blogs tenus par des activistes progressistes.
La même communauté qualifiée au mieux d » « idéaliste », au pire de « nihiliste », qui, à chaque poussée de fièvre sécuritaire au Maroc, se mobilise sur Internet pour faire entendre la voix de ceux qu'on appelle souvent au Maroc les « modernistes ».
A l'orée des années 2000, au balbutiement de cette vague contestataire, certains d'entre eux étaient déjà en première ligne pour l'organisation d'une manifestation à Rabat soutenant le projet de la réforme de la
Moudawana, le code de la famille, alors que les islamistes et les conservateurs faisaient une démonstration de force dans les artères de Casablanca pour faire capoter le projet.
Ils utiliseront la puissance de la communication virale pour faire connaître le sort ubuesque de
Fouad Mourtada, embastillé pour avoir crée un pastiche du profil du prince Moulay Rachid, le frère du roi, sur Facebook.
Plus récemment, ils ont eu l'idée de constituer le groupe des 9%, en référence à la frange des déçus du système révélés par le sondage sur la popularité du roi qui aura valu cet été la
destruction de 100 000 exemplaires des magazines TelQuel et Nichane. [A ce sujet, voir dans les commentaires sélectionnés ci-dessous une mise au point d'un des initiateurs du groupe des 9%, ndlr]
Des manifestants armés de sandwiches
Par petites grappes, les membres du collectif Mali se donnent rendez-vous à la gare ferroviaire de Mohammedia, leur point de ralliement avant de se diriger vers une zone dégagée, à l'extérieur de la ville, leur objectif clameront-ils était de rompre le jeune « dans un espace non clos, mais dans une relative discrétion », l'action n'étant pas de le faire de manière ostentatoire.
Leur mot d'ordre essentiel étant avant tout de « protester contre l'ingérence dans la vie privée et pour la liberté de ne pas jeûner ramadan ».
Les manifestants munis de leurs sandwichs voulaient casser la croûte lors d'un happening dans une petite forêt de Mohammedia et non dans le hall de la gare comme la prétendu la presse.
Une centaine de policiers et de militaires (« 100 policiers contre 10 sandwichs », titrera non sans malice le quotidien madrilène El Mundo), étaient amassés à leur descente de train. Une autre membre du Mali dans les colonnes du quotidien espagnol :
« Notre objectif était de dire que nous sommes marocains, nous n'observons pas le jeûne, mais nous avons le droit d'exister. Chaque année, il y a des arrestations et des lynchages publics de non-jeûneurs, alors que la constitution marocaine garantit la liberté de culte. »
Des dizaines d'arrestations moins médiatiques que l'opération du Mali
La presse fera d'ailleurs état en effet de dizaines d'arrestations lors de ce Ramadan pour non-observation du jeûne en public, assorties de condamnation à la prison ferme. Des jugements expéditifs qui n'ont pas eu le même écho médiatique que celui suscité par le Mali.
Les mandats d'amener délivrés par le parquet à la police judiciaire s'appuient sur l'article 222 du code pénal marocain qui stipule que tout individu notoirement connu pour son appartenance à l'islam qui rompt ostensiblement le jeûne dans un lieu public pendant le ramadan est passible de un à six mois d'emprisonnement et d'une amende.
Une disposition légale jugée contraire aux normes internationales en matière de libertés individuelles comme l'ont rappelé avec insistance les organisations de défenses des droits de l'homme.
D'ailleurs, rappellent des ténors du barreau comme le bâtonnier Abderrahim Jamaï qui devrait prendre la défense des membres du Mali en cas de procès, cet article de loi ne peut servir de base juridique aux poursuites, les personnes interpellées n'ont en définitive pas rompu le jeûne en public.
Ils ne peuvent pas être valablement condamnés pour un supposé délit d'intention. Selon l'avocat :
« Nous sommes encore une fois face à une décision arbitraire, car l'infraction supposée n'a pas été commise ».

