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dimanche 10 mai 2009

Le Sahara occidental et les droits de l'homme: la Résolution 1871 du Conseil de Sécurité

par Beatriz Martínez Ramírez, 3/5/2009. Traduit par Esteban G., révisé par Fausto Giudice, Tlaxcala
Original : El Sahara occidental y los derechos humanos
Au moment même où « la France empêche l'ONU de veiller sur les droits de l’homme au Sahara » (1), le Maroc condamne Khalihenna Aboulhassan , le militant sahraoui défenseur des droits de l’homme, à deux ans de prison pour un délit sans preuve. Cela s'est passé ce 28 avril à Marrakech (2). Le pouvoir judiciaire marocain peut continuer à violer la loi, même si nous démontrons sa connivence dans les violations des droits de l’homme. Si le Conseil de Sécurité a pris en considération la « dimension humaine » dans sa dernière lecture de la réalité du Sahara occidental, reconnaissons-lui un manque d'habileté lorsqu'il substitue le terme de « droit » par celui de « dimension ». Imaginons que la Proclamation soit appelée « Déclaration Universelle des Sentiments Humains ». Lorsqu’il s’agit de défendre par-dessus tout les droits du capital – entendons bien : le capital en mouvement au Maroc -, le sens orienté qu’imprime le Conseil de Sécurité aux droits de l’homme est une autre chose.
Je compare cette scène à celle que Peter Weiss a créé pour son œuvre théâtrale « La persécution et l’assassinat de Jean-Paul Marat », le Marat-Sade dans la version espagnole d’Alphonse Sastre. Dans le salon du Conseil de Sécurité, transformé en salle de bains de la maison de santé, les membres du Conseil sont comme ces infirmiers qui tentent d'alléger l’ennui et l’enfermement des malades mentaux, en montant avec eux une œuvre écrite par Sade, client distingué de la maison utilisant l'art et la culture. Avec cette représentation, ils servent, « les principes sacrés déclarés par le solennel décret des droits de l'homme ».
L'ambassadeur français, Jean-Maurice Ripert, tel Charlotte Corday, avec un poignard humanitaire de fabrication marocaine caché dans la poitrine, a pris l’élan pour asséner le coup de poignard mortel. Sade, présent mais à l’écart des tempêtes diplomatiques et des ouragans de critiques, rit triomphant au pied de son fauteuil à l'Elysée (3).
Et c’est là que s’achève la comparaison, car entre personnes qui ont l’autorité pour la représentation du drame, le coauteur français du Conseil a décidé d'exclure du scénario les Saharouis, un peuple personnifié par Ahmed Boujari, représentant du Polisario à l'ONU, spectateur de cette farce et nullement disposé à ce que le Sahara Occidental suive le même sort que le malheureux Marat. Je demande de la compréhension au défunt Weiss et à mon ami Sastre si j’utilise cette œuvre de la littérature universelle pour cette « boutade ». L'affaire le mérite.
Le gouvernement français ne s’embarrasse plus de détours. Il manifeste ouvertement et décide, imitation métropolitaine des vieux temps des protectorats français et espagnol au Maroc, que le Sahara Occidental doit faire partie du royaume du Maroc. L'Espagne se pliera en silence, comme toujours, et « la République Française » sauvera ses « citoyens » des effets de la « crise » actuelle et des futures explosions de colère dans les « banlieues ». La paix sociale intérieure, ils la font dépendre du néocolonialisme.
Rappelons-nous, en 2005, dans « la ceinture rouge » à Paris, l’état d’exception avait été réactivé et était resté en vigueur pendant des mois, le même état d'exception qui fut imposé pendant la guerre d'Algérie. Son artisan avait été le ministre de l'Intérieur d’alors, Nicolas Paul Stéphane Sarkozy de Nagy-Bocsa, « Fachozy » pour les petits-fils et arrières petits-fils des anciens colonisés qui vivent dans les balieues des villes françaises, incapables de pouvoir se sentir citoyens français. Stigmatisés pendant des années par une presse qui leur attribue la responsabilité de donner des arguments aux fascistes de Le Pen, systématiquement insultés par leur Ministre comme étant de la « racaille »… Fachozy, disais-je, a résolu le grave problème du racisme et de la xénophobie répandu sur tout le territoire gaulois, en nettoyant ces quartiers au « kärcher ». Et il l'a parfaitement bien accompli. Deux Français sur trois ont approuvé sa gestion. Ce mérite, parmi d'autres soutiens, l’a porté à la présidence française.
Au-delà de la conjoncture dans laquelle la France s'est trouvée au Conseil de Sécurité, sans aucun appui, ce sont les USA qui tiennent la queue de la poêle. Ayons bien en tête les résolutions qu’il y a eu sur l'Iraq et la Palestine. Sans Bush ou avec Obama, ils sont les gendarmes du capital qui a signé l’unique Traité de libre-échange en Afrique, avec le Maroc, et c’est à Tan-Tan que l’on projette l'installation du siège central de l'AFRICOM. La domination des ressources énergétiques et minérales, son contrôle, sont l'objectif central des mouvements géostratégiques impérialistes.
La solution au problème humanitaire dans les camps de réfugiés sahraouis n'est pas l'aide et la solidarité internationale ad vitam aeternam. Le problème à résoudre en Afrique, ce ne sont pas les Sahraouis, mais l’indépendance de la dernière colonie d'Afrique, ce qui requiert aujourd'hui l’urgente intervention effective des casques bleus sur le territoire occupé par le Maroc, parce que c’est là que l’on torture, persécute, brime et massacre.
En ce sens, il se peut que le mouvement des acteurs, à un moment donné, favorise le déblocage de la situation qui se trouve dans l’organisation d’un référendum au Sahara occidental. Mais le scénario qui continue est encore celui que Sade a conçu. Qui n’est ni le seul, ni le seul possible. Il existe, il a toujours existé, un temps et un espace pour être les protagonistes indiscutables de notre œuvre. Pour le grand théâtre mondial du marché, nous qui défendons les véritables droits qui nous permettent d'être chaque fois plus humains, nous ne pouvons pas cesser d'être une « racaille » de fous dangereux. Le plus absurde c’est que sans nous, ils ne sont rien.
Notes
1 )
Ignacio Cembrero, El País, 2/05/09
2)
Poemario por un Sahara libre
3) Alfonso Sastre. “Persecución y asesinato de Jean-Paul Marat” (« La persécution et l’assassinat de Jean-Paul Marat »). Ed. Arguitaletxe HIRU, S.L. Hondarribia (Guipúzcoa) año 2000, 2ª edición.

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