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mardi 21 décembre 2010

Rencontre avec des professeurs sahraouis en Bourgogne : Un peuple pacifiste mais révolté !

par Émilie Petit, dijOnscOpe,  21/12/2010
Report du procès des sept militants sahraouis au 7 janvier 2010. Alors que le procès  s’est ouvert vendredi 17 décembre 2010 au Maroc pour "atteinte à la sécurité de l’Etat", dijOnscOpe s'en est allé rencontrer cinq professeurs de français sahraouis, de passage à l’université de Bourgogne. Grâce à l’association AGIRabcd Bourgogne, ils ont pu s’évader de leur quotidien, l’espace de quelques jours. Désigné par ses camarades, Fadel Aami s’est prêté à l’exercice du question-réponse...
Les Sahraouis : un peuple pacifiste mais révolté !
Voilà plus de 35 ans que les Sahraouis, habitants du Sahara Occidental, se battent pour leur liberté. Libérés de l’occupation espagnole en 1975, pour être aussitôt occupés par le régime marocain, les Sahraouis sont aujourd’hui dispatchés entre leurs propres terres, dont les soldats marocains sont les seuls ordonnateurs, et les camps de fortunes implantés en Algérie, camps de réfugiés en sureffectif dont les conditions de vie sont de plus en plus insalubres...
Fadel Aami, bonjour. Cela fait 15 jours que vous avez quitté votre pays. Quel est votre ressenti par rapport à la France, et à la Bourgogne ?
"Pour nous, la Bourgogne, c’est un beau paysage, surtout avec la neige. C’est la première fois que nous voyons ça. Il fait très froid mais les gens sont très accueillants. Il fait 40°C là où nous vivons. Ici, il fait entre -7 °et -8°C. Ça fait un grand changement et c’est difficile de s’adapter, mais nous n’avons pas attrapé froid ! On pensait que le français était une langue très difficile mais à travers notre contact avec les Français, on s’est rendu compte qu’en fait, c’est assez simple. On a appris beaucoup sur la pédagogie, le tout sur une période très courte. Nous apprenons le français dans nos écoles, mais le niveau là-bas reste très bas.
En ce moment-même se tient le procès des sept militants pacifistes sahraouis au Maroc. Quel est votre sentiment ?
Lors de la présence des Nations Unies et de la Société civile, les Sahraouis ont décidé de se révolter pacifiquement pour leurs droits. Mais lorsqu’ils ont manifesté pacifiquement leur mécontentement aux colons marocains, la réponse qui leur a été donnée a été désastreuse, catastrophique. Il y a eu de multiples arrestations là-bas, au Maroc, ainsi que dans les camps de réfugiés, notamment à Tindouf et à Lâayoun (Algérie). Il y a même eu des disparitions et des morts. La société civile mondiale a donc fait une demande d’aide en faveur des Sahraouis. Il y a actuellement un cessez-le-feu et les Nations Unies sont très présentes. C’est dommage que lors du dernier Conseil de sécurité, la France ait annoncé son opposition à la présence d’ONG sur le territoire sahraoui...
L’ONU reconnaît désormais (le droit à ndlr) l’autodétermination du peuple sahraoui. Considérez-vous cela comme une avancée en faveur de la liberté ?
C’est effectivement une avancée. Mais nous attendions surtout un référendum, qui devait être mis en place par le monarque marocain Hassan II. Mais son fils Mohammed VI n’a pas voulu avancer dans ce projet. Aujourd’hui, des discussions sont engagées entre Polisario [ndlr : le Front Polisario, mouvement politique et armé du Sahara occidental créé en 1973], et le régime marocain, sous l’autorité des Nations Unies, pour faire accepter ce référendum aux Marocains (En savoir plus avec Djazairess.com ici). Les Algériens, de leurs côtés, nous aident comme ils aident les Palestiniens ou d’autres peuples.
S’agit-il avant tout d’un conflit politique ?
