Un rapport de l’administration américaine publié fin avril félicite le Maroc pour ses efforts dans la lutte contre le terrorisme. Mais ça n’empêche pas ce pays d’être un incubateur à groupuscules.
Voilà qui devrait donner des ailes aux services de sécurité du royaume enchanté du Maroc. La grande puissance américaine vient en effet de décerner un satisfecit sans réserve à la stratégie chérifienne de lutte contre le terrorisme, lequel tient en deux mots : « good job » ! Et c’est le Département d’Etat lui-même, via son Bureau du Coordonnateur pour l’antiterrorisme qui le dit.
Dans son « Rapport sur l’antiterrorisme 2008 » remis au Congrès fin avril qui évalue annuellement le travail fourni par les partenaires des Etats-Unis dans leur lutte internationale contre le terrorisme, le Maroc fait définitivement figure de bon élève et de premier de la classe américaine au Maghreb.
Au vu des « succès » enregistrés par les autorités marocaines, listés par ce rapport, on comprend mieux pourquoi le royaume enchanté reste si peu communicant sur son travail de l’ombre : il s’est appliqué à suivre scrupuleusement l’approche « globale » conjuguant répression et prévention, prônée par la plus grande démocratie du monde qui, du coup, le lui rend bien. En passant outre sur certaines pratiques marocaines engendrant d’importantes violations des droits de l’homme.
Heureusement qu’avec ce rapport les Américains et leur sacro-sainte transparence viennent pallier aux petites cachotteries marocaines, Dieu est grand et M6 son serviteur. Et on en apprend de belles…
Un beau tableau de chasse pour les autorités marocaines
Ainsi de sa stratégie répressive, et la liste impressionnante d’arrestations et de condamnations réalisées au cours des douze derniers mois. Parmi les coups de filets d’importance citées par le rapport, l’arrestation du très sulfureux maroco-belge Abdelkader Belliraj à la tête d’un réseau démantelé en février 2008 de quelques 36 individus « qui préparaient des attaques contre des cibles locales et occidentales ». En juillet, un réseau cette fois de « 35 recruteurs pour l’envoi de volontaire en Irak » était neutralisé, suivi de l’arrestation le mois suivant, de 15 membres d’un groupe baptisé « Fath Al-Andalous » alors qu’ils planifiaient selon les services marocains, « des attaques contre les forces onusiennes de maintien de la paix basées au Sahara occidental et contre des sites touristiques » au Maroc.
© Khalid
Même tableau de chasse lorsqu’il s’agit de juger les prévenus accusés de complot terroriste : 25 ans d’emprisonnement pour Hassan Al-Khattab, le chef d’un réseau de 49 membres du groupe « Ansar Al-Mehdi » ; lourdes sanctions également prononcées en 2008 à l’encontre des individus arrêtés trois ans plus tôt qui appartenaient au groupe « Djammaat Al Mouslimoun Al Djoudoud », comme pour les 29 membres de la « cellule de Tétouan » ; prison à vie pour le kamikaze raté Hicham Doukkali, piégé par sa propre bombe qu’il avait tenté de faire exploser dans le centre de Meknès en août 2007. Autant de résultats à mettre sur le compte des « importants efforts déployés par les autorités du pays », comme s’en félicite le Département d’Etat, « pour neutraliser un grand nombre de groupes d’inspiration salafiste-djihadiste ».
Un de capturé, dix d’enrôlés
Sauf que la prolifération de ces
Les Marocains l’ont même avoué aux Américains : « l’existence de nombreux petits groupes extrémistes (moins de 50 membres) constitués localement, isolés entre eux et tactiquement limités, reste la première menace » pour leur pays. La force d’attraction exercée par le groupe algérien Al-Qaïda dans les pays du Maghreb islamique (AQMI, ex-GSPC) sur le terrain marocain et ses appels répétés à s’attaquer au régime de Mohamed VI y contribue largement : « de nombreux Marocains se rendent au nord du Mali et en Algérie pour suivre des entrainements dispensés par des membres d’AQMI » apprend-on, avant de faire fructifier les acquis de cette nouvelle fraternité algéro-marocaine en terres chérifiennes ou l’exporter « en Irak pour y conduire des attaques terroristes ». Et s’ils survivent, le retour au pays de ces « vétérans » d’Irak représente un autre risque d’importance.
Mais il y a pire menace encore, selon les services marocains : ceux parmi leurs compatriotes à s’être « radicalisés au cours de leur séjour en Europe » (sic) et qui reviennent très remontés de cette expérience. Leurs homologues français, espagnols et italiens en particulier, apprécieront… qui doivent combattre de multiples filières implantées chez eux impliquant des Marocains, comme le rappelait le dernier rapport sur la lutte contre le terrorisme d’Europol publié quelques jours avec le Département d’Etat. A se demander pourquoi les Marocains ne restent pas vivre chez eux.
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