Quel avenir pour le Sahara occidental?
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L'entrée du Royaume au sein de l'UA ne représente en aucun cas un blanc-seing à son occupation des territoires sahraouis.
Plusieurs
scénarios s'offrent désormais au conflit qui oppose le Front Polisario
au Maroc depuis que ce dernier est devenu le 55ème État membre de
l'Organisation panafricaine. Ils soulèvent cependant une question
incontournable essentielle: quel avenir pour le Sahara occidental?
L'Union africaine qui a ouvert ses portes à un pays qui a claqué celles
de son «ancêtre» l'OUA en 1984 ne doit en principe pas renoncer à
soutenir le peuple sahraoui et à l'accompagner dans son droit à
s'exprimer dans le cadre d'un référendum d'autodétermination qui reste à
organiser. Sauf qu'il aura fort à faire à l'avenir car il est quasi
certain que la démarche du Maroc ne signifie en rien son renoncement à
un seul pouce du Sahara occidental dont il a annexé les territoires, en
1975, depuis que l'ex-puissance colonisatrice, l'Espagne, s'en soit
retiré.
Mohammed VI demeure inflexible et fermement opposé quant à l'organisation d'un référendum d'autodétermination qui permettrait au peuple sahraoui de décider librement de son destin. Pour le souverain marocain, la question ne se pose même pas. Le souverain marocain l'a réitérée à chaque fois que l'occasion s'est présentée pour le clamer haut et fort. Il en a fait une question «sacrée». «Nous continuerons à défendre nos droits et nous prendrons les mesures nécessaires pour contrer tout dérapage à venir. Nous ne céderons à aucune pression ou tentative d'extorsion dans une affaire (le Sahara occidental, ndlr) qui est sacrée pour tous les Marocains», a-t-il affirmé dans une allocution adressée à ses sujets, le 30 juillet 2016, à l'occasion de la célébration du 17ème anniversaire de son accession au trône. Maintenant que le loup est dans la bergerie.
Nul doute qu'il va s'en donner à cœur joie. Et pourquoi doit-il s'en priver. Puisque tel était le dessein assigné à la demande d'adhésion du Maroc par son roi qui n'hésitera pas à la pratique du chèque pour acheter le silence et arracher la caution de certains chefs d'Etat africains pour son projet de «marocanisation» du Sahara occidental. «La politique de l'argent» et «la diplomatie du phosphate» sont adoptées par le Maroc pour pousser des pays à «rompre leurs relations diplomatiques avec le Sahara occidental ou alors ne pas le reconnaître», avait écrit au mois de juin de l'année dernière le journaliste péruvien Sanchez Serra.
Quid des droits de l'homme
Il pourra compter sur le soutien inconditionnel de l'Arabie saoudite et des monarchies du Golfe. «Les pays du Golfe sont solidaires avec le Maroc, notamment en ce qui concerne la question du Sahara», avait affirmé le monarque wahhabite, Salman Ben Abdelaziz lors du Sommet Maroc-Pays du golfe qui s'est tenu en avril 2016 à Riyadh.
«La situation est grave et inédite dans l'histoire de ce conflit artificiel», avait déclaré le souverain marocain. «Les choses en sont arrivées au point qu'une guerre par procuration s'est engagée où le secrétaire général des Nations unies est instrumentalisé pour essayer de porter atteinte aux droits historiques et légitimes du Maroc concernant son Sahara», avait-il ajouté. L'ex-numéro un de l'ONU, Ban Ki-moon s'était attiré les foudres royales après avoir qualifié d' «occupation» la présence marocaine au Sahara occidental lors de son séjour dans la région au mois de mars 2016. Croire que depuis la position de l'héritier de Hassan II ait viré à 180 degrés, c'est faire preuve de naïveté.
En accueillant le Maroc qui a certes ratifié son acte constitutif mais qui ne compte pas le respecter, l'Union africaine ne risque-t-elle pas de perdre sa crédibilité? Elle l'a accueilli en son sein, sachant qu'il a annexé un territoire figurant sur la liste de l'ONU des territoires restant à décoloniser et qu'il nie le droit de son peuple à l'autodétermination.
