par FG, Basta!
Les 3 jours de grèves et de manifestations - évidemment qualifiées d'émeutes - qui ont frappé Maputo, la capitale du Mozambique, sont une leçon qui mérite d'être méditée.
Les 3 jours de grèves et de manifestations - évidemment qualifiées d'émeutes - qui ont frappé Maputo, la capitale du Mozambique, sont une leçon qui mérite d'être méditée.
Photo Antonio Klaus |
13 morts, 400 blessés par balles, 300 arrêtés : c'est le côté attristant du bilan de la répression de la révolte.Le côté réjouissant, c'est que les augmentations de prix des produits de première nécessité, à commencer par le pain - dont l'annonce avait déclenché la révolte - viennent d'être annulées par le gouvernement du président Armando Guebuza, réélu en octobre 2009 avec le slogan : "Avec Guebuza, nous vaincrons la pauvreté". Une chose est sûre : l'ancien combattant du FRELIMO a vaincu SA pauvreté, puisqu'il est aujourd'hui l'un des hommes les plus riches du Mozambique.
Il n'a fait que poursuivre sur la lancée de son prédécesseur Chissano, vendant les richesses du pays - ses terres, son sous-sol - au plus offrant et encaissant de substantielles commissions au passage. Les derniers acheteurs en lice sont le Brésil et la Chine, qui vont "investir" des milliards de dollars dans le pays, riche en pétrole, en gaz et en titane.
Les révoltés sur lesquels l'armée et la police ont tiré à balles réelles, une fois épuisées leurs réserves de balles en caoutchouc, étaient pour la plupart des jeunes précaires, actifs dans le secteur informel, du quartier de Bagamoyo et des autres quartiers populaires. Ils ont organisé et coordonné leurs manifs grâce à leurs téléphones portables. Le portable est désormais la nouvelle arme du pauvre dans les grandes villes d'Afrique et d'ailleurs.
Le Mozambique est dépendant de l'Afrique du Sud, d'où sont importés les produits alimentaires. Les augmentations de prix décidées puis annulées étaient provoquées par la dépréciation de la monnaie mozambicaine par rapport au Rand sud-africain.Plus généralement, à l'échelle internationale, les prix des céréales sont en train d'augmenter vertigineusement, suite à deux catastrophes très peu naturelles : les incendies en Russie (conséquence directe de la privatisation de celles-ci) et les inondations au Pakistan. Le président Poutine a décrété l'embargo sur les exportations de céréales russes. Les inondations dans la vallée de l'Indus au Pakistan ont détruit la récolte de riz. D'où une augmentation des prix. Des protestations avaient déjà eu lieu en Égypte. En Chine, le gouvernement a menacé de représailles les commerçants qui profiteraient de la situation pour faire décoller leurs prix de vente.
Queue pour le pain à Maputo
Le Mozambique n'est pas pauvre, c'est son peuple qui l'est. Le gouvernement a annoncé qu'il maintiendrait le prix de pain à son niveau précédent par des subventions. Il en a les moyens, il lui suffit de puiser dans les royalties du pétrole et de diminuer les dépenses faramineuses engagées pour l'équipement militaire.
Tout gouvernement capable d'un minimum de réflexion et de prévision devrait le savoir : le meilleur moyen de déclencher des émeutes, c'est d'annoncer une augmentation du prix du pain, et cela on le sait depuis l'Antiquité romaine.
Tout gouvernement capable d'un minimum de réflexion et de prévision devrait le savoir : le meilleur moyen de déclencher des émeutes, c'est d'annoncer une augmentation du prix du pain, et cela on le sait depuis l'Antiquité romaine.
Les "camarades" du FRELIMO auraient pu faire l'économie de cette effusion de sang en décidant tout simplement d'augmenter les subventions à la production et à la commercialisation du pain.
Plus largement, ils devraient réfléchir aux moyens d'assurer la souveraineté alimentaire du pays. Pour cela, ils devraient cesser de brader les terres aux marchands mondialisés et mettre en route un programme de réactivation de l'agriculture paysanne vivrière. Sinon, ils ne feront que creuser leur propre tombe.
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