Le régime se prépare à faire face à  l’éventualité d’un embrasement généralisé. 

 Il y a une volonté délibérée d’affrontement avec une volonté de tester les capacités d’intervention des forces de l’ordre entièrement rééquipées et formatées pour faire face aux « mouvements sociaux ». Tant le matériel utilisé que les tactiques d’intervention montrent que le régime a bien travaillé pendant nos manifestations «silmia» du dimanche. 
Il s’est doté d’un commandement unifié et mobile capable de coordonner dans les conditions les plus diverses l’action répressive : dans les périphéries des villes sur la question du logement, au cœur des grandes villes contre les manifestations syndicales et les actions revendicatives, dans les régions plus enclavées. Mettre sous état de siège, expéditions punitives, répression de masse et ciblée, tactiques de harcèlement et de dispersion, combinaison des services sécuritaires et armées.  En réalité le pouvoir vise à court terme trois objectifs :
- En imposant des arrestations de masses et de lourdes condamnations, il vise à la fois à décourager les résistances en montrant que le prix à payer est très lourd mais aussi à reconfigurer les objectifs de lutte en imposant une lutte de longue durée pour la libération des détenus en espérant que cette lutte ne regroupe que les éléments les plus déterminés et ne prenne pas un caractère de masse.
- Éviter les risques d’explosions populaires même localisées qui peuvent avoir un effet de contagion non maitrisé surtout dans les régions qui ont été marquées par une longue marginalisation ou qui ont fait preuve par le passé d’une grande combativité (le Rif par exemple).
- Affaiblir les équipes militantes, démanteler les mouvements sociaux combatifs, décourager la participation populaire. Il s’agit en réalité à la fois d’affaiblir les « cadres » organisés mais aussi de faire face aux luttes spontanées ou semi spontanées et de tuer dans l’œuf la combativité émergente et les possibilités de jonctions entre les courants militants radicaux et les résistances populaires.
Le pouvoir a adopté une stratégie de harcèlement continue visant à nous mettre sur la défensive. 

C’est le défi qui nous est posé. Mais l’erreur serait d’avoir une lecture statique du tournant répressif. De ne pas voir son caractère durable et global.  Le pouvoir sait que sa légitimité est devenue fragile au-delà des apparences immédiates. Il sait que le feu couve partout, ne s’éteint pas, se propage dans un embrasement lent. Même si l’incendie n’est pas encore déclaré, il se prépare à l’affrontement global. 

La loi sur l’impunité des militaires ne signifie rien d’autre que le droit de réprimer dans le sang pour sauver le trône. L’augmentation du budget d’armement, le renouvellement des contrats militaires, le renouvellement de l’équipement des forces de l’ordre en matériel répressif de tout ordre, les contrats tacites signés avec la Russie qui comme chacun le sait a soutenu et soutient jusqu’au bout les dictatures les plus sanguinaires, hier celle de Kadhafi aujourd’hui celle de Assad, le soutien accordé par les USA qui confirment le statut d’allié majeur hors Otan de l’Etat marocain,  l’appui de l’Etat français plus soucieux de la continuité des politiques néo-coloniales et de la défense des intérêts des multinationales que du sort du peuple marocain, tout cela indique que la machine de guerre du pouvoir se met en place. Et qu’il faudra y faire face. En réalité, nous sommes dans une situation mouvante où les bruits de bottes s’agitent devant « l’ennemi intérieur », où les balles de caoutchouc précédent les balles réelles. Exagéré ? Seulement pour ceux qui ont la mémoire courte et ne voient pas que le régime ne reculera devant rien pour se maintenir.
 http://badiltawri.wordpress.com/2012/08/20/maroc-ce-que-reprimer-veut-dire-3eme-partie/