A moins qu'elle ait comme objectif d'acculer le pouvoir marocain à travers cette décision. C'est une option qui semble s'esquisser. L'Union africaine (UA) a appelé hier à Addis-Abeba le Conseil de sécurité des Nations unies à assumer ses responsabilités en restaurant le «plein fonctionnement» de la Mission des Nations unies pour le référendum au Sahara occidental qui avait été expulsée sur décision du roi en représailles à la déclaration de l'ancien SG de l'ONU. Le Conseil de sécurité a été appelé «à assumer pleinement ses responsabilités en restaurant le plein fonctionnement de la Minurso qui est indispensable à la supervision du cessez-le-feu et à l'organisation du référendum d'autodétermination» par les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UA dans leur décision relative à la situation au Sahara occidental.
L'UA est-elle crédule?
La question du respect des droits de l'homme et celle du pillage des ressources du peuple sahraoui ont été mises en exergue. Elles ne pouvaient être éludées. Elles sont d'actualité.
Le procès des détenus sahraouis de Gdeim Izik jugés en appel par un tribunal civil, depuis le 23 janvier, après avoir été condamnés à de lourdes peines par un tribunal militaire, a été reporté au 13 mars. Alors que l'arrêt rendu par la Cour de justice européenne le 21 décembre de l'année dernière dit clairement que le Sahara occidental n'est pas marocain. «... Compte tenu du statut séparé et distinct garanti au territoire du Sahara occidental en vertu de la Charte des Nations unies et du principe d'autodétermination des peuples, il est exclu de considérer que l'expression «territoire du Royaume du Maroc», qui définit le champ territorial des Accords d'association et de libéralisation, englobe le Sahara occidental et, partant, que ces accords sont applicables à ce territoire», avaient conclu les magistrats de la Cjue. Les dirigeants africains l'ont rappelé au Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations unies. Ils l'ont exhorté à «trouver des réponses à la question des droits de l'homme et à celle de l'exploration et de l'exploitation illégales des ressources naturelles du territoire, en particulier suite à l'important arrêt de la Cour de justice de l'Union européenne du 21 décembre 2016 sur les accords signés en 2012 entre l'UE et le Maroc sur la libéralisation mutuelle du commerce des produits agricoles et de la pêche».
Les États membres, les organisations de la société civile africaine...ont été appelés à boycotter le Forum de Crans Montana qui se tient annuellement depuis deux ans à Dakhla, ville du Sahara occidental occupée par le Maroc. «Nous, chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union africaine, lançons un appel aux États membres de l'UA, à la société civile et à toutes les organisations pour qu'ils ne participent pas à ce Forum prévu du 12 au 14 mars 2015 dans la ville occupée de Dakhla», avait souligné la condamnation adoptée à l'unanimité par l'UA le 31 janvier 2015.
L'histoire re-balbutie. Le Maroc ne bronche pas et défie l'UA cette fois-ci chez elle. Le peuple sahraoui peut encore attendre...
Mohammed VI demeure inflexible et fermement opposé quant à l'organisation d'un référendum d'autodétermination qui permettrait au peuple sahraoui de décider librement de son destin. Pour le souverain marocain, la question ne se pose même pas. Le souverain marocain l'a réitérée à chaque fois que l'occasion s'est présentée pour le clamer haut et fort. Il en a fait une question «sacrée». «Nous continuerons à défendre nos droits et nous prendrons les mesures nécessaires pour contrer tout dérapage à venir. Nous ne céderons à aucune pression ou tentative d'extorsion dans une affaire (le Sahara occidental, ndlr) qui est sacrée pour tous les Marocains», a-t-il affirmé dans une allocution adressée à ses sujets, le 30 juillet 2016, à l'occasion de la célébration du 17ème anniversaire de son accession au trône. Maintenant que le loup est dans la bergerie.
Nul doute qu'il va s'en donner à cœur joie. Et pourquoi doit-il s'en priver. Puisque tel était le dessein assigné à la demande d'adhésion du Maroc par son roi qui n'hésitera pas à la pratique du chèque pour acheter le silence et arracher la caution de certains chefs d'Etat africains pour son projet de «marocanisation» du Sahara occidental. «La politique de l'argent» et «la diplomatie du phosphate» sont adoptées par le Maroc pour pousser des pays à «rompre leurs relations diplomatiques avec le Sahara occidental ou alors ne pas le reconnaître», avait écrit au mois de juin de l'année dernière le journaliste péruvien Sanchez Serra.
