éditorial du quotidien français Sud-Ouest, Bordeaux, 9/5/2009
C'est une chose de rendre hommage à l'armée d'Afrique. C'en est une autre de payer ses dettes envers elle. En ce jour anniversaire de la capitulation sans condition de l'Allemagne nazie, 80 000 anciens zouaves, goumiers, spahis, tirailleurs marocains, algériens, ou sénégalais attendent toujours réparation. Ces soldats d'Afrique du Nord et d'Afrique noire, dont le président de la République a, hier, légitimement salué l'action aux côtés des forces alliées, des combats de Sicile à l'entrée dans Berlin, n'ont toujours pas obtenu toute la reconnaissance due.
Cette force potentielle de près de 700 000 hommes, dont un tiers débarqua en Provence, était organisée sur le mode colonial : cadres blancs, soldats indigènes moins bien payés que leurs homologues européens et disposant d'un nombre inférieur de permissions. Après 1959 et la décolonisation, leurs pensions civiles et militaires se virent appliquer un coefficient négatif de « parité de pouvoir d'achat », disposition condamnée en 2001 par le Conseil d'État parce que discriminatoire. La dévaluation des rétributions consenties fit en effet dire qu'un soldat français valait aux yeux de la République 23 Cambodgiens, 7,5 Sénégalais et 4,2 Marocains !
L'action conjuguée d'articles de presse montrant l'errance de ces anciens combattants dans les rues de Bordeaux où ils venaient chercher leurs maigres pensions et du film « Indigènes » avait conduit Jacques Chirac à revaloriser les retraites, mais le compte des pensions est loin d'y être. La proposition de loi déposée à l'Assemblée au mois de novembre dernier (lire en pages 10 et 11) envisage « une juste reconnaissance de ces personnes », c'est-à-dire un rattrapage général qui placerait enfin à égalité tous les frères de sang de l'armée française. Mais il n'est pas sûr que la facture de 500 millions d'euros soit un jour réglée.
Au même moment en Angleterre, les Gurkhas, ces Népalais des régiments de l'armée britannique, se battent pour pouvoir disposer de la nationalité anglaise en échange des services rendus.
Pourquoi, soixante-quatre ans après la seconde Guerre mondiale, existe-t-il encore, chez d'anciens combattants, des « hommes » et des « sous-hommes » ?
C'est une chose de rendre hommage à l'armée d'Afrique. C'en est une autre de payer ses dettes envers elle. En ce jour anniversaire de la capitulation sans condition de l'Allemagne nazie, 80 000 anciens zouaves, goumiers, spahis, tirailleurs marocains, algériens, ou sénégalais attendent toujours réparation. Ces soldats d'Afrique du Nord et d'Afrique noire, dont le président de la République a, hier, légitimement salué l'action aux côtés des forces alliées, des combats de Sicile à l'entrée dans Berlin, n'ont toujours pas obtenu toute la reconnaissance due.
Cette force potentielle de près de 700 000 hommes, dont un tiers débarqua en Provence, était organisée sur le mode colonial : cadres blancs, soldats indigènes moins bien payés que leurs homologues européens et disposant d'un nombre inférieur de permissions. Après 1959 et la décolonisation, leurs pensions civiles et militaires se virent appliquer un coefficient négatif de « parité de pouvoir d'achat », disposition condamnée en 2001 par le Conseil d'État parce que discriminatoire. La dévaluation des rétributions consenties fit en effet dire qu'un soldat français valait aux yeux de la République 23 Cambodgiens, 7,5 Sénégalais et 4,2 Marocains !
L'action conjuguée d'articles de presse montrant l'errance de ces anciens combattants dans les rues de Bordeaux où ils venaient chercher leurs maigres pensions et du film « Indigènes » avait conduit Jacques Chirac à revaloriser les retraites, mais le compte des pensions est loin d'y être. La proposition de loi déposée à l'Assemblée au mois de novembre dernier (lire en pages 10 et 11) envisage « une juste reconnaissance de ces personnes », c'est-à-dire un rattrapage général qui placerait enfin à égalité tous les frères de sang de l'armée française. Mais il n'est pas sûr que la facture de 500 millions d'euros soit un jour réglée.
Au même moment en Angleterre, les Gurkhas, ces Népalais des régiments de l'armée britannique, se battent pour pouvoir disposer de la nationalité anglaise en échange des services rendus.
Pourquoi, soixante-quatre ans après la seconde Guerre mondiale, existe-t-il encore, chez d'anciens combattants, des « hommes » et des « sous-hommes » ?
Auteur : p.venries@sudouest.com
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