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dimanche 18 septembre 2016

COP 22 à Marrakech : Quelle stratégie pour les mouvements sociaux face au changement climatique ?


Le Maroc se prépare à accueillir la Conférence des Parties sur les changements climatiques, Cop22, à Marrakech du 7 au 18 Novembre 2016 dans un contexte d’accentuation de «crise» écologique qui est l’une des dimensions de la crise de civilisation du système capitaliste.

  Cette Cop22 se tiendra alors que les précédentes éditions ont échoué à imposer des mesures contraignantes aux super puissances industrielles afin de parvenir à une réduction des émissions de gaz à effet de serre. La priorité est de garantir les bénéfices que réalisent les multinationales de l’extraction de charbon, du gaz, du pétrole, des minéraux et diverses sources de d’énergie, ou de l’agriculture industrielle et les ressources naturelles du sol, de la mer et du ciel. Les puissants de ce monde proposent des solutions basées sur des investissements « verts » qui accentuent les effets dévastateurs de la logique productiviste et consumériste des ressources et qui permettent l’enrichissement d’une minorité dominante au détriment du sort des générations actuelles et futures de la majorité de la population de la planète.
Au Maroc, les politiques imposées par les institutions financières et commerciales internationales sont soumises aux mêmes objectifs d’accaparement des richesses de notre pays par des capitalistes étrangers et locaux au détriment des classes populaires et appauvries des villes et des villages.


 Les gouvernants tentent d’escamoter la responsabilité de leurs politiques qui détruisent les êtres humains et l’environnement. Ils évoquent les changements climatiques et établissent des projets de «développement vert» qui constituent de nouveaux chantiers pour le capital privé. Ces chantiers sont soutenus par des investissements publics qui accentuent l’endettement public et l’austérité qui en résulte, en l’absence de tout examen de leur faisabilité économique, social et environnemental. Ils cherchent également  profiter de l’accueil de la Cop 22 pour soutenir leurs offres d’investissements «verts»  en mettant en avant la stabilité politique du Maroc et les centre de décision étrangers et les grandes puissances essayent à leur tour d’en faire « l’exception » dans la région pour poursuivre leurs politiques néocoloniales.
D’autre part, et pour légitimer leurs politiques, ils œuvrent à contenir les organisations de la société civile par la création d’un « pôle de la société civile » au sein du comité national de supervision de la Cop22 nommé par le roi en Février 2016.  Ce pôle a tracé une feuille de route qui comprend des activités régionales au niveau de 12 régions du Maroc impliquant la société civile, ainsi que divers organes de l’Etat et le secteur privé en préparation de la Cop 22. Il a entamé récemment une tournée en Afrique pour sensibiliser les organisations non gouvernementales, des réseaux et des alliances dans 12 pays de ce continent autour des enjeux de la Cop22 et du rôle du Maroc.
Et parmi les participants à cette dynamique officielle, on trouve la Coalition marocaine pour la justice climatique (CMJC). Elle a adhéré à la feuille de route et programmé, elle aussi, des rencontres régionales baptisées « PRE-COP 22» dans plusieurs régions du Maroc et conçues à l’image de la COP : interventions d’ « experts », exposition des initiatives sur le climat proposées par les institutions gouvernementales et le secteur privé, concertations entre différents « partenaires », etc. Tout cela en l’absence de toute critique et indépendance envers l’Etat et les entreprises. La CMJC contribue également à la mobilisation de la société civile à l’extérieur du Maroc comme l’organisation du Forum Maghrébin de la justice climatique en mai 2016 à Hammamet en Tunisie. Et voilà aujourd’hui qu’elle appelle à une réunion internationale les 23, 24 et 25 Septembre à Marrakech pour couronner ces préparations.
La société civile officielle et la Coalition marocaine pour la justice climatique contribuent ainsi à assurer une ambiance festive à la Cop22 qui permettra de faciliter les contrats de « projets verts » et la recherche de fonds, et exclure le vrai débat sur la justice climatique lié à celui sur les choix politiques, économiques et sociaux qui perpétuent l’inégalité.
ATTAC CADTM Maroc considère que la question des changements climatiques n’est pas une question réservée aux experts, ou une question de négociations entre gouvernements. Elle est au cœur de la réalité quotidienne vécue par les citoyens et les citoyennes. Nous soutenons les luttes de toutes les catégories populaires victimes de l’injustice pour réclamer la rupture avec les politiques libérales qui sont la cause de la détérioration de nos conditions sociales et environnementales. Nous les soutenons également pour exiger leur participation à travers une démocratie réelle dans la prise de décision concernant les solutions qui devraient être fondées sur la justice sociale et l’égalité dans la répartition des richesses.
ATTAC CADTM Maroc refuse également la cooptation de la Coalition pour la justice climatique par l’Etat marocain pour servir son agenda. Et c’est bien ça qui constitue l’essence de notre désaccord avec l’approche du Comité de pilotage  qui domine aujourd’hui la CMJC, et la principale raison de notre retrait de cette coalition après avoir y travaillé en tant que membre depuis sa création au début de 2016. Ceci en plus de manque de démocratie et de transparence dans la prise de décisions et l’exclusion des organisations qui militent depuis des années sur le thème de l’environnement, y compris notre association.
En parallèle à cette dynamique semi-officielle menée par la Coalition marocaine pour la justice climatique, ATTAC CADTM Maroc est engagée avec plusieurs associations et organisations de droits humains et des syndicats dans le Réseau Démocratique pour Accompagner Cop22 (REDACOP22). Ce réseau vise à construire un mouvement écologique démocratique au Maroc et indépendant du pouvoir politique et économique dans notre pays et des bailleurs de fond internationaux en se basant sur les mobilisations des vraies victimes des dommages environnementaux : la classe ouvrière, les paysans pauvres, les petits pêcheurs, les habitants des oasis, les populations autochtones, etc. Le Redacop22 avance aujourd’hui dans la constitution de sections locales sur la base des expériences de luttes environnementales des populations locales. Dans ce cadre stratégique, nous nous mobiliserons lors de la Cop 22 pour mettre en évidence les approches et les résistances qui visent à une justice environnementale et sociale dans une perspective populaire.
Ainsi notre association ATTAC Maroc organisera les 4 et 5 novembre une conférence internationale sur la justice climatique à Safi l’une des villes les plus sinistrées au Maroc du point de vue environnement. Et juste après, nous participerons à un autre colloque international organisé par Redacop22 le 6 novembre à Marrakech.
ATTAC Maroc reste ouverte à toutes les initiatives et les formes de mobilisation pour une véritable justice climatique durant toute la période que durera la Cop22 à Marrakech. Nos interventions porteront sur la dénonciation des solutions officielles trompeuses et encadrées par la logique du marché. Nous développerons des propositions d’alternatives radicales à la crise écologique qui est l’une des aspects les plus dangereux de la crise du système capitaliste.
Secrétariat national
15/09/2016

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