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mercredi 21 septembre 2016

Relire et réécouter : Les troupeaux des Rois du Maroc au Sahara Occidental occupé







par Khalil Asmar, écrivain sahraoui, 25/7/2015






Dans une émission sur les ondes de ‘Radio France Culture’, Sophie Caratini, anthropologue et écrivaine française, a témoigné sur les circonstances historiques qui ont marqué la période de l’invasion et l’occupation marocaine du Sahara Occidental. Lors de son intervention, elle explique comment les Marocains ont été déportés de force pour prendre part à l’évènement « mythique » de la « marche verte » médiatisée en grande pompe par le régime monarchique de Hassan II.

 Selon la propagande officielle du Makhzen, le 11 novembre 1975, quelque 350.000 Marocains ont pris part dans cette marche que selon les directives du monarque « divin » devraient franchir pacifiquement les frontières du Sahara Occidental, connu à l’époque sous le nom du Sahara Espagnol. En revanche, les directives du roi n’étaient pas désormais pacifiques, tout comme la marche verte qui n’était que la façade qui éclipse une sanglante invasion militaire où les sahraouis ont été violemment massacrés avec du napalm et le phosphore blanc, des armes internationalement interdites.


En effet, disait Mme Caratini, des Marocains qui sont venus la voir se plaignaient de la façon forcée avec laquelle l’administration du Makhzen se comportait à leur encontre. « Ils ont ramassé des prostitués » s’indignait un témoin ajoutant que dans sa famille ‘on nous a obligé à marcher et à crier ce qu'ils voulaient qu’on crie, et aller jusqu’au là-bas’. D’autres témoins, précise Sophie, ont dit que les autorités coloniales du Makhzen ont payé des gens et ils ont pris les pauvres en leur disant qu’ils vont les nourrir, et c’est avec ce mode de fonctionnement que la ’marche verte’ était mise en exergue.

Un témoignage qui, dès les premiers jours de l’invasion, s’accorde pleinement avec les réalités de l’occupation juste en jetant un œil sur les rues de El Aaiun, la capitale du Sahara Occidental. Les mendiants et les prostituées envahissaient et pillaient les maisons des Sahraouis qui ont pris la fuite pour échapper au génocide. Des quartiers entiers se sont transformés en maisons closes, où il y avait  toutes formes de prostitution et commerce de drogue, notamment le haschisch marocain, se pratiquant au vu et au su de  tous et avec la bénédiction totale de la nouvelle autorité coloniale du Commandeur des Croyants, le roi Hassan II.

La deuxième vague des déportés marocains par force s’est produite en 1991. Après l’accord de paix sous l’égide de l’ONU, le Maroc était contraint de se soumettre à la légalité internationale et frayer la voie pour un référendum par lequel les Sahraouis pourraient  émettre leur vote en toute liberté, l’intégration ou l'indépendance. La panique qui sévissait dans les rangs du régime monarchique du Maroc l’a poussé à trouver une issue à ce pétrin dans lequel il s’était enfoncé. Trépidantes, les autorités marocaines ont entièrement vidé des villages dans les montagnes lointaines de Marrakech et Kalaat Sgharna de ses habitants et ils les ont embrigadés dans des autocars et des camions vers une destination qu' eux-mêmes ne connaissaient pas. Ces villageois, qui ont été ruinés par la sécheresse et la pauvreté et détachés du monde extérieur, ont été conduits comme des troupeaux vers l’abattoir et toutes protestations, si elles existaient, étaient gérées avec des coups de fouets.

Ces mêmes colons marocains à qui on a lavé les cerveaux à satiété par la machine incessante de la propagande, des illettrés ancrés dans la sphère de l’ignorance absolue, sont devenus les habitants qui constituent la majorité dans le tissu de la population au Sahara Occidental occupé. Ils bénéficient éventuellement des subventions importantes les encourageant à s’installer et se multiplier et par suite inverser la carte démographique en faveur de l’occupant et satisfaire les requêtes belliqueuses de ce projet expansionniste dans toute la région. Mieux encore pour le Makhzen, ces colons sont devenus une armée de réserve sur lequel il s’appuie et qu'il utilise ostensiblement pour attaquer les Sahraouis une fois que ces derniers battent les pavés pour  manifester ; les attaques contre les Sahraouis menées par les forces d’occupation marocaine après le démantèlement du camp de Gdeim Izik de 2010 et Dakhla 2011 sont témoins d’une corrélation directe entre les forces marocaines et ses colons pour contrecarrer et déraciner la résistance pacifique des Sahraouis dans les territoires occupés ; des dizaines de maisons ont été pulvérisées et des jeunes manifestants sahraouis tués dans l’impunité totale par ces colons marocains. Le cas Mohamed Lamin Haidala figure un crime récent parmi d’autres.

Sous le règne du roi Hassan II et dans une tentative de se débarrasser de ses sujets les plus démunis, ces colons marocains apportés comme des troupeaux ont pour mission d’occuper et peupler la terre du Sahara Occidental, tandis que sous le règne de son fils M6, ces colons sont devenus une armée civile à disposition des forces d’oppression policières et militaires marocaines.

Cependant, la résistance des Sahraouis, dans les faits quotidiens, ne cesse de s’intensifier et les colons marocains ne sentent que la panique devant la volonté et la détermination des sahraouis à libérer leur terre et leur patrie la République Arabe Sahraouie Démocratique.




NB : Troupeaux : terme qui désigne la façon avec laquelle de marocains ont été déporté pour coloniser le Sahara Occidental



Pour écouter l’émission sur Radio France Culture, cliquer sur ce lien :

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