Chers amis lecteurs de solidmar,

Solidmar est fatigué ! Trop nourri ! En 8 ans d’existence il s’est goinfré de près de 14 000 articles et n’arrive plus à publier correctement les actualités. RDV sur son jumeau solidmar !

Pages

mardi 21 avril 2015

Naufrages en Méditerranée : pourquoi tant d’indifférence ?


Robin Prudent | Journaliste Rue89, 19/4/2015



Un bateau transportant des migrants avec une opération de secours arrive au port en Sicile, le 18 avril 2015 (GIOVANNI ISOLINO/AFP)
La « pire hécatombe jamais vue en Méditerranée ». Ce sont les mots de Carlotta Sami, porte-parole du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés en Italie, pour définir le naufrage, dans la nuit de samedi à dimanche, de 700 migrants.
Si le terrible bilan est confirmé, il s’ajouterait aux 400 migrants déjà disparus la semaine dernière. Depuis le drame de Lampedusa en 2013, la Méditerranée s’est transformée en un véritable cimetière, avec environ 3 500 morts en 2014. Chaque jour, entre 500 et 1 000 personnes sont récupérées par les gardes-côtes italiens ou des navires marchands.
Ces chiffres effroyables, implacables, contrastent pourtant avec la faible mobilisation citoyenne, médiatique et politique sur ces sujets. Pour les migrants morts, il n’y a pas de hashtag, pas de slogan.
« Ce sont nos frontières »
Contacté par Rue89, Jean-François Dubost, responsable du programme Personnes déracinées pour l’ONG Amnesty International, avance plusieurs explications à cette quasi indifférence :
« Nous travaillons sur la problématique des frontières européennes depuis trois ans déjà. Et spécifiquement sur les côtes méditerranéennes depuis un an et demi. Chaque naufrage est dramatique, mais prévisible compte tenu de la situation et de l’absence d’engagement de l’Union européenne. »
Les rapports s’accumulent [PDF], pas les mobilisations. L’association ne décompte que quelques groupes mobilisés, en Europe et encore plus discrètement en France :
« Les Français ne sont pas en première ligne, c’est parfois loin de nos yeux, on n’en perçoit pas les effets. Mais pourtant, ce sont nos frontières. Ce manque d’implication illustre à quel point il y a un problème d’appropriation du territoire européen. »

Déconstruire les préjugés

Campagne de sensibilisation #SOSEurope (Amnesty International)sensibilisation #SOSEurope (Amnesty International)
Alors l’ONG lance des pistes. Elle tente des campagnes chocs, comme une comparaison avec le naufrage du Titanic. Elle mobilise ses militants – elle rendra d’ailleurs, le 28 avril, une nouvelle étude sur la situation depuis la fin de l’opération Mare Nostrum.
Tous ces moyens sont développés dans un sens : faire œuvre de pédagogie pour toucher les citoyens.
« La réalité est régulièrement travestie par des discours politiques binaires ; soit on accueille tout le monde, soit on ferme les frontières.
Nous devons expliquer, déconstruire beaucoup de préjugés, sans tomber dans une simplification dangereuse. »

Passer du témoignage au global

Pour Jean-François Dubost, l’une des solutions trouvées pour sensibiliser un large public, ce sont les témoignages des rescapés. Humaniser, rapprocher la situation des gens en leur faisant raconter leur réalité.
« Il y a des réactions lorsque l’on arrive à récolter et livrer des témoignages. Il faudrait que l’on puisse davantage travailler avec ces migrants, qu’on fasse une tournée en France. Mais c’est très compliqué, tant leur situation est compliquée.
Et dès qu’on passe de l’individu au volume, cela fait peur. La transposition est difficile. »

Lobbying politique

Sans solution miracle, certaines associations mènent aussi des actions directement envers les preneurs de décisions. Amnesty International en fait partie.
Campagne #SOSEurope d’Amnesty International
La position française, François Hollande l’a rappelée ce dimanche, sur le plateau du « Supplément » de Canal+. Il souhaite privilégier la lutte contre le trafic d’êtres humains, qualifiant les passeurs de « terroristes ». La semaine dernière, le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, s’était exprimé [PDF] à l’Assemblée nationale sur le sujet. Il mettait l’accent sur la nécessaire protection des frontières européennes et les actions de la France en la matière :
« En 2014, 226 filières supplémentaires du crime organisé et de la traite des êtres humains ont ainsi été démantelées en France. »
Une déclaration critiquée par l’association :
« Nous demandons d’abord des mesures d’urgence. Il faut qu’il y ait des opérations de sauvetage. Le gouvernement lui ne répond qu’en termes de prévention. Ce n’est pas suffisant vu la situation actuelle. »
Tous sont d’accord sur un point : la mobilisation politique, autant que citoyenne, doit être européenne. Une réunion des ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne doit se tenir lundi pour décider de mesures d’urgence. Pas sûr que cela soit suffisant pour déclencher une prise de conscience collective dans le continent


Ça suffit! combien de morts encore dans ce cimetière appelé la mer Méditerranée? Combien d'enfants, de femmes, de hommes, de rêves vont se noyer encore avant que l'Union Européenne prenne en charge les réfugiés et un plan d'urgence de secours dans les eaux méditerranéennes?

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire