par Khalil Asmar, écrivain sahraoui, 25/7/2015
Dans une émission sur les ondes de ‘Radio
France Culture’, Sophie Caratini, anthropologue et écrivaine française, a
témoigné sur les circonstances historiques qui ont marqué la période de
l’invasion et l’occupation marocaine du Sahara Occidental. Lors de son
intervention, elle explique comment les Marocains ont été déportés de force
pour prendre part à l’évènement « mythique » de la « marche verte »
médiatisée en grande pompe par le régime monarchique de Hassan II.
Selon la
propagande officielle du Makhzen, le 11 novembre 1975, quelque 350.000
Marocains ont pris part dans cette marche que selon les directives du monarque
« divin » devraient franchir pacifiquement les frontières du Sahara Occidental,
connu à l’époque sous le nom du Sahara Espagnol. En revanche, les directives du
roi n’étaient pas désormais pacifiques, tout comme la marche verte qui n’était que la façade qui éclipse une sanglante
invasion militaire où les sahraouis ont été violemment massacrés avec du
napalm et le phosphore blanc, des armes internationalement interdites.
En effet, disait Mme Caratini, des Marocains qui
sont venus la voir se plaignaient de la façon forcée avec laquelle
l’administration du Makhzen se comportait à leur encontre. « Ils ont ramassé
des prostitués » s’indignait un témoin ajoutant que dans sa famille ‘on nous a
obligé à marcher et à crier ce qu'ils voulaient qu’on crie, et aller jusqu’au
là-bas’. D’autres témoins, précise Sophie, ont dit que les autorités coloniales
du Makhzen ont payé des gens et ils ont pris les pauvres en leur disant qu’ils
vont les nourrir, et c’est avec ce mode de fonctionnement que la ’marche verte’
était mise en exergue.
Un témoignage qui, dès les premiers jours de
l’invasion, s’accorde pleinement avec les réalités de l’occupation juste en
jetant un œil sur les rues de El Aaiun, la capitale du Sahara Occidental. Les
mendiants et les prostituées envahissaient et pillaient les maisons des
Sahraouis qui ont pris la fuite pour échapper au génocide. Des quartiers
entiers se sont transformés en maisons closes, où il y avait toutes formes de prostitution et commerce de
drogue, notamment le haschisch marocain, se pratiquant au vu et au su de tous et avec la bénédiction totale de la
nouvelle autorité coloniale du Commandeur des Croyants, le roi Hassan II.
La deuxième vague des déportés marocains par force
s’est produite en 1991. Après l’accord de paix sous l’égide de l’ONU, le Maroc
était contraint de se soumettre à la légalité internationale et frayer la voie
pour un référendum par lequel les Sahraouis pourraient émettre leur vote en toute liberté,
l’intégration ou l'indépendance. La panique qui sévissait dans les rangs du
régime monarchique du Maroc l’a poussé à trouver une issue à ce pétrin dans
lequel il s’était enfoncé. Trépidantes, les autorités marocaines ont entièrement
vidé des villages dans les montagnes lointaines de Marrakech et Kalaat Sgharna
de ses habitants et ils les ont embrigadés dans des autocars et des camions
vers une destination qu' eux-mêmes ne connaissaient pas. Ces villageois, qui
ont été ruinés par la sécheresse et la pauvreté et détachés du monde extérieur,
ont été conduits comme des troupeaux vers l’abattoir et toutes protestations,
si elles existaient, étaient gérées avec des coups de fouets.
Ces mêmes colons marocains à qui on a lavé les
cerveaux à satiété par la machine incessante de la propagande, des illettrés
ancrés dans la sphère de l’ignorance absolue, sont devenus les habitants qui
constituent la majorité dans le tissu de la population au Sahara Occidental
occupé. Ils bénéficient éventuellement des subventions importantes les
encourageant à s’installer et se multiplier et par suite inverser la carte
démographique en faveur de l’occupant et satisfaire les requêtes belliqueuses
de ce projet expansionniste dans toute la région. Mieux encore pour le Makhzen,
ces colons sont devenus une armée de réserve sur lequel il s’appuie et qu'il
utilise ostensiblement pour attaquer les Sahraouis une fois que ces derniers
battent les pavés pour manifester ; les
attaques contre les Sahraouis menées par les forces d’occupation marocaine
après le démantèlement du camp de Gdeim Izik de 2010 et Dakhla 2011 sont
témoins d’une corrélation directe entre les forces marocaines et ses colons
pour contrecarrer et déraciner la résistance pacifique des Sahraouis dans les
territoires occupés ; des dizaines de maisons ont été pulvérisées et des jeunes
manifestants sahraouis tués dans l’impunité totale par ces colons marocains. Le
cas Mohamed Lamin Haidala figure un crime récent parmi d’autres.
Sous le règne du roi Hassan II et dans une
tentative de se débarrasser de ses sujets les plus démunis, ces colons
marocains apportés comme des troupeaux ont pour mission d’occuper et peupler la
terre du Sahara Occidental, tandis que sous le règne de son fils M6, ces colons
sont devenus une armée civile à disposition des forces d’oppression policières
et militaires marocaines.
Cependant, la résistance des Sahraouis, dans les
faits quotidiens, ne cesse de s’intensifier et les colons marocains ne sentent
que la panique devant la volonté et la détermination des sahraouis à libérer
leur terre et leur patrie la République Arabe Sahraouie Démocratique.
NB : Troupeaux : terme qui désigne la façon avec
laquelle de marocains ont été déporté pour coloniser le Sahara
Occidental
Pour écouter
l’émission sur Radio France Culture, cliquer sur ce lien :
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire