La population de la ville de BEN GUERDANE (située dans l’extrême Sud Est tunisien, à 30 km de la Lybie)), est depuis plusieurs jours victime de la répression sauvage qui lui est infligée par le régime tunisien en raison de son refus de se soumettre à la décision arbitraire de fermeture du seul point de passage marchand entre la Tunisie et la Libye, dit RAS JEDIR.
Cette ville, comme tant bien d’autres du Sud tunisien, est complètement « oubliée » par l’État tunisien, et ne survit que grâce au commerce « parallèle » toléré par les deux états voisins. En effet, des dizaines de milliers de familles de BEN GUERDANE (et des centaines de milliers dans tout le Sud tunisien) doivent leur unique source de revenu à la vente de marchandises et de denrées alimentaires provenant de Libye et dont les prix sont nettement moins chers que ceux du marché officiel tunisien.
C’est ainsi que les « marchés de Libye » sont nés (en particulier consécutivement à l’imposition du blocus économique sur la Libye…) un peu partout dans le Sud tunisien, faisant le bonheur des populations déshéritées, et garantissant des postes d’emploi aux « chômeurs déguisés ».
La décision arbitraire portant sur la fermeture du point de passage de RAS JEDIR, après plus de 20 ans d’existence de ce commerce toléré, semble être l’œuvre des « rapaces » parmi les membres des « familles régnantes », et ceux gravitant autour d’eux, qui (à l’image des Yakusa et autres Triades) ont décidé d’étendre leur pouvoir « occulte » à ce secteur vivotant de l’économie tunisienne, en le condamnant purement et simplement, pour leur libérer un marché supplémentaire…
C’est dans ce contexte que des manifestations pacifiques ont été organisées par les habitants de la ville, mais l’intervention brutale de la police, renforcée par de nombreuses unités dépêchés des villes voisines, a provoqué des affrontements violents avec les manifestants.
Selon des témoins sur place l’intervention des forces de police a occasionné plusieurs blessés parmi les manifestants dans la ville de BEN GUERDANE, et des dizaines d’autres ont été arrêtés.
Ceci ne va pas sans nous rappeler la répression sauvage qui s’est abattue sur la région de Gafsa (elle aussi dans le Sud !) au cours du premier semestre 2008, les violences policières, la torture et les jugements iniques ayant atteint pour certains plus de 10 ans d’emprisonnement.
Le régime tunisien ne cesse de se targuer de ses mensongères prouesses économiques, démenties à chaque fois par les révoltes de régions entières, réprimées systématiquement dans le sang.
Le CRLDHT exprime son entier soutien aux populations de BEN GUERDANE ainsi qu’à toutes les familles victimes de l’arbitraire mafieux.
- Il s’associe à toutes les revendications légitimes de la population, à savoir la réouverture sans délai du point de passage considéré, et la création d’emplois durables dans toute la région.
- Il condamne vigoureusement le recours systématique à la répression sauvage contre les citoyens qui ne font qu’user de leur droit constitutionnel à manifester pacifiquement pour défendre leur dignité, piétinée par l’Etat et sa soldatesque, et leur source de revenus.
- Il condamne une fois de plus la politique économique du régime dictatorial qui, non content d’abandonner des centaines de milliers de familles sans emploi ni les moindres ressources, les empêche de se « débrouiller » pour garantir le minimum vital aux leurs.
- Il dénonce avec force la mainmise des « familles régnantes » sur l’économie nationale gangrénée par leurs pratiques mafieuses… bénéficiant d’une totale impunité et de l’accointance des autorités.
C.R.L.D.H.T
Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie, membre du Réseau Euro-méditerranéen des Droits de l’Homme
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