Un
bateau transportant des migrants avec une opération de secours arrive
au port en Sicile, le 18 avril 2015 (GIOVANNI ISOLINO/AFP)
La « pire hécatombe jamais vue en Méditerranée ». Ce sont les mots de Carlotta Sami, porte-parole du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés en Italie, pour définir le naufrage, dans la nuit de samedi à dimanche, de 700 migrants.
La « pire hécatombe jamais vue en Méditerranée ». Ce sont les mots de Carlotta Sami, porte-parole du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés en Italie, pour définir le naufrage, dans la nuit de samedi à dimanche, de 700 migrants.
Ces chiffres effroyables, implacables, contrastent pourtant avec la faible mobilisation citoyenne, médiatique et politique sur ces sujets. Pour les migrants morts, il n’y a pas de hashtag, pas de slogan.
« Ce sont nos frontières »
Contacté par Rue89, Jean-François Dubost, responsable du programme Personnes déracinées pour l’ONG Amnesty International, avance plusieurs explications à cette quasi indifférence :
« Nous travaillons sur la problématique des frontières européennes depuis trois ans déjà. Et spécifiquement sur les côtes méditerranéennes depuis un an et demi. Chaque naufrage est dramatique, mais prévisible compte tenu de la situation et de l’absence d’engagement de l’Union européenne. »Les rapports s’accumulent [PDF], pas les mobilisations. L’association ne décompte que quelques groupes mobilisés, en Europe et encore plus discrètement en France :
« Les Français ne sont pas en première ligne, c’est parfois loin de nos yeux, on n’en perçoit pas les effets. Mais pourtant, ce sont nos frontières. Ce manque d’implication illustre à quel point il y a un problème d’appropriation du territoire européen. »
Déconstruire les préjugés
Campagne de sensibilisation #SOSEurope (Amnesty International)sensibilisation #SOSEurope (Amnesty International) |
Tous ces moyens sont développés dans un sens : faire œuvre de pédagogie pour toucher les citoyens.
« La réalité est régulièrement travestie par des discours politiques binaires ; soit on accueille tout le monde, soit on ferme les frontières.
Nous devons expliquer, déconstruire beaucoup de préjugés, sans tomber dans une simplification dangereuse. »
Passer du témoignage au global
Pour Jean-François Dubost, l’une des solutions trouvées pour sensibiliser un large public, ce sont les témoignages des rescapés. Humaniser, rapprocher la situation des gens en leur faisant raconter leur réalité.« Il y a des réactions lorsque l’on arrive à récolter et livrer des témoignages. Il faudrait que l’on puisse davantage travailler avec ces migrants, qu’on fasse une tournée en France. Mais c’est très compliqué, tant leur situation est compliquée.
Et dès qu’on passe de l’individu au volume, cela fait peur. La transposition est difficile. »
Lobbying politique
Sans solution miracle, certaines associations mènent aussi des actions directement envers les preneurs de décisions. Amnesty International en fait partie.
Campagne #SOSEurope d’Amnesty International
« En 2014, 226 filières supplémentaires du crime organisé et de la traite des êtres humains ont ainsi été démantelées en France. »Une déclaration critiquée par l’association :
« Nous demandons d’abord des mesures d’urgence. Il faut qu’il y ait des opérations de sauvetage. Le gouvernement lui ne répond qu’en termes de prévention. Ce n’est pas suffisant vu la situation actuelle. »Tous sont d’accord sur un point : la mobilisation politique, autant que citoyenne, doit être européenne. Une réunion des ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne doit se tenir lundi pour décider de mesures d’urgence. Pas sûr que cela soit suffisant pour déclencher une prise de conscience collective dans le continent
Ça
suffit! combien de morts encore dans ce cimetière appelé la mer
Méditerranée? Combien d'enfants, de femmes, de hommes, de rêves vont se
noyer encore avant que l'Union Européenne prenne en charge les réfugiés
et un plan d'urgence de secours dans les eaux méditerranéennes?
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