Sahara Press Service, 7/11/2016
La grogne sociale ayant suivi la mort “atroce” de Mouhcine Fikri, a transformé le paysage politique au Maroc qui fait face à une vague de critiques à l’échelle nationale et internationale mais aussi au niveau du continent africain, a rapporté l’agence de presse algérienne (APS).
L’affaire de Mouhcine Fikri, un marchand de poisson mort broyé par
une benne à ordures après la confiscation de sa marchandise par la
police, a indigné le Maroc et poussé des milliers de personnes à
manifester dans plusieurs villes du pays. A Al-Hoceima (Rif) d’où est
originaire la victime, les habitants vivent au rythme d’une révolte
sociale qui frise l'”insurrection”, et qui fait craindre un nouveau
mouvement comme celui du 20 février 2011.
Cet état des lieux met à mal le gouvernement marocain qui s’apprête à
abriter une conférence internationale sur le climat, (Cop22). Un
rendez-vous climatique qui fait l’objet de controverses, car, une part
importante des programmes des énergies renouvelables, dont se vante le
Maroc est implantée dans le Sahara occidental occupé et utilisée dans le
pillage illégal des minerais sahraouis, a dénoncé l’observatoire des
ressources du Sahara occidental (WSRW).
Les effets de l’imbroglio politique dans le pays, où le Premier
ministre, Abdelillah Benkirane, peine à former un gouvernement, et le
climat d’incertitude qui en découle devraient se faire sentir dans le
futur proche et risque de réveiller les réseaux “terroristes” qui
sommeillent dans le pays, selon des analystes politiques.
“Avec environ 1.200 à 1.500 (terroristes) en Syrie et en Irak, le
Maroc est l’un des principaux fournisseurs de combattants étrangers pour
l’Etat islamique et d’autres groupes djihadistes dans la région”,
relève le centre de renseignement et d’analyses stratégiques dans une
analyse publiée dernièrement aux Etats-Unis, intitulée “le paradoxe des
djihadistes marocains dénoué”.
Tentative désespérée pour intégrer l’UA
Le 19 octobre dernier, le roi du Maroc, Mohammed VI, a commencé au
Rwanda, une tournée en Afrique à travers laquelle il a tenté de
promouvoir la candidature de son pays visant à intégrer l’Union
africaine (UA), après que Rabat ait quitté en 1984 l’Organisation de
l’Unité africaine (OUA), d’alors, après l’admission de la République
arabe sahraouie démocratique (RASD), qui devient par la suite membre
fondateur de l’UA.
Exemple patent de l’échec de cette “tournée de séduction”, était
l’appel du Comité tanzanien de soutien au peuple sahraoui adressé au
gouvernement de son pays: “Nous exhortons le Gouvernement de respecter
nos principes de liberté, d’humanité, de bon voisinage et notre
dévouement à la lutte pour la justice (…) tout en souhaitant que le
Gouvernement de Tanzanie continue son plein soutien au Sahara occidental
(…)”, a souligné le comité dans une déclaration après la visite du roi
du Maroc en Tanzanie dans le cadre de sa tournée africaine.
Le comité a également recommandé à l’UA de “ne pas admettre
l’adhésion du Maroc à l’UA tant que ce dernier ne reconnaisse pas le
droit à l’autodétermination du peuple sahraoui.”
En effet, l’article 29, de l’acte constitutif de l’Union fixant les
conditions de l’adhésion, stipule qu’un pays qui veut adhérer à l’UA
doit faire une demande qui doit être remise au président de la
Commission de l’UA. Si cette demande reçoit l’accord de 28 pays
(majorité simple), ce pays est admis, “mais sans conditions”.
Les couacs diplomatiques de Rabat au Sahara occidental, viennent se
greffer sur une situation déjà tendue en raison de la campagne de
désinformation et la vague de répression menée contre toute voix
contestataire.
Reporters sans frontières (RSF) a exhorté vendredi les autorités
marocaines à “lever toute entrave sur l’information” au Sahara
occidental, sous occupation marocaine, et à cesser d’y “bafouer le droit
des journalistes sahraouis et étrangers à couvrir” ce territoire.
“Agressions lors de manifestations, procès contre des
journalistes-citoyens sahraouis, expulsion de journalistes étrangers :
en maintenant un contrôle abusif sur l’information au Sahara occidental,
les autorités marocaines y rendent pratiquement impossible le travail
des reporters”, a expliqué RSF.
Mais, il y a plus. L’archéologue espagnole Elia Quesada a affirmé
samedi à Londres que Rabat faisait pression sur les chercheurs
étrangers, européens notamment, pour qu’ils inclussent, dans leurs
travaux, le patrimoine du Sahara occidental à celui du Maroc.
Vient s’ajouter à cela, un scandale impliquant la candidate démocrate
américaine à la Maison Blanche, Hillary Clinton, qui a été durement
critiquée lundi par le camp républicain après des révélations sur un
nouveau don de 15 millions de dollars accordé par Rabat à l’ancienne
secrétaire d’Etat américaine en échange de faveurs diplomatiques et
économiques.
Les marques de soutien s’intensifient à l’égard du Peuple sahraoui
A l’inverse, le Front Polisario, continue de recevoir des marques de
soutien et de sympathie de toutes parts. Un comité onusien expert en
droits de l’Homme a dénoncé le pillage des ressources naturelles au
Sahara occidental par le Maroc et exprimé ses vives inquiétudes face à
l’impasse dans lequel se trouve le processus d’autodétermination des
Sahraouis.
“Le Maroc n’a pas pris les mesures nécessaires pour consulter le
peuple sahraoui sur cette question”, selon les conclusions du comité des
droits de l’homme du PIDCP (pacte international relatif aux droits
civils et politiques) qui a publié vendredi son sixième rapport
périodique sur le Maroc.
Les participants à la conférence internationale de Copenhague sur le
Sahara occidental ont appelé à la décolonisation de ce territoire occupé
par le Maroc, étant le dernier cas de colonisation en Afrique. Ils ont
abordé les aspects juridiques du Sahara occidental en tant que question
de décolonisation et dont sa résolution passe inéluctablement par
l’organisation d’un référendum d’autodétermination sous les auspices de
l’ONU. (SPS)
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