Lorsque les Sahraouis se sont révoltés contre l’occupation espagnol, les Marocains ne les ont pas aidés. Ils ont ensuite partagé notre territoire avec la Mauritanie, qui s’est sagement retirée. Ainsi, les Marocains ont pu récupérer la partie qu’ils leur avaient cédée. Mais si les Marocains décident que les terres sahraouies sont pour eux, pourquoi la partagent-ils avec les Mauritaniens ? Je trouve ça contradictoire. Mais c’est clair qu’il s’agit d’une volonté d’expansionnisme de la part des Marocains, tout simplement. Ce que nous voulons, c’est que les Marocains laissent les Sahraouis dire ce qu’ils veulent, ce qu’ils sont, et s'ils veulent être Marocains ou non.
Vous vivez actuellement dans un camp de réfugiés en Algérie. Pour vous, comment se passe le quotidien ?
Il y a actuellement un quart du Sahara libéré grâce au cessez-le-feu. Il y a un nombre important de Sahraouis qui ont trouvé refuge dans des camps en Algérie. A Tindouf, entre autre, la vie quotidienne est une vie tellement difficile... Les conditions et les moyens de vie sont très compliqués, mais les Sahraouis ont décidé de rester, de faire un sacrifice pour leur liberté. C’est leur destinée. Maintenant, ils attendent le soutien des autres peuples. Mais d’après moi, les autres peuples sont trop passifs car ils ont laissé les Sahraouis sous l’occupation depuis trop longtemps... Par exemple, le Koweït a été envahi par l’Irak. Tout le monde est venu voir le Koweït parce que le Koweït est riche. Mais la liberté ne doit pas voir le riche ou le pauvre, le petit ou le grand. La liberté, c’est pour tout le monde. Nous aussi, nous avons le droit d’être libres.
Certains Sahraouis vivent encore dans la partie occupée par le Maroc. Avez-vous des contacts avec eux ?
Il y a un programme des Nations Unies qui permet de faire des visites d’un camp à l’autre, en passant par le commissariat des réfugiés, entre les membres d’une même famille. Mais cela ne fonctionne pas à chaque fois car, de temps en temps, les Marocains stoppent ce programme. Moi, il m’a fallu 30 ans pour voir mon frère. J’ai laissé mes cousins et mes oncles là-bas. Il nous a fallu attendre un long moment. Maintenant qu’il y a le programme, on se rencontre de temps en temps. Mais il y a plusieurs murs de défense minés, qui ont été construits par les Marocains autour du Sahara occidental. Et les 160.000 soldats qui occupent le Sahara ne nous laissent pas nous retrouver. Dans les camps de réfugiés, nous sommes plus de 150.000 Sahraouis. L’année dernière, lorsqu’il y a eu le cessez-le-feu, nous avons cru à une possible réhabilitation. Mais ce chiffre augmente continuellement. Les conditions de vie sont donc de plus en plus difficiles d’un point de vue social mais également nutritif.
Voilà un conflit qui dure depuis plus de 35 ans. Pour vous, ce référendum serait-il LA solution ?
Le référendum doit apporter une solution pour tout le monde, sans vainqueurs ni vaincus. C’est un système qui a résolu le problème du Soudan. Mais alors que les Nations Unies reconnaissent l’autodétermination du peuple sahraoui, les Marocains disent que c’est à eux qu’il revient de donner l’autonomie aux Sahraouis. Mais nous ne voulons pas que les Marocains s’en mêlent une fois de plus ! Il ne faut pas oublier ce petit peuple. Il est petit mais quand même, il aime la liberté. Et il se révolte pour ça."
A lire sur dijOnscOpe :
Communiqué de presse l Sahara occidental / Iran nucléaire / Chrétiens d'Irak... Le ministère des Affaires étrangères s'exprime (10/11/2010)
France Bleu Bourgogne dans la Revue du web l Ces retraités qui s'activent (08/01/2010)
TF1.fr dans la Revue du web l La pasionnaria du Sahara occidental en grève de la faim (16/12/2009)

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