L'inadequation des textes avec la réalité sociale
Au-delà des débats juridiques, l'affaire met en exergue une réalité bien plus pesante : l'inadéquation des textes de loi avec une réalité sociale en pleine effervescence, confrontée à la mondialisation des mœurs et des idées. Si l'Islam est la religion d'Etat, la question de la liberté de culte dont la Constitution garantit le respect est de nouveau battue en brèche. « Il y a un problème de clarification à ce niveau » explique Me Jamaï :
« la liberté de culte dont se prévaut le MALI est en phase avec une conception évidente du droit au libre arbitre. Or, sur le plan politique, la religion d'Etat éteint le droit à l'autodétermination de chacun, ce qui est contraire aux libertés fondamentales ».
Là où le débat d'idées est nécessaire et où la réflexion devrait être admise, l'interdit est érigé au nom de la notion évasive de « communauté » et de « majorité écrasante » comme s'en défendent les islamistes où les conservateurs.
Pour Zineb El Rhazoui, la jeune journaliste à l'origine de ce mouvement, « l'islam existe depuis des siècles et n'a pas besoin des islamistes pour le défendre », et d'ajouter :
« Il ne sera nullement ébranlé par des personnes qui ont fait le choix, pour des raisons qui leurs sont propres, de ne pas observer une prescription religieuse.
Si nous permettons aux forces de l'obscurantisme de faire la loi dans notre société, chaque femme non voilée, chaque personne qui ne fait pas la prière ou qui boit de l'alcool pourra craindre les représailles des radicaux.
Nul n'est à l'abri du passage à l'acte d'un fanatique, mais cela ne doit pas nous empêcher de nous exprimer librement et de militer pour le Maroc que nous rêvons : un Maroc tolérant, libre et pluriel. »
Dans une
interview accordée en août à Libération, l'islamologue laïc Abdelwahab Meddeb souligne que, dans de nombreuses sociétés, et notamment au Maroc, le jeûne a tendance à devenir un phénomène social, plus qu'un exercice spirituel.

La liberté de pratiquer, ou de ne pas pratiquer
Les membres du Mali adhèrent à ce point de vue :
« Nous pensons que chacun doit avoir la liberté de pratiquer sa religion en son âme et conscience. Ceux qui souhaitent jeûner doivent pouvoir le faire sans contrainte, où qu'ils soient dans le monde.
Ce que nous dénonçons, c'est la stigmatisation des dé-jeûneurs et leur pénalisation du point de vue de la loi. Dans notre activité du dimanche dernier, il y avait des jeûneurs parmi nous, qui soutenaient le droit des dé-jeûneurs à exister librement, sans hypocrisie ».
La question dépasse aussi le seul cadre du débat sur les libertés individuelles, socle essentiel de la modernité d'une société. Elle interpelle sur les fondamentaux du contrat social avec la monarchie qui tire évidemment sa légitimité première de la notion de Commanderie des Croyants.
Si ce lien est très largement accepté, il ne l'est pas seulement dans sa lecture culturelle, symbolique ou identitaire. La sacralité telle que définie par la constitution marocaine impose un dogme que le régime a, à l'évidence, de grandes difficultés à synthétiser avec la modernité.
Un état de fait qui transpire dans les relations chaotiques du pouvoir avec la presse, les ONG et la frange progressiste de la société civile qui déminent depuis des années les lignes rouges imposées.

3 commentaires:

  1. bravo les filles, quel courage !

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  2. DR IDRISSI MY AHMED28 septembre 2009 à 16:28

    LIBERTES ET OFFENCES,
    LA KABBALE DES OBJECTEURS DU RAMADAN

    _________________
    http://www.lanouvelletribune.com/forum/viewtopic.php?t=81


    POST-SCRIPTUM

    Sur ce, messieurs de la Justice et de la Police, relâchez ces garnements, nous vous prions, sans trop les faire attendre ! Parce que Dieu et la société, cet Islam médian qui est le nôtre, cette Oumma de près de deux milliards d’âmes, n’ont pas besoin de la piètre opinion ni de la goinfrerie ramadanesque de ces 6 freluquets, pour se rapprocher de Dieu ! Dieu n’a pas besoin d’hypocrites dans Sa religion ! Qu’on les relaxe, par sagesse et largeur de vue politique ! Et non par faiblesse, pour leur montrer l’immense commisération et la liberté de notre Civilisation, la tolérance, la magnanimité et les avancées de notre belle religion ! Au moment même où cet Islam qui nous relie, est combattu par ceux qui le méconnaissent ! Concédons leur un pardon exemplaire, digne et fort ! Ignorons ces tigres de papier, avant qu’ils ne commencent à rugir de faim et pour les faire rougir de regrets !


    DR IDRISSI MY AHMED,
    Kénitra, le 24 septembre 2009

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  3. je suis musulman mais je ne me sens pas proche des 2 milliards dont tu parles :visas pour al

    lervoir tes frères!
    moi aussi je demande leur libérations'ils en détention pour fin à cette situationregrétable

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