Quid des droits de l'homme
Il pourra compter sur le soutien inconditionnel de l'Arabie saoudite et des monarchies du Golfe. «Les pays du Golfe sont solidaires avec le Maroc, notamment en ce qui concerne la question du Sahara», avait affirmé le monarque wahhabite, Salman Ben Abdelaziz lors du Sommet Maroc-Pays du golfe qui s'est tenu en avril 2016 à Riyadh.
«La situation est grave et inédite dans l'histoire de ce conflit artificiel», avait déclaré le souverain marocain. «Les choses en sont arrivées au point qu'une guerre par procuration s'est engagée où le secrétaire général des Nations unies est instrumentalisé pour essayer de porter atteinte aux droits historiques et légitimes du Maroc concernant son Sahara», avait-il ajouté. L'ex-numéro un de l'ONU, Ban Ki-moon s'était attiré les foudres royales après avoir qualifié d' «occupation» la présence marocaine au Sahara occidental lors de son séjour dans la région au mois de mars 2016. Croire que depuis la position de l'héritier de Hassan II ait viré à 180 degrés, c'est faire preuve de naïveté.
En accueillant le Maroc qui a certes ratifié son acte constitutif mais qui ne compte pas le respecter, l'Union africaine ne risque-t-elle pas de perdre sa crédibilité? Elle l'a accueilli en son sein, sachant qu'il a annexé un territoire figurant sur la liste de l'ONU des territoires restant à décoloniser et qu'il nie le droit de son peuple à l'autodétermination.
A moins qu'elle ait comme objectif d'acculer le pouvoir marocain à travers cette décision. C'est une option qui semble s'esquisser. L'Union africaine (UA) a appelé hier à Addis-Abeba le Conseil de sécurité des Nations unies à assumer ses responsabilités en restaurant le «plein fonctionnement» de la Mission des Nations unies pour le référendum au Sahara occidental qui avait été expulsée sur décision du roi en représailles à la déclaration de l'ancien SG de l'ONU. Le Conseil de sécurité a été appelé «à assumer pleinement ses responsabilités en restaurant le plein fonctionnement de la Minurso qui est indispensable à la supervision du cessez-le-feu et à l'organisation du référendum d'autodétermination» par les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UA dans leur décision relative à la situation au Sahara occidental.
L'UA est-elle crédule?
La question du respect des droits de l'homme et celle du pillage des ressources du peuple sahraoui ont été mises en exergue. Elles ne pouvaient être éludées. Elles sont d'actualité.
Le procès des détenus sahraouis de Gdeim Izik jugés en appel par un tribunal civil, depuis le 23 janvier, après avoir été condamnés à de lourdes peines par un tribunal militaire, a été reporté au 13 mars. Alors que l'arrêt rendu par la Cour de justice européenne le 21 décembre de l'année dernière dit clairement que le Sahara occidental n'est pas marocain. «... Compte tenu du statut séparé et distinct garanti au territoire du Sahara occidental en vertu de la Charte des Nations unies et du principe d'autodétermination des peuples, il est exclu de considérer que l'expression «territoire du Royaume du Maroc», qui définit le champ territorial des Accords d'association et de libéralisation, englobe le Sahara occidental et, partant, que ces accords sont applicables à ce territoire», avaient conclu les magistrats de la Cjue. Les dirigeants africains l'ont rappelé au Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations unies. Ils l'ont exhorté à «trouver des réponses à la question des droits de l'homme et à celle de l'exploration et de l'exploitation illégales des ressources naturelles du territoire, en particulier suite à l'important arrêt de la Cour de justice de l'Union européenne du 21 décembre 2016 sur les accords signés en 2012 entre l'UE et le Maroc sur la libéralisation mutuelle du commerce des produits agricoles et de la pêche».
Les États membres, les organisations de la société civile africaine...ont été appelés à boycotter le Forum de Crans Montana qui se tient annuellement depuis deux ans à Dakhla, ville du Sahara occidental occupée par le Maroc. «Nous, chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union africaine, lançons un appel aux États membres de l'UA, à la société civile et à toutes les organisations pour qu'ils ne participent pas à ce Forum prévu du 12 au 14 mars 2015 dans la ville occupée de Dakhla», avait souligné la condamnation adoptée à l'unanimité par l'UA le 31 janvier 2015.
L'histoire re-balbutie. Le Maroc ne bronche pas et défie l'UA cette fois-ci chez elle. Le peuple sahraoui peut encore attendre...
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