Deux chercheurs du CNRS, spécialistes des bonnes gens fortunés, publient un ouvrage assassin sur Nicolas Sarkozy. Le Président des riches dépeint un homme d’État outrageusement attiré par le fric et le bling-bling.
Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon sont sociologues et espiègles, cette dernière qualité étant peu contagieuse chez les disciples de Durkheim. Plutôt, comme Bourdieu, qu’observer la misère du monde depuis le bas du caniveau, ils ont décidé de voir la pauvreté du point de vue des riches. Depuis vingt-cinq ans, ce couple vit comme une taupe dans le gotha, comme Marx déjeunant chez Rothschild.
Régulièrement, les observations savantes de ces deux originaux produisent un livre. Les Ghettos du gotha est un bel exemple de trahison. Car les Pinçon-Charlot sont des agents doubles. Ils bernent les riches, s’essuient les pieds sur leurs tapis d’Aubusson, partagent avec eux le homard, puis, serpents réchauffés dans le sein des marquises, viennent nous décortiquer minutieusement l’or de la parfaite mécanique. Celle qui fait que les riches sont de plus en plus puissants et, par rebond, les pauvres de plus en plus négligeables.
Poignard en papier

On finit toujours par avoir des soucis par où l’on a péché. Pour notre Président, la maladie dévorante est sa passion pour l’argent. Le constat des Pinçon est impitoyable et montre parfaitement que, aux yeux de Nicolas Sarkozy, tous les Français sont égaux. Surtout ceux qui sont riches. Les auteurs citent une phrase du locataire de l’Élysée remettant la Légion d’honneur à Stéphane Richard, actuel patron de France Télécom : « Stéphane, t’es riche, t’as une belle maison, t’as fait fortune… Peut-être, plus tard, y parviendrai-je moi-même… C’est la France que j’aime ! » Perfides, les Pinçon signalent que ce Richard-là, dont le dernier maître est Sarkozy, était naguère « le conseiller de Dominique Strauss- Kahn ».
Leur livre est parfois un aigle à deux têtes. Mine de rien, DSK est toujours présenté, dans ces pages, comme étant, dans le monde rêvé des riches, la parfaite alternative à Sarko. Ces vilains cocos nous signalent, coup de pied de l’âne, que « Pierre Bérégovoy reste le ministre des Finances préféré des banquiers » ! Au prétexte qu’il a « dérégulé les marchés » et ouvert la porte à la mondialisation. Désabusés, les Pinçon auraient-ils fréquenté trop de riches socialistes ?

Essai jubilatoire
De ce bouquin jubilatoire, qui nous annonce que les vrais riches « en ont assez de Sarko », je ne livre que les extravagances d’une idéologie berlusconienne. Mais, méthodiquement, les sérieux Pinçon font bien sûr le décompte des lois, mesures et discours scélérats, ce qui conduit les uns au bouclier fiscal, les autres au RSA. Ils nous donnent enfin un conseil : « Nous serrer les coudes comme le font les riches » ! Si les Pinçon sonnent à votre porte, n’ouvrez pas.
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