Maubeuge : Adam, 12 ans, secourt un homme en détresse dans la rue

Région > Maubeuge (France) et ses environs

PAR JULIEN CASTELLI, 24/4/2015

Il n’y a pas d’âge pour aider son prochain. Adam Hayfa, 12 ans, en a donné l’épatante illustration, vendredi. Comme un grand, ce collégien maubeugeois a secouru avec un remarquable sang-froid un homme qui venait de faire une crise d’épilepsie.

Les matins d’école, Adam parcourt à pied la distance qui sépare son domicile du collège Vauban. Vendredi, il est accompagné d’une copine quand un événement attire son attention : « Je marchais et d’un coup, j’ai vu une personne par terre. J’ai couru à toute vitesse pour voir ce qu’il se passait. C’était un monsieur qui faisait une crise d’épilepsie. Il bavait du sang et sa langue était au fond de sa gorge. Je l’ai mis en PLS pour ne pas qu’il l’avale. » Pour les non-initiés, « PLS », ça veut dire « position latérale de sécurité ». Si Adam connaît cette technique de secourisme, c’est parce qu’il l’a apprise à l’école quelques semaines plus tôt (lire ci-dessous). Lorsqu’il aperçoit ce monsieur en difficulté, le garçon effectue les premiers gestes salvateurs. Aidé d’une infirmière qui passait par là, il positionne l’homme sur le flanc. Un réflexe essentiel, explique, incrédule, son professeur d’éducation physique formé au secourisme, Éric Lamont : « Lorsque la victime est inconsciente, ce geste peut sauver une vie. »

Il sécurise aussi les lieux et appelle les secours

Âgé de 36 ans, l’homme était conscient lorsque les sapeurs-pompiers sont arrivés. Ils ont été prévenus par Adam : « J’ai demandé son téléphone à la dame qui était avec le monsieur. Elle ne pouvait pas appeler, car elle paniquait. » Il prend aussi soin de sécuriser les lieux : « J’ai demandé à une personne en voiture si elle avait le triangle, et si elle pouvait le mettre cent mètres plus loin », raconte calmement le héros, comme s’il faisait ça tous les jours.
Lorsque les sapeurs-pompiers transportent le trentenaire au centre hospitalier où il sera pris en charge, Adam peut sereinement reprendre le chemin de sa classe de cinquième : « Je me sentais fier de l’avoir aidé. » Même sentiment chez son père : « C’est bien qu’il soit altruiste, se réjouit Mohamed Hayfa. Aller vers les autres, c’est dans la nature d’Adam. »
Sur son temps libre, il suit une formation de quatre heures par semaine à la caserne de Maubeuge, avec l’Association des jeunes pompiers volontaires. Alain Couvreur, capitaine de la caserne, lui a transmis ses félicitations : « Il a eu le bon réflexe. Laisser quelqu’un sur le dos après ce type d’accident, ce n’est jamais le bon plan. » Christine Gerardin, principale du collège Vauban, souhaite en faire un exemple auprès de ses camarades de classe : « Adam sera mis à l’honneur en fin d’année scolaire. Il aura un beau cadeau. »
Quand il sera en âge de travailler, Adam se verrait bien gendarme et sapeur-pompier volontaire. Les deux à la fois : « Je voudrais aider les gens. » Il sait comment faire, maintenant.

Des gestes enseignés au collège

Adam Hayfa est l’un des onze élèves d’une section sportive peu commune, relancée en septembre au collège Vauban. Elle se focalise sur l’hygiène et la sécurité. Trois heures par semaine, deux professeurs d’EPS apprennent à ces collégiens de cinquième à organiser une manifestation sportive, mettre en place un protocole d’évacuation en cas d’incendie et maîtriser les gestes de premiers secours. La natation, l’athlétisme ou le grimper de corde leur sont inculqués, des disciplines sportives bien connues des apprentis sapeurs-pompiers. La première année de ce cursus a lieu à l’école, les deux autres se poursuivent à la caserne.

Si Adam a pu intervenir si efficacement vendredi dans la rue, c’est parce qu’il a été confronté au cours de sa formation à des simulations qui reproduisent ce type de situations critiques : « On a investi pour 7 000 € de matériel de secourisme. Des mannequins, des fausses plaies, du faux sang... », montre Éric Lamont, qui dispose également d’un grand gymnase dans ce collège HQE rénové en 2010.
Le professeur décrit Adam comme un élève « très sportif à la base, motivé, à l’écoute et dynamique ». « Après son sauvetage, il m’a dit des mots qui m’ont impressionnée, rapporte Christine Gerardin, la principale. C’était : Je me suis senti prêt, je savais que je pouvais le faire. »
Le 12 mai, il recevra son diplôme PSC1 (prévention et secours physiques de niveau 1). Éric Lamont se remémore l’objectif qu’il avait fixé sérieusement à ses élèves en début d’année : « C’était de sauver la vie des gens. » J. CA.

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