Une délégation de l'AMDH, section de Mohammedia,
a rendu visite aux habitant-es du Douar Merja ,
et ce le mardi 5 avril 2011.
Compte-rendu succinct de cette visite, par Ali Fkir, 10/4/2011
A la sortie de Casablanca, route de Mohammedia, plus de 600 familles vivent dans des conditions insupportables.
- Le bidonville s'appelle Douar Merja (douar marécage), car il se trouve dans un véritable marécage (il ne manque que les crocodiles).
- En plus des eaux des pluies, les eaux d'une rivière qui ne trouve pas le chemin vers la mer; en plus des eaux usées, le marécage est alimenté parles eaux toxiques déversées sur le douar par les usines d'à côté.
-Pas d'eau courante, pas de WC, pas d'école, pas de dispensaire de santé, pas de sécurité, pas de ramassage d'ordures...La police ne vient que s'il y a des morts, ou si des gens comme vous passent par là". Ce sont les dires des victimes.
- Nous avons demandé aux citoyen-nes (sans droits de citoyenneté) "l'âge" du douar "Merja". Une femme âgée répond :"j'ai 60 ans ou bien 70 ans", je suis née ici. Les patrons français (les patrons: haj Mohamed, Jacob, Pierre...mêmes comportements pour maximiser les profits) avaient besoin de la main-d'œuvre bon marché, avaient installé des familles dans ce terrain marécageux à proximité des usines.
Avec l'indépendance, la situation s'est empirée. La "nouvelle ère" (qui date depuis 1999) n'a rien fait pour alléger les souffrances des ces gens.
- De quoi vivent ces gens? les femmes répondent (aujourd'hui à Casablanca et à Mohammedia, ce sont les femmes qui sont à l'avant-garde): le ramassage des moules à côté de la mer, et des "salaires" des filles qui travaillent dans les usines de textile. Elles sont payées combien? Elles répondent : autour de 5 dh l'heure (moins d'un demi euro l'heure).
- Ces habitant-es supportent malgré tout leur situation.
- Alors pourquoi sont-ils venus jusqu'à Mohammedia pour voir la section de l'AMDH ?
"On" veut les expulser de ces marécages sans alternative aucune.
Pourquoi? Le "terrain nu" (selon l'acte de vente) a été cédé par les "Brasseries du Maroc" (appartenant dans le temps à l'ONA, groupe royal, qui est de loin le plus puissant groupe économique privé du pays).
Qui a signé le contrat de vente? Chakib Benmoussa, ex ministre de l'intérieur (patron des "brasseries du Maroc" dans le temps) et nommé par dahir président du "Conseil économique et social" depuis début 2011
- Des centaines de familles vivent depuis plus de 50 ans dans ce coin, qui est vendu comme "terrain nu". C'est scandaleux! c'est du pur Kafka!
- Aujourd'hui on vient exiger de ces victimes de quitter les lieux au profit de l'acquéreur (une société d'investissement). Pour cette société, elle a acquis un terrain,vague, un terrain nu (les baraques et les centaines des gens qui les occupent sont invisibles!!!) et donc ces centaines de baraques ne sont là qu'après l'acquisition (qui ne date que de 8 ans). La réalité c'est que ces marécages sont habités depuis plus de 60 ans (les carnets d'état civil, les cartes nationales...le prouvent).
- Que demandent ces victimes de l'arbitraire? Rien que la justice
- Que demande l'AMDH (section de Mohammedia)? Rien que des logements décents pour ces victimes des politiques de l'État.
La solidarité avec les victimes des politiques de l'État nous interpelle
Photos prises le 5 avril 2011
Des centaines de personnes vivent au milieu des détritus...
....au milieu des eaux usées....
Les jeunes passent leur temps comme ils peuvent et là où ils peuvent.
Pas d'école, le chômage bat son record
...au milieu des eaux empoisonnantes déversés par les sociétés...
Aziza, la présidente de la section de l'AMDH, Moussa, vice-président, Abderrahmane, secrétaire général adjoint en visite au Douar Merja/Douar marécage (le mardi 5 avril 2011)
Les baraques autour de la mosquée (l'imam de "la maison de Dieu" est pris en charge par l'État, le dit État veille "consciencieusement" sur l'intégrité spirituelle des sujets).
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"En hiver on est inondé, on grelotte de froid.
En été on suffoque sous la chaleur, on devient des proies faciles pour les moustiques du marécage...,
A la veille des élections, les nantis et le makhzen deviennent gentils avec nous. Le prix d'une voix (de vote) varie de 200 dh (pour les simples votant-es), et des milliers de dh pour les rabatteurs, et surtout pour les rabatteuses."
Devant l'AMDH, les gens déballent toute la vérité.
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