A Paris, ils étaient 12.000 manifestants, selon la police, 50.000 d'après les organisateurs à défiler, notamment contre les mesures anti-Roms du gouvernement. Le ministre Hortefeux minimise.
Les communistes Pierre Laurent et Marie-George Buffet, Danièle Mitterrand et le leader du Parti de gauche Jean-Luc Mélenchon à la manifestation contre les expulsions de Roms, à Paris, samedi (© AFP Jacques Demarthon)
Plusieurs milliers de manifestants ont défilé, ce samedi, en France et en Europe contre la politique sécuritaire du gouvernement jugée «xénophobe» notamment à l'égard des Roms, à l'appel d'associations, syndicats et partis de gauche.
... «Que quelques dizaines de milliers de personnes», a tenté de minimiser le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, ce qui devrait constituer, selon lui, «une déception» pour leur organisateurs.
La mobilisation a été lancée en chanson, dans la matinée, par des artistes, parmi lesquels les chanteuses Jane Birkin, Jeanne Cherhal et la cinéaste Agnès Jaoui, venus interpréter «Les Petits Papiers», célèbre chanson de Serge Gainsbourg, sous les fenêtres du ministre de l'Immigration Eric Besson. «On fait des boucs émissaires, sans-papiers ou Roms, qui peuvent être expulsées contrairement à moi, qui suis également étrangère», s'est indignée Jane Birkin.
Une délégation - Régine, Birkin, l'écrivain Dan Franck, l'ancien résistant Stéphane Hessel - a ensuite été reçue par le cabinet de Besson. «C'était une discussion de sourds», a rapporté à l'AFP Richard Moyon (RESF).
«Une journée de combat contre le racisme»
Ces manifestants ont alors rejoint le cortège parisien, ouvert symboliquement, par les familles roms de Choisy-le-Roi (Val-de-Marne), dont le campement a été rasé le 12 août.
De nombreux responsables d'associations (LDH, Emmaüs, Dal, Attac, le Mrap, etc.), de syndicats (la CGT, la CFDT, FSU) et de partis politiques de gauche marchaient au coude à coude sur des airs de musique tsiganes. Parmi eux: Marie-George Buffet (PCF), Jean-Luc Mélenchon (parti de Gauche), Cécile Dufflot (les Verts), Danielle Mitterrand, Bernard Thibault (CGT), Jean-Paul Huchon (président PS de la région Ile-de-France), Olivier Besancenot (NPA).
«Je ne partage pas tous les points de vue portés par certaines organisations, mais je suis ici en tant que républicaine. Je trouve que les projets concernant la déchéance de nationalité sont gravissimes. En ce qui concerne les Roms, je considère que, là où il y a de l’illégalité, la loi doit être appliquée. Mais on rencontre forcément quelques difficultés à exiger des autres de suivre la loi, quand les autorités elles-mêmes ne la respectent pas très strictement», dit l’eurodéputée (Cap 21) Corinne Lepage.
Les députés Arnaud Montebourg et Jean-Christophe Cambadélis ainsi que Christophe Borgel, secrétaire national du PS, étaient en tête de la délégation du Parti socialiste. «C'est pour moi une journée de combat contre le racisme et la xénophobie», a expliqué à l'AFP le maire de Paris Bertrand Delanoë: «Il faut se battre contre tout ce qui divise la société.»
Le secrétaire national de l'UMP chargé de la sécurité Eric Ciotti a, au contraire, estimé que ces manifestations traduisaient «une complaisance coupable à l'égard de ceux qui bafouent les lois de la République» et a fustigé la participation du PS.
«Hortefeux, tu nous les Brice»
D'autres cortèges étaient prévus dans quelque 130 villes en France.
Bordeaux a ouvert le bal samedi matin (3.500 manifestants selon les organisateurs, 1.200 selon la police) avec une large banderole indiquant: «Halte au racisme, liberté, égalité, fraternité en danger». Aux côtés de syndicalistes marchaient des gens du voyage, dont certains venus de Mont-de-Marsan (Landes). «Nous protestons contre cette chasse à l'homme qui assimile les gens du voyage à des bandits de grands chemins», a souligné à l'AFP Ange Loustalot, responsable d'une association régionale de tsiganes.
Si Marie Bové, conseillère régionale Europe écologie (EE) était de ce cortège, son père José Bové, député européen EE était de celui de Montpellier (entre 500 et 1.000 selon les comptages). Sur la place de la Comédie, les pancartes faisaient assaut de jeux de mots: «Hortefeux, tu nous les Brice», «Tous les chemins mènent aux Roms», «Sarkozy = délinquants d'origine étrangère», «Besson: PS hier, UMP aujourd'hui, FN demain».
A Lyon, les manifestants étaient entre 4.500 selon la police et 7.500 selon les organisateurs.
A Toulouse (© AFP Pascal Pavani)
A Toulouse, entre 1.000 et 3.000 personnes défilaient derrière des slogans tels que «Auvergnat, Maghrébins, nous somme citoyens». D'autres cortèges ont été recensés à Perpignan (entre 400 et 800 personnes), Rodez (200), Auch (300 à 400 personnes), Agen (350), Mantes-la Jolie (100).
Des rassemblements ont également eu lieu devant des ambassades françaises de plusieurs pays de l'Union européenne. A Londres, une vingtaine de personnes ont brandi des pancartes à l'effigie de Sarkozy barrées du commentaire: «Derrière le sourire, la culpabilité». A Bruxelles, une centaine de personnes dont des Roms portaient des banderoles disant «Sarkozy: Voulez-vous acheter un Rom? 300 euros l'adulte, 100 euros l'enfant», en référence aux montants de «l'aide au retour». En Espagne, à Madrid et Barcelone, de petits comités ont lu une lettre qui sera envoyée à l'ambassadeur de France pour demander le respect des droits de l'Homme.
(Source AFP)
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