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mardi 12 mai 2009

Libertés en danger

par ASDHOM, Paris, 11 mai 2009
L’ASDHOM qui a combattu au fil de ses 25 ans d’existence, les atteintes graves aux droits élémentaires exprime sa grande inquiétude quant à une recrudescence de ces dernières au Maroc.
Des brèves pas réjouissantes se succèdent les unes aux autres. On assiste à des interpellations ciblées de militants, à des vagues d’arrestations et d’enlèvements, à des condamnations arbitraires et à un silence assourdissant comme seule réponse aux grèves de faim que mènent des détenus d’opinion à travers différentes prisons du pays. Les disparitions forcées en série refont surface d’une façon alarmante.
Des défenseurs des droits de l’Homme font les frais de ces atteintes. C’est le cas de M. Chakib AL KHAYARI qui a été arrêté sans ménagement par les forces dites de sécurité à Nador, avant d’être mis illégalement en garde à vue et déféré devant un juge d’instruction à Casablanca pour se voir notifier des accusations infondées visant à le museler et à mettre un terme à son combat.
On emprisonne et on condamne les révoltés, victimes des inondations à Sidi Kacem (Khnichat), pour le simple fait d’avoir exprimé leur détresse et avoir dénoncé l’absence de secours appropriés.
On maltraite et on poursuit des journalistes d’AL AYAME, pour la photo (non publiée) d’une princesse. On condamne le bloggeur Houcine Barhoune à 6 mois de prison ferme pour ses critiques sur la toile des agissements des notables locaux de la région de Tétouan.
Après le procès des jeunes de Sidi Ifni, d’autres procès se déroulent ou se préparent à travers le pays…
Les pratiques du Maroc des années de plomb sont bien là… Elles se déroulent sous le regard bien vaillant d’un Conseil Consultatif des Droits de l’Homme qui est censé mettre en application les recommandations d’une autre instance étatique : l’IER. Laquelle instance avait été créée pour éluder en principe les violations graves des années de plomb, réparer et permettre une réconciliation…
Le Maroc qui a du mal à cicatriser ses blessures béantes est soumis de nouveau à une rude épreuve où l’arbitraire se perpétue.

Par les informations préoccupantes que nous relatons ci-dessous, nous voulons alerter les forces démocratiques et le mouvement de défense des droits humains sur la gravité de la situation et l’exigence de la vigilance.


Fès
Le 5 mai, six étudiant(e)s de l’université Mohamed Ben Abdellah ont été présentés en état de liberté devant le tribunal de 1ère instance de Fès. Le procès a été reporté au 2 juin.
Le lendemain, treize autres étudiants dont onze détenus à la prison locale Ain Kadouss ont été présentés devant le juge d’instruction de la cour d’appel de Fès. Ces détenus mènent une grève de la faim de quinze jours pour dénoncer les conditions de détention et la torture qu’ils ont subie lors des interrogatoires. Les familles, constituées en comité de soutien, se sont rassemblées devant le tribunal pour les soutenir et réclamer leur libération. Les forces de l’ordre ont usé de la force pour les disperser. Plusieurs manifestants ont été blessés et la tentative d’enlèvement d’une des responsables du comité de soutien a échoué grâce à la mobilisation des familles et des étudiants présents ce jour-là. En signe de solidarité avec les détenus, les étudiants ont manifesté massivement sur le campus universitaire de Dhar Lmahraz. Plus de deux cents d’entre eux ont entamé une grève de la faim de 48h et arrêté les cours pendant deux heures. Les forces de police ont investi le campus et des exactions ont été commises à l’encontre des étudiants. Le procès a, quant à lui, été reporté au 1er juin 2009.
L’ASDHOM s’inquiète de l’usage de la force pour mater le mouvement estudiantin. Elle exprime son soutien aux étudiants détenus qu’elle considère comme des détenus d’opinion. Elle interpelle les autorités marocaines pour retirer sans plus tarder ces forces de l’ordre du campus universitaire, libérer tous les étudiants détenus et procéder à l’amélioration des conditions d’études.

Tantan et Inzgane
Yahya Mohamed Alhafed Iâza, membre de l’AMDH -section de Tantan-, Ennajem Bouba et Ali Bouâmoud du CODESA, ainsi que d’autres prisonniers d’opinion, répartis sur les prisons locales d’Aït Melloul et Inzgane, sont en grève de la faim ouverte depuis le 4 avril 2009. Leur santé se détériore de jour en jour et le pire peut survenir à tout moment, surtout pour Mahmoud El Barkaoui et Hassan Khallad qui ne sont plus capables de communiquer ni de se mouvoir. Ils sont détenus en isolement total après avoir subi un traitement inhumain et dégradant et après avoir été transférés de force de la prison d’Inzgane à la prison d’Aït Melloul.
L’administration pénitentiaire pratique la sourde oreille à toutes leurs revendications légitimes. Elle leur refuse l’amélioration de leurs conditions de détention, les prive des visites de leurs familles et refuse de les séparer des prisonniers du droit commun. L’ASDHOM considère que ces détenus payent injustement pour avoir exprimé une opinion qui n’est pas celle des autorités marocaines concernant le conflit du Sahara.

A Goulmim, M. Abdallah Ouled Abdelkader Al Manfaâ a été enlevé le mercredi 6 mai 2009 de chez lui et devant sa femme par des personnes inconnues après lui avoir confisqué ordinateur et téléphone portable.

A Boujdour, c’est MM. Lahcen Zahid et Sedki Mustapha qui ont été enlevés à leur tour par des personnes inconnues après une surveillance très remarquée des agents de renseignements.

A Layoun et presque au même moment, l’élève Razaki Yassine, 18 ans, a subi le même sort lorsque des personnes l’ont cueilli à la sortie de la mosquée. Un peu plutôt dans la soirée, sa mère a reçu la visite de cinq personnes en civil se présentant de la police et qui ont fouillé sa maison à la recherche de livres et de documents appartenant à Yassine. Le citoyen Gaya Mohamed Saleh n’a pas échappé non plus à cette série d’enlèvements inquiétante. Après six jours de disparition forcée, ils ont été relâchés le 10 mai par leurs ravisseurs à Casablanca en compagnie de quatre autres citoyens dont nous n’avons pas les noms.
Les autorités locales déclinent toute responsabilité derrière ces enlèvements et déclarent ne pas connaître le lieu où ces citoyens sont retenus.

L’ASDHOM estime que ces enlèvements s’inscrivent dans la vague d’arrestation opérée à travers tout le pays contre des citoyens en raison de leurs pratiques religieuses (islamistes, chiites). Ces enlèvements et disparitions forcées nous rappellent un passé pas très glorieux. La liberté de culte se trouve malmenée, tout comme la liberté d’expression.

L’ASDHOM rappelle que le Maroc a signé le 6 février 2007 la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées. Elle lui demande de la ratifier et surtout de la mettre en application en abandonnant ces pratiques qui lui font tant de mal.

L’ASDHOM s’inscrit dans la campagne internationale, lancée en mai 2009 par des organisations de défense des droits de l’Homme, pour sauver la vie des prisonniers politiques en grève de la faim. Elle demande aux autorités marocaines de mettre fin aux exactions arbitraires et de se conformer à leurs engagements en matière de respect des droits de l’homme.

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