Par Clémentine Hillairet, Telquel, juillet 2010
Seul journaliste à avoir couvert les émeutes populaires de la région de Gasfa, le journaliste a été accusé par les autorités de faire partie d’un “groupe criminel”.Un reportage sur des émeutes populaires a conduit
le journaliste Fahem Boukadous en prison. Un cas malheureusement pas isolé dans un pays où les médias publics et privés sont contrôlés par l’Etat.
“Il va en prison comme il s’en va-t-en guerre”, écrit Taoufik Ben Brik à propos de Fahem Boukadous. Sans se connaître réellement, ces deux-là ont énormément en commun. Ils ont tous deux été arrêtés par les autorités tunisiennes et emprisonnés. Leur unique tort : celui d’êtrejournalistes.

On ne badine pas avec le pouvoir
L’histoire remonte à 2008. A l’époque, Fahem Boukadous, journaliste indépendant pour la chaîne satellitaire Al-Hiwar Ettounsi, filme les manifestations populaires dans la région de Gasfa, une région fortement marquée par le chômage. La Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG) vient de publier les résultats d’un concours d’embauche. La population, jugeant ces résultats frauduleux, se soulève contre l’absence de travail et la corruption. Bref, contre l’Etat tunisien. La répression est sanglante, trois jeunes manifestants sont tués. Fahem Boukadous est le seul journaliste à couvrir les événements. Ses reportages sont diffusés à l’étranger et sur les sites de partage Youtube et Dailymotion, censurés en Tunisie.
Pour les autorités tunisiennes, Fahem Boukadous ne serait pas un journaliste mais ferait partie d’ “un groupe criminel ayant endommagé des bâtiments publics et privés” et causé des “blessures sérieuses à des officiers”. A la fin de l’année, “le procès des 38” manifestants accusés est ouvert. Parmi eux, 33 sont condamnés pour “entente criminelle en vue de commettre des attentats contre les personnes et les biens, et rébellion armée commise par plus de dix personnes”. Boukadous est quant à lui condamné en première instance à six ans de prison. Après de nombreux appels et reports de procès, il a donc récemment écopé de quatre ans fermes.
Jugements en série


Les ONG, quant à elles, s’insurgent contre ce régime liberticide, à l’instar d’Amnesty International qui vient de publier un rapport au vitriol. Intitulé Des voix indépendantes réduites au silence, il dénonce la dangerosité du pays pour les défenseurs des droits de l'Homme.
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