par Kamel Daoud
Tout le monde le sait, le seul parti d'opposition qui reste vivant dans ce pays, c'est le Net. Le Web. Internet. La Toile. Le militantisme du clavier. C'est là que les Algériens parlent. Parlent de tout et de rien. S'opposent. S'expriment. Disent. Disent non et se rencontrent, s'aiment ou s'insultent. C'est pourquoi le régime local tente aujourd'hui pour bloquer Internet, le surveiller, le réglementer, le cadenasser comme la Chine ou la Tunisie. Des projets de loi sont déjà en rédaction pour réduire cette liberté d'expression à une expression surveillée. Un jour, vous irez dans un cybercafé sous la caméra, vous ne pourrez surfer qu'en déposant votre CIN et vous ne pourrez le faire sans en rendre compte au propriétaire qui doit en rendre compte aux polices d'État. Un jour ?
Non. Cela a déjà commencé. Pour ceux qui le savent, «ouvrir» un cybercafé aujourd'hui, en Algérie, demande plus d'effort et de papiers que pour recréer le FIS ou le MTLD de Messali. Cet emploi, qui intéresse souvent l'emploi du jeune, est maillé par une série de procédures tout simplement incroyables. Jugez-en : au service des registres de commerce, on vous demande d'abord un dossier d'agrément avec 10 copies de plan de situation, un plan de masse, un extrait de rôle, la copie de votre CIN, un contrat de location ou un acte de propriété, un extrait de naissance d'origine... etc. Est-ce tout ? «Non», vous répond l'Etat qui encourage officiellement l'emploi et les technologies nouvelles. Reste l'autre parcours complètement surréaliste : avec ce dossier, vous devez introduire une demande auprès de la DRAG, à la wilaya de votre wilaya.
Là, les services de la réglementation dispatchent votre dossier sur huit services qui doivent tous faire une enquête, une sortie sur terrain et répondre par l'aval ou le niet et faire remonter leurs réponses vers la wilaya. En voici la liste, valable pour un dossier d'adhésion du Kosovo à l'ONU : la DCP (Direction de la concurrence et des prix), la Protection Civile, la Police, la direction de la Santé, l'APC, La direction de l'Environnement, la direction de l'Habitat et la direction de la Jeunesse et des sports. «Ne manque que l'accord d'El-Barade'i de l'Agence internationale de l'énergie atomique», explique un Algérien sorti vivant de ce Tora-Bora bureaucratique.
Sachant la numérisation très avancée des administrations algériennes, on devine le temps qu'il faut pour que tout ce beau monde soit d'accord.
Par la suite, Obama ayant été réélu, la DRAG vous donne votre agrément et vous voilà heureux et vivant, ou presque. Car, là aussi, l'ouverture du cybercafé impose un avis commodo-incommodo dans un journal avec un délai d'un mois à attendre pour commencer. A la fin, ce n'est plus un emploi de jeune mais un vieillissement pour l'emploi.
Ceci pour un cybercafé. On devine donc le temps qu'il faut pour le reste : créer une entreprise plus vite qu'au Qatar par exemple. Marcher sur la lune avec un comité de soutiens cosmonautes, inventer un nouveau carburant. Ceci, en attendant la nouvelle réglementation qui va encadrer ces nouvelles Kasmates de la mondialisation où l'oxygène algérien et ses jeunes se réfugient de temps en temps. Combien met-on de temps à ouvrir un cybercafé en Algérie ? Voici une échelle de mesure : huit fois le temps qu'il faut pour réviser une Constitution, six fois le temps qu'il faut pour faire voter ce peuple par téléchargement.
Non. Cela a déjà commencé. Pour ceux qui le savent, «ouvrir» un cybercafé aujourd'hui, en Algérie, demande plus d'effort et de papiers que pour recréer le FIS ou le MTLD de Messali. Cet emploi, qui intéresse souvent l'emploi du jeune, est maillé par une série de procédures tout simplement incroyables. Jugez-en : au service des registres de commerce, on vous demande d'abord un dossier d'agrément avec 10 copies de plan de situation, un plan de masse, un extrait de rôle, la copie de votre CIN, un contrat de location ou un acte de propriété, un extrait de naissance d'origine... etc. Est-ce tout ? «Non», vous répond l'Etat qui encourage officiellement l'emploi et les technologies nouvelles. Reste l'autre parcours complètement surréaliste : avec ce dossier, vous devez introduire une demande auprès de la DRAG, à la wilaya de votre wilaya.
Là, les services de la réglementation dispatchent votre dossier sur huit services qui doivent tous faire une enquête, une sortie sur terrain et répondre par l'aval ou le niet et faire remonter leurs réponses vers la wilaya. En voici la liste, valable pour un dossier d'adhésion du Kosovo à l'ONU : la DCP (Direction de la concurrence et des prix), la Protection Civile, la Police, la direction de la Santé, l'APC, La direction de l'Environnement, la direction de l'Habitat et la direction de la Jeunesse et des sports. «Ne manque que l'accord d'El-Barade'i de l'Agence internationale de l'énergie atomique», explique un Algérien sorti vivant de ce Tora-Bora bureaucratique.
Sachant la numérisation très avancée des administrations algériennes, on devine le temps qu'il faut pour que tout ce beau monde soit d'accord.
Par la suite, Obama ayant été réélu, la DRAG vous donne votre agrément et vous voilà heureux et vivant, ou presque. Car, là aussi, l'ouverture du cybercafé impose un avis commodo-incommodo dans un journal avec un délai d'un mois à attendre pour commencer. A la fin, ce n'est plus un emploi de jeune mais un vieillissement pour l'emploi.
Ceci pour un cybercafé. On devine donc le temps qu'il faut pour le reste : créer une entreprise plus vite qu'au Qatar par exemple. Marcher sur la lune avec un comité de soutiens cosmonautes, inventer un nouveau carburant. Ceci, en attendant la nouvelle réglementation qui va encadrer ces nouvelles Kasmates de la mondialisation où l'oxygène algérien et ses jeunes se réfugient de temps en temps. Combien met-on de temps à ouvrir un cybercafé en Algérie ? Voici une échelle de mesure : huit fois le temps qu'il faut pour réviser une Constitution, six fois le temps qu'il faut pour faire voter ce peuple par téléchargement.
Kamed Daoud est chroniqueur et auteur algérien. Auteur de :
“La Fable du Nain” - Roman - Ed: Dar El Ghard. Oran
“Ô Pharaon” - Récit - Ed: Dar El Ghard. Oran
- “Raîna-Raîkoum” - Recueil de Chroniques - Ed: Dar El Ghard. Oran
- “Mac Arabe” - Recueil de Chroniques sur l’Actualité Arabe - Ed: Dar El Ghard. Oran
“Ô Pharaon” - Récit - Ed: Dar El Ghard. Oran
- “Raîna-Raîkoum” - Recueil de Chroniques - Ed: Dar El Ghard. Oran
- “Mac Arabe” - Recueil de Chroniques sur l’Actualité Arabe - Ed: Dar El Ghard. Oran
La chronique ci-dessus est extraite de Raîna-Raîkoum
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