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jeudi 29 janvier 2015

Les prétendus détournements de l’assistance humanitaire accordée aux réfugiés sahraouis.

Point de vue : C’est un refrain malsain

Tristes  manœuvres marocaines de bas étage...

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Saïd Ayachi,El Watan,  28/1/2015

Une responsable au niveau de la Commission européenne concernée par les affaires humanitaires, probablement induite en erreur par des collaborateurs mal intentionnés, vient de faire des déclarations sur de prétendus détournements importants de l’assistance humanitaire accordée aux réfugiés sahraouis. Elle base ses assertions sur un rapport vieux de 8 ans, qui a été démenti, arguments à l’appui, et donc déjà rejeté à son époque, mais que l’on vient de déterrer pour la circonstance.
Ces fausses accusations sont récurrentes depuis au moins deux décennies, et sont le résultat d’un travail de sape que réalise le Maroc par l’intermédiaire de fonctionnaires européens embusqués dans les appareils de la Commission européenne, et recrutés par les «diplomates» marocains, avec l’objectif de priver les réfugiés sahraouis de toute assistance humanitaire, ou pour le moins, la ramener à son plus bas niveau possible.
Et cela dans un but évident : affamer ces mêmes réfugiés sahraouis afin de les pousser à la rébellion contre leurs propres dirigeants, qui seront alors contraints de s’occuper à régler en priorité ce problème existentiel, et les détourner ainsi de leur mission politique de faire aboutir les revendications justes et légitimes du peuple sahraoui.
Mais alors, pourquoi l’Union européenne se prête-t-elle à ce jeu ignoble et dangereux ? N’a-t-elle pas comme première condition dans sa charte d’association avec les pays postulants d’exiger de ceux-ci d’abord et avant tout le respect des droits de l’homme (DH) ? Or, dès 2006, puis en 2009 et 2013 des rapports officiels de missions déléguées par le Parlement européen ont établi, sans aucun doute possible, des violations massives et répétées des droits de l’homme par le Maroc à l’encontre de la population sahraouie au Sahara occidental.
Cela en plus de tous les autres rapports qui concluent au même résultat : le Maroc viole les droits de l’homme, de façon caractérisée, dans les territoires occupés du Sahara occidental (Amnesty International, Human Rights Watch, Frontline, Fondation Kennedy, département d’Etat américain, multiples missions de juristes internationaux, nombreuses observations d’ONG internationales…).

Non seulement le Maroc n’a pas été sanctionné pour ces manquements graves dans le domaine des DH, mais, prime au crime, il bénéficie du statut avancé en tant que partenaire de l’Union européenne ! Et aujourd’hui (comme de nombreuses autres années passées), on accuse les responsables sahraouis de détournement de dons humanitaires, sans produire aucune preuve irréfutable.
Cela est impossible pour la simple raison que les dons sont reçus et enregistrés à Oran, transportés à Tindouf avec les documents appropriés, entreposés dans les magasins du Croissant-Rouge sahraoui sous le contrôle des ONG étrangères européennes représentant ECHO (Extended Care Health Option) et des agences spécialisées de l’ONU (HCR et PAM) pour être enfin distribués aux bénéficiaires selon un monitoring clair et vérifiable à tout moment.
On ne peut exclure un certain pourcentage de déperdition dû aux manœuvres de manutention. Comme on peut admettre, ainsi qu’il en est fait universellement, que certaines familles vendent une modeste partie de leur quota afin d’acquérir des produits prioritaires que dicte leur situation familiale du moment : médicaments, trousseaux scolaires, frais de transport, etc. Mais cette pratique, connue et admise à travers le monde chez tous les réfugiés, reste marginale et exceptionnelle. Il est d’ailleurs intéressant de noter que les rapports annuels du PAM ont, par le passé, signalé que le taux de déperdition des denrées alimentaires chez les réfugiés sahraouis est l’un des plus bas du monde et que, de l’avis du HCR, les camps de réfugiés sahraouis sont les mieux organisés du monde.
Alors que cache cette énième menace de la Commission européenne et de sa division ECHO à l’encontre des réfugiés sahraouis ?
C’est un refrain malsain que nous entendons chaque début d’année, afin d’opérer une revue à la baisse de l’enveloppe dédiée aux réfugiés sahraouis, décision que rien ne peut justifier, sauf à l’expliquer par des manœuvres marocaines de bas étage, facilitées par des complicités inacceptables.
A chaque fois, on aurait connu la situation du pire, n’était des responsables européens sages qui savent raison garder. Et c’est ainsi que, déclarant se baser sur de nobles sentiments et s’organisant pour mener des opérations d’assistance, on verse, à force de pressions et de manipulations intolérables, dans des contrevérités honteuses et un abominable chantage humanitaire portant atteinte à la dignité des personnes que l’on est censé secourir. C’est pour ce droit à la dignité que combattent les Sahraouis, et que, pour rien au monde, il n’y à y déroger.
Saïd Ayachi

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